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Un tour de force à tous niveaux que cette œuvre en deux volumes se répondant graphiquement et historiquement parlant... on sent un léger parti-pris de l'auteur pour l'une des protagonistes, mais c'est là chose normale pour un historien de formation... un coffret appelé à devenir un classique...
Cette BD se présente sous forme d'un coffret. L'un des 2 tomes est consacré à Marie-Stuart, une reine passionnée et fougueuse. L'autre est relatif à Elisabeth Tudor, froide et pragmatique. Elles n'ont qu'un point commun : elles sont reines et cousines. Ces deux femmes se détestent éperdument car le royaume d'Angleterre est l'enjeu.
Il faut savoir que ces deux ouvrages sont parfaitement symétriques comme un palindrome ludique. On peut les lire séparément mais ensemble, cela constitue une merveille où la véracité historique est toujours respectée malgré une lecture très habile et personnelle de l'auteur. Il nous propose un autre regard.
En effet, cette BD est tout simplement passionnante surtout pour le public qui aime déjà la collection sur les reines de France. Ces femmes ont réussi l'exploit de mettre les hommes à leurs pieds, chacune à sa manière. Le destin de la dernière des Tudor et de la Stuart est tout simplement exceptionnel entre manœuvre politique et complots. Le résultat force l'admiration au-delà de l'exercice de style.
Une claque, une de plus que m'assène cet auteur !!! Une fois de plus il faut lire pour se rendre compte de la beauté et de l'intelligence de la chose !!!
Quel plaisir de revoir Juncker à la baguette d'une histoire. Son projet trop méconnu "Immergés" ayant été stoppé pour cause de ventes trop faibles (comme quoi qualité ne va pas toujours de pair avec reconnaissance) est ici "remplacé" par un diptyque sur deux grandes monarques de la fin du moyen-âge.
Il s'agit de Marie Stuart (Reine d'Ecosse entre autres) et de Elisabeth Tudor (Reine d'Angleterre). Toutes deux ont eu un parcours atypique et se révéleront être des rivales. C'est cela que Juncker va nous conter. Mais il va le faire non pas d'une façon professorale, mais d'une façon vivante et moderne. Une reine, ça peut jurer quand on la fait sortir de ses gonds par exemple. Juncker va aussi utiliser une approche documentaire en interviewant ceux qui furent des contemporains des reines et qui les ont bien connues. J'aurais aimé que l'Histoire me soit enseigné de cette façon à l'école.
On a donc entre les mains une bande dessinée historique mais dont le récit (bien que descriptif) sera animé d'un tel dynamisme qu'on ne s'ennuie jamais. De plus, Juncker a pour moi l'art de la mise en scène et de pouvoir par exemple vous interpeller par des blancs entre les cases. Il maîtrise l'espace de ses histoires comme personne. Sa narration est également une pure délectation. Il faut être attentif à la manière dont les choses sont suggérées. Le lecteur n'est pas pris pour un abruti.
De plus, pour le challenge, l'auteur a décidé d'écrire chacun des deux livres en miroir de l'autre (chaque reine ayant son album). Cela signifie que la première page d'un album a la même structure de case que la dernière de l'autre album. Le ton des couleurs sera identique également et ainsi de suite. Prouesse technique remarquable d'autant plus que je ne pense pas avoir encore fait le tour de ce que l'auteur a voulu mettre en avant d'une telle façon : la déchéance de l'une correspondant avec la gloire de l'autre, des textes ou personnages qui apparaissent avec l'une puis l'autre,... Du très grand art que l'on prendra du plaisir à relire pour y découvrir toutes les subtilités.
Au rayon graphisme, j'accroche totalement. De prime abord, le dessin peut surprendre. Certains personnages sont caricaturés. Mais cela aide à la compréhension de l'histoire. Cela peut accentuer l'effet comique. Mais malgré tout je trouve le dessin particulièrement bien ficelé, les cadrages sont parfois très judicieux et la mise en page est de tout premier ordre. Plus je parcours les pages, plus je me rends compte que si le dessin n'est pas hyper-réaliste (loin de là), l'auteur a tout compris de comment utiliser son dessin pour faire passer son message. Je trouve certaines pages d'extrême qualité non par la justesse technique (quoique) mais par cette capacité à mettre en évidence ce qui doit l'être.
Juncker a tellement la maîtrise de la narration qu'il me fait penser à Hermann. Cette capacité à expliquer des événements uniquement par la succession de cases plutôt que par un bla-bla interminable (comme cette chronique), cette capacité à magnifier les caractères des personnages, l'intelligence dans les non-dits. Vraiment si un auteur doit reprendre et ré-inventer Jérémiah, pour moi, ce doit être Juncker. Il ne s'agira pas de quelqu'un qui essaiera de faire "à la" mais qui aura sa propre touche tout en ayant l'esprit d'Hermann.
Au final, j'ai beaucoup hésité entre mettre un 4 ou un 5 à cette oeuvre. La seule raison de mettre un 4 est que je me suis moins senti sous le "choc" que lors de ma découverte de "Immergés" car à ce moment-là, l'auteur était nouveau pour moi. Finalement, ça n'est pas une bonne raison de mettre un 4 dans ce cas-ci. L'auteur est conséquent avec lui-même et garde la même sublime approche. Cela vaut bien tous les chefs d’œuvres du monde. Allons-y pour le 5 et profitez.