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Les derniers avis postés sur les albums de la série

    Pour poster un avis sur un album de cette série, rendez vous sur la page de l'album correspondand.

    kingtoof Le 03/11/2024 à 16:26:34

    J'ai trouvé que les 2 premières parties de ce nouvel opus n'apportent pas grand chose à l'ensemble de l'œuvre.
    Effectivement, nous sommes curieux de connaître l'histoire de Fadi mais j'avais l'impression de relire un tome précédent.
    J'ai en revanche apprécié la troisième partie où j'ai retrouvé tout ce qui donnait de la richesse au travail de Sattouf sur L'Arabe du Futur.

    Zablo Le 12/05/2024 à 15:03:39

    La série s’achève avec le début de la guerre civile syrienne en 2011...

    Sur cette nouvelle couverture, on observe Riad et son père, qui regardent le ciel, que le patriarche pointe du doigt, alors qu’ils s’avancent dangereusement vers le gouffre d’une falaise (référence aux premiers albums, où ils se baladaient au cap Fréhel). Derrière eux, au second plan, Clémentine semble perdue, tandis que Yahya la suit l’air de rien. Tout au fond, un mur délabré, où la figure de Bachar Al-Assad est criblée de trous de balles et autres impacts d’obus... Des nuages bleus entourent la scène. On retrouve cette ambiance de délabrement sur la quatrième de couverture, où les câbles ressortent des murs complètement explosés. Des sacs poubelles éventrés jonchent le sol, clin d’œil aux lubies d’un des ses grands-pères, qui sombre peu à peu dans la sénilité à cette époque. Binational, les couleurs des deux drapeaux de Riad Sattouf sont réunis, bleu-blanc-rouge et rouge-blanc-noir-vert (qu’on retrouve dans la plupart des pays arabes, le rouge étant la couleur du sang versé par les martyrs, le blanc celle des califes Omeyyades de Damas, le noir celle des califes Abbassides qui leur ont succédé, le vert symbole des quatre califes successeurs de Mahomet dits les « bien guidés »). Dans ce décor surréaliste, empreint de symbolisme et d’art-thérapie, ressort Riad Sattouf, toujours colorié en blanc, ainsi que son farde vert, le dessin étant devenu sa nouvelle patrie, sa religion, ce en quoi il croit.

    Cette série m’aura tenu en haleine pendant plusieurs longues années. Néanmoins, elle n’a pas répondue à toutes mes questions et j’avoue que je ne serais pas contre quelques précisions, tant la période couverte par cet album est longue (1994-2011)... J’ai apprécié tout de même de (re)découvrir la formation et l’éclosion du jeune bédéiste, animé par une curiosité équivoque, avant son ascension fulgurante dans les années 2010. La fin répond également à certaines des attentes que j’avais depuis le tome 4... Une manière assez naturelle de conclure ce récit autobiographique, même si je reste sur ma faim. Mais, après tout, cela reste sa vie privée, dont il nous dévoile que ce qu’il veut bien. D’ailleurs, si j’avais dévoré le livre à sa sortie, j’ai encore plus apprécié ce tome lors de ma récente relecture, notamment parce qu’il est nécessaire d’avoir une certaine connaissance de la carrière et de l’œuvre de Riad Sattouf pour tout comprendre. J’ai aussi été moins heurté par la tristesse de certains passages, moins surpris par les événements, moins ennuyé par les narratifs et autres dialogues ou mails à rallonge. Cependant, j’ai apprécié encore plus la tension de ce récit, autour des retrouvailles avec Fadi, mais aussi de la carrière de Riad Sattouf, qui aurait très bien pu ne jamais décoller, s'il avait continué à procrastiner... Pourtant, il y a toujours cru, et c’est probablement sa principale force : « Ayant eu, dès l’adolescence, un égo géant, j’avoue avoir rêvé de publier des livres avec mon nom dessus, avoir rêvé d’avoir du succès, avoir rêvé que des journalistes du Monde me posent des questions sur mon travail... ». Il sait cependant aussi faire preuve (d’un peu) de modestie : « Mais, en ce qui concerne le Grand Prix d’Angoulême (il l’a obtenu quelques mois après la sortie de cet opus), vraiment je n’y ai jamais pensé. Passer après Druillet, Moebius et Bilal était trop abstrait, inconcevable ».

