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Voici un récit sur un médecin alsacien Martin qui a épousé une belle femme juive peu avant la Seconde Guerre Mondiale. Il va être pris par les événements qui vont se bousculer.
Il y a deux parties bien distinctes en 108 pages tout de même. Alors que le premier acte suivait une trame plus traditionnelle entre la peste et le choléra, voilà la seconde qui semble prendre un chemin assez audacieux pour une troisième voie. En effet, il s'agit pour notre bon docteur de s'en prendre directement au Führer qui est à l'origine des malheurs de bien des familles durant cette époque troublée. La question est de savoir s'il va y arriver et le dénouement surprendra plus d'un lecteur.
Le dessin est tout à fait agréable et lisible ce qui ne gâche rien à l'ensemble. Je regrette juste la fin qui ne me convient pas vraiment. Mais bon, il nous faut l'accepter comme le rôle et les réactions d'Eva Braun qui ne semblent pas très crédibles.
On retrouvera certaines réflexions actuellement à la mode chez les révisionnistes comme le maréchal Pétain étant le bouclier faisant double jeu et le général de Gaulle, le fameux glaive qui joue le jeu des anglais.
Au final, Herr Doktor va nous montrer qu'il existe encore un peu d'humanité chez ce soignant dans une époque inhumaine à souhait avec toutes les horreurs que l'on connaît. Pour autant, il ne sera pas récompensé pour ces bons sentiments, c'est le moins que je puisse dire. Bref, cela mérite lecture si vous tombez sur ce one-shot qui reste encore le témoignage d'une sale époque.
Un très bon album à la lecture duquel j'ai eu un grand plaisir à vivre ces destins chamboulés de manière peu communes. Une histoire qui nous rappelle que la vie et ses aléas tenaient à peu de chose pour ceux qui ont vécu cette époque, comme Malgré-nous ainsi que leurs proches ou entourage.
La BD c'est aussi le dessin et, de ce côté, le style ligne claire est parfait pour insister sur le réalisme et l'ambiance.
Bref un très bon moment de lecture où, surtout dans les dernières planches, on sent que le tome 2 ne devrait pas décevoir.
C’est avec passion que j’ai suivi les péripéties de l’histoire mouvementée de Martin, qui fait le grand écart entre cette cathédrale (magnifiquement dessinée p.6) de son Strasbourg d’origine et les rudes plaines d’Ukraine, non pas par choix, mais enrôlé de force dans l’armée ennemie.
Et ce n’est pas là le moindre mérite de cet album : mettre en lumière le destin (fictif, mais ancré dans la réalité de l’époque) de l’un de ces « Malgré-Nous » alsaciens et lorrains si longtemps méconnus, incompris et méprisés.
Ce n’est pas, cependant le seul sujet abordé : j’ai été sensible à la richesse des thèmes qui s’entrecroisent tout naturellement, et sans aucune lourdeur, au sein de cet opus : exactions et violences hitlériennes, purges staliniennes, cynisme des collaborateurs, devoir moral du médecin qui soigne ennemis comme alliés…
Ces thèmes s’orchestrent en toute harmonie autour de la figure lumineuse de Martin : au cœur de la barbarie, ce dernier saura préserver sa part d’humanité. Rester humain, continuer à éprouver sentiments et compassion, c’est là ce qui force l’admiration du lecteur et qui fait de Martin le véritable héros, face à ce lieutenant allemand emporté par une violence déshumanisée (p.34/35).
J’ai beaucoup apprécié le trait de plume extrêmement élégant et délicat, à la ligne claire et expressive, de Régis Parenteau-Denoël : il excelle à restituer dans toute leur intensité émotions vives (scène de retrouvailles p.7) et sentiments exacerbés (révolte intérieure de Martin lors du massacre des partisans p.33). Parfois même, nul besoin de mots : le dessin à lui seul, suggère joie et espièglerie (p.21), tendresse infinie (p.12), sensualité même (p.13), présents malgré tout dans cette tourmente. Le clair et l’obscur se mêlent étroitement, soutenus par une palette de couleurs astucieusement disposées (sépia et couleurs majoritairement froides pour les scènes de guerre, couleurs chaudes et plus variées pour les scènes d’intérieur avec Elisabeth ou la babouchka).
Splendide album donc, merveilleusement mis en images, qui permet d’aborder l’Histoire à travers le prisme intimiste de l’histoire d’une famille déchirée fort attachante, emportée par les vents mauvais d’une barbarie qui transcende les époques, hélas, et qui est toujours d’actualité.
Vous aurez compris que j’attends avec fébrilité le tome II !
L'histoire est très prenante et touchante, j'ai bien accroché dès le début de l'album, avec juste quelques difficultés à bien suivre les péripéties arrivé une dizaine de pages avant la fin. Mais je ne mettrai pas ça a priori sur le compte de cette BD: j'ai quelques "troubles de la concentration" et je suis un peu fatigué en ce moment. Je me programme tout de suite une seconde lecture !
Moi qui ai des connaissances plutôt floues en Histoire, j'ai quand même pu bien suivre le contexte de cette fiction, et découvrir ou me remémorer certains points historiques .
Les personnages sont effectivement crédibles, et attachants hormis ceux qui n'ont plus grand chose d'humain, bien sûr !
L'ensemble est plutôt bien servi par le dessin réaliste "classique" de Régis Parenteau-Denoël, dans l'ensemble de très bonne facture, donnant juste une impression quelque peu "statique" à mon goût, et quelques expressions perfectibles dans les visages, enfin ce n'est pas rédhibitoire .
La mise en couleur n'est pas tape-à-l’œil (beaucoup de grands aplats de couleur, exceptionnellement des dégradés), les couleurs sont bien choisies. On peut s'en faire une bonne idée rien qu'à la couverture.
Bien sûr on pourra trouver des BD visuellement plus impressionnantes, mais là n'est pas l'intérêt de cette très bonne BD qui offre de façon passionnante un témoignage sur cette période, sur un ton pas trop "didactique".
En conclusion j'achèterai sans aucun doute le tome 2!
Edit :
"URGENT!" : financement participatif du tome 2 sur Ulule, en cours jusqu'au 10 mars 2019 !!!
https://fr.ulule.com/herr-doktor/