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Comme d’habitude chez Urban, très gros boulot éditorial qui justifie les tarifs parfois un peu chers. L’unité de la ligne graphique (tranches noires avec le logo de la série/personnage) plait beaucoup aux amateurs de comics. Il y a donc l’ensemble des superbes couvertures originales faites par le regretté Michael Turner, un textes introductif à la continuité et aux personnages DC (… pas suffisant malheureusement étant donnée la complexité du DCverse), la fiche technique de chaque fascicule, trois histoires annexes en fin d’album (très très old school, perso je passe mon chemin) et une grosse analyse de l’histoire par les auteurs eux-même. Chez DC ces documents complémentaires sont totalement indispensables pour tout lecteur non habitué. On aimerait parfois en avoir autant dans les intégrales de BD franco-belge.
La femme d’Extensiman a été atrocement assassinée. La famille de la Justice League est en deuil. Mais ce n’est que le début: un mystérieux tueur qui déjoue tous les systèmes de sécurité s’attaque aux proches des héros, mettant en péril leur identité secrète et leur intimité. Des failles apparaissent sur les méthodes des différents héros alors que la tension monte…
JL crise d’identité jouit dans l’univers des comics d’une très forte réputation et apparaît très favorablement lorsque l’on cherche les « 10 comics de super-héros qu’il faut avoir lu ». Très rapidement lorsque l’on commence la lecture on comprend que l’on a affaire à quelque chose de différent de la narration habituelle issue du Comics Code authority: le stress est apparent chez ces êtres tout puissants, il y a de vrais morts, du sang, les méchants sont torturés… Je connais assez mal l’univers DC hormis les albums Batman mais j’ai trouvé une proximité avec le pilier du comic adulte qu’est Watchmen. D’abord le style de dessin qui fait assez années 80-90 (Dave Gibbons, l’illustrateur de Watchmen oeuvre sur un épisode de la série). Il est dommage que l’on ne puisse lire cet album en N&B car Morales a une certaine technique, classique de l’illustration américaine, qui rappelle le travail de Gary Gianni. Les couleurs peu subtiles et très informatiques n’apportent en revanche rien au dessin qui s’intéresse quasi uniquement aux visages, assez torturés, ce qui est inhabituel pour une BD de super-héros; les arrières plans et décors sont tout a fait industriels et sans intérêt. Pour résumer l’illustrateur est bon mais la colorisation et le design très rétro et (franchement ridicule par moments) n’aident pas à entrer dans cet univers. Dommage.
Pour revenir au scénario et au traitement, on est dans de la pure enquête policière, avec interrogatoire, autopsie et jeu sur les ombres. Les comics DC (qui signifient, pour rappel, « Detective comics« ) nous ont habitué à des filatures impuissantes de serial killer, du Silence de Jeph Loeb et Jim Lee au Long Halloween du même Loeb et Tim Sale ou encore (et ben oui), Watchmen. Par contre j’ai ressenti la même difficulté que sur Kingdome Come avec l’univers et les personnages DC qui me sont pour la plupart inconnus et que les auteurs (pour accentuer l’effet fan) nomment par leur patronyme au lieu de leur nom de héros… Du coup on a beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire et comprendre qui parle (les fameuses narrations avec code couleur typiques des comics) avant le premier rebondissement. C’était la force de Watchmen que de recréer un panthéon de toute pièce en évitant de trier entre ses lecteurs familiers et les novices. L’univers DC demeure lui assez hermétique aux non-fans.
La seconde partie est plus aérée, linéaire, compréhensible et rehausse l’ensemble avec une chute totalement imprévisible. Le thème de la famille est central dans cet album et trouve des échos dans le Deuil de la famille (du cycle Snyder/Capullo sur le Dark Knight): quand les scénaristes osent des incidences radicales pour des personnages c’est toujours percutant. Du reste les auteurs mettent le focus sur des méchants et héros relativement mineurs; Superman, Batman, Wonder Woman ne font que des apparitions. Seul Flash occupe une position centrale en incarnant une certaine morale. Car ces évènements (c’est la deuxième force du récit) provoquent un véritable conflit interne à la JL quand aux méthodes (radicales?) à adopter face à des évènements extrêmes. Encore un fois c’est la rigueur morale des super-héros qui est questionnée. C’est intéressant mais on commence à en avoir l’habitude. Personnellement je préfère les histoires assumant justement une part sombre (depuis le Dark Knight de Miller au cycle de Snyder) des personnages. La face privée des héros est en revanche intéressants, notamment la relation de Robin avec son père.
Au final on a un comics plutôt haut du panier, avec un illustrateur classique mais qui mériterait que son travail soit mieux mis en valeur. La complexité inhérente aux histoires DC enchevêtrées et un design très daté empêchent ce comic d’être vraiment excellent et c’est dommage tant le traitement et les questionnements posés sont renouvellement plutôt le genre.
A lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/12/25/justice-league-crise-didentite/
Justice League une équipe de super-héros de l’univers DC constituée entre autre de Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern, Flash pour les plus connus et bien d’autres encore. C’est un peu le pendant des Avengers chez Marvel. J’en entends déjà certains dire « Encore des mecs en collants qui enfilent leur slips pas dessus… Ce n’est pas pour moi !!!! » Ce à quoi je réponds : c’est vrai y-a des mecs en collants, des supers pouvoirs… mais ce n’est pas le principal dans ce Crise d’identité !!!
Le principal étant le scénario !!! Et quel scénario !!! Du bon, du béton, du costaux… pas de la petite histoire bien gentille ou juste histoire de meubler, non !!! Un scénario qui tient la route, une intrigue haletante digne des meilleurs polar/thriller !!! L’histoire est fort simple au demeurant : un proche d’un membre de la Justice League est victime d’une grave agression. Cependant à partir de ce fait divers Brad Melltzer nous a concoctés un scénario des plus réussi !!! Comment vont réagir nos héros à cet événement ? Quelles conséquences cela va avoir sur leur vie et celle de leurs proches ? Comment vont-ils se comporter pour retrouver le ou les auteurs de cette lâche agression ?
Crise d’identité nous présente non pas des super héros glorieux, puissants et forts. Mais des hommes et des femmes, certes dotés de pouvoirs colossaux pour certains, en plein doute, fragile, humain… loin de l’image infaillible qu’ils véhiculent d’habitude. En effet, nos héros sont ici touchés dans ce qu’ils ont de plus cher : leurs proches !! Ces proches qui jusqu’à présent étaient protégés, car inconnu de leurs ennemis ou du grand public. Maintenant les conjoints, les pères, les enfants… de la Justice League sont leur talon d’Achille, la brèche qui fera voler en éclats leur amure…. Cela les conduira peut être même jusqu’à leur perte…. Vous le saurez en dégustant sans aucune modération ce Comics !!!!
Les dessins sont à la hauteur du scénario. Le seul petit bémol que j’ai ressenti à la lecture de Crise d’identité, c’est la couleur de fond verte et l’écriture blanche des bulles des pensées des personnages, voir la planche, qui n’est pas des plus facile à lire. Cependant, c’est une version informatique que j’ai lu, ce problème est peut être absent ou atténué si vous lisez la version papier de cet ouvrage.
Cerise sur le gâteau, Urban Comcis, a complété cette intégrale avec les épisodes 166 à 168 de la Justice League of America. Ces numéros remontant à 1979 ont influencés fortement le scénario imaginé pour ce Crise d’identité.
En résumé Crise d’identité est à lire absolument pour tous les amateurs de polar/thriller !!! Pour les allergiques aux super héros, vous auriez franchement tort de passer à coté de ce petit bijou !!