    Riad Sattouf, après avoir fait des albums sur un ton un peu trash, qui a plu à l’adolescent que j’étais (Pascal Brutal, Retour au Collège...), a su s’adresser à un public plus large, plus adulte, essayant de « faire des BD pour des gens qui n’en lisent pas »...

    ...Et, c’est l’apothéose.

    Zablo Le 12/05/2024 à 01:14:08

    Est-ce que Riad Sattouf est un génie ?

    Malgré un succès retentissant en BD, peu de médias lui donnent ce qualificatif.

    Certes, il a le "génie du titre" (qui n'est pas sans faire penser à un chef d’œuvre d'Emile Bravo, L'imparfait du futur), comme le dit poliment Anne Douhaire-Kerdoncuff sur France Inter, "L’Arabe du futur ça claque, ça surprend" (2014). Il sait aussi attirer l’œil par ses couvertures.

    Celle du tome 5 se démarque des précédentes par ses couleurs, même si j’avoue que ce n’est pas celle que je préfère. Clémentine avance vers la droite, dans un survêtement de sport qui entre en dissonance avec son geste de prière. Elle est marquée par les cernes, signe d’une dépression, assez compréhensible vu ce qu’elle traverse... mais sourit tout de même, béatement. Les deux fils qui lui restent la suivent, esquissant un léger sourire, leur cartable derrière le dos. Au loin, la plage et la mer, qui s’étendent à perte de vue (on se croirait à la fin des 400 coups de Jean-Luc Godard, réalisateur modèle pour Riad Sattoud). Sur la falaise, un phare, qui fait immédiatement penser au cap Fréhel, en Bretagne. Mais la série, qui a pris un tournant particulièrement dramatique, ne passe pas au "Gwenn ha Du", mais bien au bleu, blanc, rouge. Les couleurs du drapeau syrien sont ainsi remplacées par celles de la France, où se déroule désormais l’action. Si Fadi a disparu, le visage du "père Sattouf", pourtant condamné par la mère de Riad à la "damnatio memoriae", faute de justice, reste présent sur la première de couverture. Ces bouts de photographie s’enfoncent peu à peu dans l’oubli. En quatrième de couverture, les trois frères demeurent symboliquement unis dans le cadre qui surmonte la télé. On veut garder le souvenir de Fadi. Le taureau a lui disparu, envolé pour la Syrie, peut-être définitivement ?

    Comme d’autres, je trouve que ce tome est moins abouti que les précédents (mes préférés étant les tomes 3 et 4). D’ailleurs, je ne me suis pas délecté du trait de Riad Sattouf, mais plutôt de la complexité de son récit, qui me transporte toujours. Je reste sans cesse bouche-bée devant cette série à cœur-ouvert. Rares sont ceux qui se sont autant livrés sur leur histoire personnelle en BD, à part peut-être Fabrice Néaud et d’autres de ses compères d'ego comme X...

    Mais, même contre vents-et-marée, pour sa mère et sa grand-mère il demeurera toujours un "génie du dessin", tout comme pour sa professeure d’arts-plastiques (personnages que l’on retrouve dans cet opus). Je ne peux qu’applaudir ces femmes, qui ont su encourager le jeune Riad, à persévérer sur sa voie, celle de l’art. D’une certaine façon, on leur doit aussi cette série admirable, elles qui ont su gonfler l'égo de ce cher Riad.

    Pourtant, il a rarement été LE meilleur dessinateur (au collège, il est déjà concurrencé par d’autres élèves, comme son copain Grégory). Son père n’approuve d'ailleurs pas sa démarche (en même temps, ce dernier fait de plus en plus figure de contre-modèle pour son fils aîné). Riad Sattouf lui même semble osciller entre une forme d’assurance, voir d’arrogance, et des doutes, un mal-être profond.

