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Tout ça, c'est la faute de @une_geek_de_plus... Elle m'a donné envie de commander un Gotting que je n'avais pas.
Je l’ai reçu ce matin. Je l’ai ouvert et je ne l’ai plus lâché.
Le pitch est génial et il est planté en 2 planches. Le lecteur est ferré, il est fichu.
Philip est un banal employé dans une agence d’assurances, voilà qu’il se prend pour un enquêteur, un détective privé. En même temps, les évènements sont troublants et ils s’enchaînent.. Philip n’en dort plus la nuit, il veut savoir… il va donc mener son enquête…
Le scénario de Götting est imparable… mais que dire de son travail graphique. Je vais perdre toute objectivité tellement j’aime… L’Amérique des années 60 est superbe, on se croirait chez Hopper mais on est chez Götting, le trait est gris, jaune, bleu, épais et consistant, c’est beau, doux, tranquille, un peu à l’opposé de la succession d’évènements. C’est surtout terriblement vivant et évocateur…
La fin surprenante vient achever le lecteur…. Où accentuer ses doutes. Au choix !
Ma lecture fut très intéressante malgré une narration omniprésente et un brin pompeuse d'énergie. Le graphisme fait quant à lui un peu vintage mais cela donne un certain cachet.
J'ai surtout aimé le final qui est la subtile démonstration qu'on peut quelque fois se tromper totalement. C'est construit à la manière d'une enquête policière mais mené par un agent d'assurance plutôt médiocre qui se fait des films et qui souhaite surtout donner du sens à sa vie.
Il y a une originalité dans la construction finale de ce récit qui pourra rester dans les annales.
Voici un petit bijou de BD, dont la discrétion est le principal défaut, puisque beaucoup risquent de passer à côté. La narration "en voix off" et la tonalité de roman noir à l'américaine, ainsi que la belle profondeur d'un dessin superbement figé, peuvent faire songer au travail d'un Loustal, sauf que l'intelligence d'une histoire qui ne respecte les codes du genre (disons l'enquête policière) que pour mieux les désamorcer - dans un final aussi doux que dévastateur - emmène "Watertown" ailleurs et sans doute un peu plus haut. On a commencé à lire ce livre comme une nième tentative post-moderniste de revitaliser une forme classique, et on se retrouve, bluffés, devant le récit quasiment tragique d'une illusion assez minable, des fantasmes sordides d'un petit homme auquel on s'est imprudemment identifié. "Watertown" est donc un livre trompeur, mais très fort puisqu'il ne manipule pas son lecteur, il se contente simplement de stimuler son goût immodéré pour les femmes fatales, les crimes parfaits et les vengeances sordides, avant de lui susurrer que la vie, la vraie, est bien plus simplement tragique que cela. Magistral !
PS : l'ami Götting a fait bien des progrès depuis l'époque des couvertures des "Harry Potter" de notre enfance et s'avère désormais un artiste à suivre...