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L’appel constitue mon gros coup de cœur du moment. Cela m’a beaucoup touché car il est vrai que cela reprend un thème d’actualité qui fait froid dans le dos. On sait que nos jeunes veulent combattre les valeurs de notre société contre un tyran sanguinaire en Syrie que nous soutenons indirectement par notre inaction. Cela s’appelle faire le djihad.
Dans la plupart des cas, les parents tombent de haut lorsqu’ils apprennent que leurs chérubins ont rejoint le rang de l’Etat islamique. C’est souvent trop tard pour faire marche arrière. Ils partent en indiquant qu’ils vont faire du tourisme en Turquie et puis ils sont sur le théâtre des opérations avec une kalachnikov à la main si ce n’est pas un sabre pour couper les têtes des pauvres otages.
Cela fait peur car les parents ne voient rien venir. L’appel est tout l’histoire d’une mère célibataire qui essaie de comprendre le parcours de son fils et de le faire renoncer à distance. Il y a tout d’abord les fréquentations mais également les accidents de vie comme l’absence d’un père ou les bavures policières liées à la brutalité de ce corps plutôt raciste. J’apprécie tout particulièrement cette exploration pour aller au fond des choses et comprendre pourquoi on se détourne de la société actuelle et de ses valeurs. Il y a bien des exploiteurs de faille qui arrivent à laver le cerveau à des êtres fragiles en devenir. Cette maman qui va perdre son fils est totalement impuissante et anéantie. C’est une immersion assez terrible.
Le ras-le-bol sociétal ne doit jamais conduire à soutenir des gens qui nous détestent et qui détestent ce qu’on possède à savoir notre société de consommation ainsi que la démocratie. Au fond, ils envient nos libertés. Cette lecture peut permettre une déracalisation assez louable dans son principe afin de trouver une autre solution à la violence. Nul ne devrait donner sa vie pour une religion quel qu’elle soit.
Sujet on-ne-peut plus d'actualité.
À lire cet album, on comprend un peu mieux les tenants les aboutissants de la radicalisation chez les jeunes. Cet album montre et explique les causes de la radicalisation en exposant une foule de détails qui peuvent paraître insignifiants aux yeux de la majorité.
Au-delà de cette analyse, on s'attache aux personnages principaux tout au long de cette histoire. La narration est bien réalisée et se place au service de ce sujet dramatique.
Un bon album qui traite d'un sujet difficile avec un manque d'optimisme presque cruel mais qui a le mérite d'illustrer le quotidien des gens qui sont amenés à vivre ce genre de choses.
Fin août 2014. L’époque où Cécile reçoit cette vidéo dévastatrice. Dans laquelle elle apprend de la bouche de son unique fils qu’il est en Turquie, et pas en Ardèche pour faire du rafting comme il l’avait laissé croire. Non, après un discours froidement serein, Benoît laisse sous-entendre un départ imminent vers la Syrie.
Face à cette effroyable nouvelle, on comprend rapidement que c’est une mère courage qui se présente à nous. Même laissée dans l’expectative tout au long du récit, elle ne flanche pas, ne s’effondre pas. Son premier réflexe est d’aller trouver Sofiane, son ex-compagnon de six ans durant. Ce dernier la rassure et conforte certainement son idée première. Attendre. Il allait rappeler et elle pourrait le ramener à la raison et à la maison…
L’ un des intérêts majeurs de cette œuvre tient du fait qu’elle ne porte aucun jugement. Laurent Galandon maîtrise parfaitement son récit. À tel point que cette histoire imaginée nous semble être tellement probable. En utilisant des protagonistes issus de différents milieux sociaux, le scénariste démontre que cela peut arriver à n’importe qui. Il tient également à intégrer ces planches informatrices dont certaines laissent un goût vraiment amer.
Au dessin, Dominique Mermoux semble porté par l’histoire. Les niveaux de gris collent parfaitement à l’ambiance du récit. Les expressions faciales de chaque personnage sont très parlantes. Tout comme les nombreuses cases sans phylactères si éloquentes. On lui connaissait cette sobriété dont il se sert encore brillamment dans l’appel. N’oublions pas la couverture de ce one shot où le dessinateur traduit de belle manière ce côté oppressant jusqu’à la calligraphie du titre des plus évocatrices.
À la fin de cette œuvre, se dégage une multitude d’émotions. Sans qu’on puisse en mettre une en avant. Si ce n’est être comme Cécile et se battre à tout prix. être plus fort qu’un discours, par amour. Même si cela semble déjà trop tard. On ne naît pas terroriste, on le devient… Ce qui laisse, entre temps, une chance d’y échapper. Certes, Laurent Galandon n’offre pas clairement cet optimisme, mais au travers de son héroïne, il pousse le lecteur à réfléchir en ce sens.