    Mais, comme il a pu le dire en interview, Riad Sattouf n’a jamais baissé les bras, contrairement à d’autres de ses collègues, dégoûtés par ce métier trop ingrat. Dès sa jeunesse, il s’obstine et s’inspire de certains des plus grands maîtres de la BD (Bilal, Druillet et Moebius), sous l’influence d’une copine qu’il aime en secret, alors qu'il avait déjà découvert Tintin beaucoup plus tôt, par le truchement de sa grand-mère. La vie précaire d’auteur ne semble pas lui faire peur (mais il faut avouer que, d'une certaine façon, c’est plus facile de le raconter lorsque l’on a explosé le Box-Office BD...) et il est fasciné par l’œuvre d'H. P. Lovecraft depuis le collège, auteur à la destinée tragique... Au final, il suit un parcours assez simple pour mener à bien son projet artistique (littéraire, avec une option art dans un lycée rennais) pour finir par intégrer la prestigieuse école d’animation des Gobelins (raconté dans le tome 6), soutenu par sa famille bretonne (notamment son grand-père, qui a payé ses études à Nantes).

    D’une certaine façon, on pourrait se dire que Riad Sattouf n’a pas un talent immense, qu’il n’a réussi que par la chance, un certain entêtement, le soutien de ses proches, ou une série de circonstances favorables à sa réussite. Je constate cependant que Riad Sattouf a su révéler une forme de génie, un talent lié à son labeur, à son expérience de la BD, du cinéma d’animation, de la presse, et plus largement de l’art et de la vie, entre Orient et Occident. La quantité phénoménale de commentaires et de critiques positives qui encensent l’Arabe du futur vont dans ce sens, surtout qu’on y trouve toutes les catégories d’âge, tous les sexes... Qui mieux que Rémi George avait auparavant touché un public aussi large en France ?

    Si l’on compare avec des auteurs de sa génération, c’est-à-dire de la "nouvelle vague", il me semble plus prolifique que Satrapi, plus précis dans son dessin que Trondheim, moins déprimant que Larcenet, plus rigoureux que Sfar, plus constant et moins de droite que Blain, plus charismatique que Sapin, plus commercial et moins de gauche que Milhiet... avec en plus cette casquette de cinéaste (Les Beaux Gosses, Esther...). S’il attire des jalousies, c’est d’ailleurs qu’il a un certain brio... Néanmoins, il s’est aussi inspiré des autres (dont ceux que j'ai cités plus haut).

    Pour moi, si son trait est assez particulier, il n’en demeure pas moins l’auteur de BD le plus complet du XXIème siècle, avec plusieurs bottes secrètes : l’accessibilité de ses histoires et la clarté de son trait pourtant flageolant, un regard presque de journaliste sur les jeunes et leurs problèmes, des caricatures de canailles et autres gredins, la mémoire d’une vie syrienne et une mise en scène plus que convaincante, jouant parfois aussi sur les symboles...

    Même si je comprends certaines critiques à l’encontre de son travail, ses multiples récompenses, au FIBD ou à l'international, dans la BD comme au cinéma, me semblent amplement justifiées.

    Il est l’un des bédéistes qui m’aura le plus marqué et des BD... j'en ai lus par milliers.

    Zablo Le 06/05/2024 à 18:08:23

    Le climax de la série...

    ...qui permet aussi à Riad Sattouf de se libérer d'un tabou familial.

    En apparence, la couverture est semblable aux trois autres. Mais l’arrière-plan s’est considérablement assombri, rehaussé par un dessin vert, représentant Sadam Hussein en chef de guerre. A gauche de l’image, juste en dessous de la figure du dictateur, on voit Abdel-Razak Sattouf, le père de Riad. Il semble s’éloigner, car sa silhouette s’amenuise et il esquisse un geste d’adieu. De l’autre côté, on distingue le reste de la famille, la mère Clémentine et ses trois fils. Au premier plan, ils semblent beaucoup plus grands et s’avancent vers la droite, vers leur futur. Comme toujours sur les couvertures de cette série, Riad Sattouf est colorié en blanc, ce qui le fait ressortir par rapport aux autres. Il est maintenant adolescent et répond au salut de son père, avec un beau sourire et un geste de la main. En quatrième de couverture, le taureau paternel est toujours là, placé au-dessus de la télévision, au milieu des jouets des trois garçons.

    Par-delà l’œuvre et le renom de son auteur, Allary Éditions a encore fait du très bon travail, que ce soit pour l’objet BD ou son marketing (nombreuses interviews, publicités etc.). En 2016 à titre d’exemple, le tome 3 de L’Arabe du futur avait été tiré à 220 000 exemplaires (Gilles Ratier – ACBD). Au jour d’aujourd’hui, la série a atteint le cap des 3 millions d’exemplaires vendus en France (Allary Editions) et dans le monde, dans plus d’une vingtaine de langues (dont le coréen, le catalan, le grec ou le japonais, mais toujours pas en arabe).

    Quoique plus volumineux que les autres (288 pages), le tome 4 de l’Arabe du futur garde une forme similaire. En mains, cette BD à la couverture souple et au papier épais reste très agréable à lire. La constance de la forme et de son contenu rassurent, tout comme sa charte graphique, qui demeure toujours la même. Rien n’a changé : que ce soit le trait du stylet tactile, la composition des pages, le lettrage biscornu parfois souligné à la main... Pourquoi changer, après avoir trouvé l’alchimie parfaite, les clés de la réussite ?

    En effet, la série reste toujours aussi accrocheuse, presque addictive, avec un sujet de société fort, qui arrive à son point culminant. La technique du cliffhanger, propre aux séries à succès, est maîtrisée, quasiment de manière naturelle, puisqu’il s’agit de l’histoire personnelle de l’auteur...

    De plus en plus intense, le drame n’est pas loin... D’aucuns se retrouveront dans ce déchirement familial ou cette vie éclectique. La majorité pourra toujours s’identifier au jeune Sattouf, ou à l’un de ses camarades de classe, face aux difficultés du collège et de l’adolescence. Je ne peux que me réjouir du regard nouveau porté par Riad Sattouf sur ce thème (cela depuis Retour au collège).

    L’AduF c’est aussi une série qui évolue, puisque Riad grandit. On le voit dès les premières pages, notamment à la page 7 où l’auteur décrit sa propre évolution physique, avec des informations fléchées emplies d’auto-dérision... En accompagnant le jeune Sattouf dans son histoire, on redécouvre aussi des émotions, celles de l’adolescence et en premier lieu de l’apprentissage de la sexualité.

    On constate également que la série est plus longue que prévue, puisqu’elle avait été annoncée initialement en 3 tomes. Est-ce parce que Riad Sattouf a eu un afflux de souvenirs, comme il l'évoque en interview ? La bonne fortune de son projet lui a donné les moyens de le prolonger.

    Pourtant, la "loi des séries" veut aussi que certains problèmes reviennent constamment. Ici, la famille fait inéluctablement des allers-retours entre la Bretagne et la Syrie (bien malgré eux), le père de Riad accumule les mensonges...

    Est-ce que l’on reverra sa figure taurine dans les prochains tomes ?

    Inquiétant...

    Zablo Le 18/04/2024 à 21:20:48

    BD du réel, L’Arabe du futur réveille aussi chez moi des émotions bigarrées.

    La couverture, saturée de rouge, évoque de chaudes expériences, celles de la famille Sattouf à Ter Maaleh : que ce soit l’angoisse de l’école syrienne, à laquelle Riad doit faire face de nouveau, mais aussi la toxicité d’Anas et Moktar, ou encore la découverte des films de Conan Le Barbare... Personnage central, comme l’indique son coloris blanc, Riad est porté par son père dans un geste attendrissant. Leurs visages se reflètent dans un miroir vert, symbole d’une triste évolution : malgré le lynchage d’une cousine éloignée, le patriarche, dont les cheveux commencent à blanchir, renoue peu à peu avec ses racines et malheureusement aussi avec la religion... Comme pour les couvertures des tomes précédents, celle-ci relève de plusieurs chiasmes, des oppositions entre le réel et l’irréel (paroi amovible avec un robinet qui coule, quasi surréaliste), la scène et ses coulisses, l’insouciance de l’enfance (mines enjouées) et la gravité de la guerre (hélicoptère), la mobilité et ce qui ne bouge pas, immuable... Impression qu’accompagne la figure désormais familière du taureau.

    Les personnages, parce que caricaturaux, appellent la sympathie dans toute la série. Leurs traits d’un réalisme minimal, nous cèdent une part d’interprétation, d’imaginaire. Mû par une forme d’empathie, je peux ainsi sourire de la facétie de certains personnages, comme celle du père, même si ce dernier avive en moi des sentiments mêlés : crainte, dégoût, mépris... Toujours aidé par le déroulement des textes et des images, je déplore également l’expérience syrienne de la mère, qui sombre peu à peu dans la dépression, ou même de Yaya, qui est maltraité par son aîné à l'image de ce que font ses parents... Plein de relief, on apprend à connaître les personnages, qui grandissent d’album en album.

    Indubitablement, Riad Sattouf sait transcrire une palette développée de sensations et d’émotions en BD, notamment celles qu’il traverse lui même, esquissées en quelques traits : la curiosité ou l’étonnement avec la bouche bée, l’amusement et les plaisirs de sa jeunesse avec un sourire plus ou moins léger, un certain sadisme avec un trait long et épais au dessus de ses yeux écarquillés, le dédain ou l’ennui avec ses joues gonflées, la peur, la souffrance ou la fascination absolue avec des yeux qui s’allongent en dehors de leurs orbites, la faim et la soif par les gerçures des lèvres, l’arrogance avec sa bouche ondulante, la timidité par des hachures sur ses joues rouges... Mais la plupart du temps, le jeune Riad adopte un visage neutre, regardant vers le milieu de la case. Omniscient, il est autant spectateur de ses souvenirs, qui rejaillissent de plus en plus distinctement, que nous...

    Je trouve que la profondeur des personnages, de leurs personnalités, de leurs interactions, de leurs sensibilités... est esquissées avec talent. J’irais même plus loin, pour moi l’humanité des personnages, au sens philosophique du terme, atteint un niveau inédit en BD. Cela a participé pleinement à me plonger dans cette jeunesse syrienne. J'ai pris plaisir à partager avec le narrateur des moments de sa vie, particulièrement singulière et instructive, tout en gardant le confort de mon divan...

    Après ce tome, je n’ai plus jamais décroché et je me suis empressé d’acheter chacun des albums à leur sortie !

    A l’époque, je lisais moins de BD et je n'en avais que quelques unes dans ma bibliothèque...

    Zablo Le 11/04/2024 à 09:00:27

    BD mémorielle...

    La couverture, quoique plus claire, reprend les principes du tome précédent, lui même inspiré de Persépolis.

    La famille s’agrandit, avec un nouveau venu qui fait ses premiers pas. Quant au petit Riad, il se situe en pointe, vêtu de son uniforme d'écolier, avec dans les mains son cartable en carton bouilli et un drapeau syrien. Car, comme le dit son père, « l'Arabe du futur va à l'école ». Attendrissant...

    A cela s'ajoute des portraits d'Hafez el-Assad se multipliant sans fin. L'image du bonheur familial, au premier plan, est donc contrastée par le contexte géopolitique, par le culte de la personnalité de l'autocrate syrien, en arrière-plan.

    Les articles de presse ont pu insister sur le caractère "véridique" de l'histoire. Mais est-ce le cas ? Peut-on mélanger mémoire et Histoire ?

    Certes, la plupart des anecdotes ont un caractère authentique et sont d'ailleurs racontées avec force de détails (la maîtresse en talons/jupe/voile, la rudesse de l'école, l'apprentissage du dessin, de l'arabe, le garde du corps désopilant à Palmyre...). Ayant une connaissance assez fine de la région, Riad Sattouf sait inscrire sa BD dans le réel. Renforçant un peu plus le sentiment d'immersion et l'intérêt pour sa BD, il intègre avec justesse des événements, des personnages, des notions propres à l'Histoire du Proche-Orient : colonisation, dictateurs, guerres, panarabisme, tiers-mondisme, islamisme, révoltes et coups d’État... Le personnage du père, professeur d'Histoire, semble d'ailleurs particulièrement attentif à l'évolution géopolitique du Moyen-Orient, qu'il commente régulièrement dans le livre, de manière instructive... ou pas. La BD compare finalement la société, la vie quotidienne difficile en Syrie, avec ce que l'on connaît en France ou en Bretagne.

    Mais plusieurs fois en interview, Riad Sattouf a lui même admis la part fictionnelle de ses histoires (surtout pour le tome 6), à ne pas prendre pour argent comptant. Sans surprise, son témoignage comporte des zones d'ombre (en particulier les deux premiers tomes), la chronologie des événements de sa vie est parfois confuse et l'auteur prend naturellement quelques arrangements avec le réel, pour combler les trous de sa mémoire, magnifier sa narration ou en adoucir/censurer certains aspects. Malgré ses efforts pour collecter un maximum de souvenirs, tout en gardant du recul, il n'est donc ni exhaustif sur sa vie, ni totalement neutre. On peut même penser que son égo-histoire, qu'il relie à celle du Proche-Orient, est vue par un prisme déformant : les yeux et l'esprit de celui qu'il est devenu, c'est-à-dire un auteur de films et de BD parisien (plutôt que médecin arabe comme le prédestinait son père).

    L'ouvrage comporte ainsi quelques clichés. Or, s'il y a couramment des stéréotypes en BD (on pense à Tintin au Congo...), il s'agit ici essentiellement de caricatures. En déformant, en exagérant des détails, l'identification des personnages, archétypaux, en devient plus facile. Indubitablement, l'auteur cherche aussi à faire rire, à dédramatiser. D'ailleurs, Riad Sattouf est un habitué de l'humour. Son dessin tremblotant est tout particulièrement dérisoire lorsqu'il représente Pascal Brutal dans une autre de ses BD, sur-homme qu'il n'est pas... Salutaire.

    Par contre, si Riad Sattouf représente des Syriens souvent sales, ignorants, antisémites... tout comme il dessine d'ailleurs des Bretons en bottes, marinière, ciré, voir en coiffe bigoudène (alors que fréhélois...), cette vision est liée à son vécu. On pourrait d'ailleurs la critiquer, la mettre en perspective avec d'autres expériences.

    Heureusement, Riad Sattouf parvient aussi à nuancer son propos, avec des figures rassurantes, comme certains de ses cousins syriens, ou d'autres éléments positifs, des "madeleines de Proust" arabes pourrait-on dire... Ainsi, on en apprend surtout sur lui, son regard, ses sensations, les moments clés de sa vie ou les petits riens qui lui ont semblé important à raconter. Il y a également des faits marquants que je vous laisse découvrir... Probablement a-t-il voulu dénoncer les dérives du fanatisme religieux, du nationalisme ou des problèmes d'éducation en Syrie.

    J'aimerais cependant avoir aussi l'avis des Syriens eux-même : est-ce qu'ils seraient déçus de l'image que l'on donne d'eux ? Est-ce qu'ils en valideraient toutes les représentations ? Difficile à savoir, puisque le livre n'a pas été traduit en arabe.

    Dans tous les cas cette œuvre, sortie après les printemps arabes, où les Syriens ont eu le courage de se révolter contre le dictateur Bachar al-Assad, m'a offert le témoignage le plus frappant que je connaisse de cette région.

    ...Unique !

    Zablo Le 08/04/2024 à 08:29:08

    Pris par la main avant même d'ouvrir le livre...

    j’ai été marqué par le rouge de cette couverture. Cette teinte, propre à énerver les taureaux... est relevée cependant par des drapeaux verts, couleur de l’Islam. Proche du centre, de sa maman, le petit Riad se tient sur les épaules de son père. Il ressort par sa couleur, un blanc immaculé, angélique. Ils rient, se gaussent de l’air grave et pompeux de Kadhafi, insouciants. Mais on sent déjà le poids de la crise, d'épaisses couches de noir atténuant la clarté de la scène. Si la famille est unie dans l'ombre, c’est bien l’enfant qui fait le pont entre la mère et le père, entre deux cultures diamétralement opposées... Une couverture d’une grande puissance, émouvante tout en s’imprimant dans le réel, avec une touche d'humour et une typographie digne d’un livre d’Histoire sur le Proche-Orient.

    Dans cette BD tragi-comique, Riad Sattouf recolle les morceaux de sa mémoire, de sa famille, pour nous y transporter. Il évoque évidemment son enfance, assez atypique, puisqu'il est né d’une mère française et d’un père syrien.

    Il y aurait tant à dire sur cette BD : une édition réussie et salvatrice (je parle à titre personnel), clé de lecture pour la guerre civile syrienne, commencée quelques années plus tôt, mais aussi pour ceux qui ont connu une séparation, un exil ; un récit accessible, extraordinairement lisible, mais sans verser complètement dans la vulgarisation ou les stéréotypes ; des souvenirs reconstitués, liés aux vécus des protagonistes, à leurs traumatismes, d'où une profondeur psychologique intense ; des aplats de couleurs monochromes, nous transportant d’un bout à l’autre de la Méditerranée, évoquant les émotions que traversent les personnages ; le character design simple, mais non dénué d’expressivité ou d’humour, avec des détails marquants et une vision aigüe des particularités, des tics des individus ; le trait unique de Riad Sattouf et sa formidable capacité à nous transporter dans son égo-histoire.

    Un chef d’œuvre dument récompensé, je l'ai lu au moins 8-9 fois...

    Erik67 Le 28/02/2023 à 07:35:59

    Ce sixième et dernier tome va couvrir la période 1994 à 2011 où l'on va suivre surtout le parcours de Riad Sattouf dans le milieu artistique, de son parcours d’étudiant à ses débuts dans le cinéma et surtout dans la bande dessinée. Il va également découvrir toutes les difficultés de la vie d'artiste. On se rend compte que ce n'est pas si facile de devenir auteur de bande dessinée.

    A noter que la période est beaucoup plus longue que les précédents tomes car elle va s'étaler sur près de 18 ans. Les événements seront d'ailleurs décrits de manière plus synthétique et sans doute plus rapide. La profondeur reste tout de même de mise. Il est vrai que j'aurais aimé, pour une fois, un peu plus de tomes car certaines années sont très vite passés en revue alors que jusqu'ici, l'auteur avait pris son temps.

    Au début de ce tome, sa mère est toujours désemparée par l'enlèvement de son plus jeune fils Fadi. A noter que pour la première fois, on voit qu'elle peut être assez exaspérante mais on le met sur le compte de sa douleur.

    Alors qu'elle avait obtenu une réponse de Danièle Mitterrand qui a essayé de l'aider mais en vain, elle se tourne vers Jacques Chirac qui est devenu Président de la République et qui ne répondra même pas à leurs multiples courriers. Pire que cela, il recevra en grande pompe le dictateur Hafez-el-Assad à l'Elysée. Pour autant la mère lui accorde quand même sa sympathie tout en maudissant les Mitterrand ce qui peut paraître assez incompréhensible.

    Et puis, il y a ce père absent qui continue à le hanter et par conséquent lui empoisonner sa vie après son départ en étant omniprésent dans ses pensées. Riad est devenu un adulte en proie avec beaucoup de questionnement. Ce tome est plutôt un long cheminement assez intime.

    Grâce à la psychothérapie, Riad va apprendre que pour s’épanouir, il faut se défaire des histoires d'autrui. Plusieurs thèmes assez difficiles comme la mauvaise image de soi ou encore la culpabilité sans compter sur le temps qui passe. Il n'a jamais été aussi vulnérable mais cela le rend encore plus touchant.

    Et puis, il y a cette bouleversante nouvelle qui arrive vers la fin par un simple mail. On a du mal à y croire mais il s'agit pourtant de la réalité. C'est vraiment triste. Par la suite avec la guerre civile en Syrie suite au printemps arabe, Riad va enfin pouvoir revoir son frère Fadi et c'est un réel moment de bonheur pour toute sa famille. Bref, une conclusion en apothéose.

    Il faut savoir que les ventes de cette série se situe actuellement à plus de 3 millions d'exemplaires ce qui en fait l'un des plus grands succès de toutes ces dernières années en France. Il est difficile de passer à travers ce phénomène si on s’intéresse un peu à la bande dessinée. C'est devenu le titre incontournable.

    C'est à la suite de la sortie de ce sixième et dernier tome que Riad Sattouf a remporté enfin le Grand Prix du Festival de la bande dessinée d’Angoulême, qui récompense l'artiste pour l’ensemble de son œuvre. Sa légitimité artistique ne fait aucun doute en ce qui me concerne.

    Au niveau graphique, la magie opère toujours et le dessin colle bien au scénario. Et toujours ce style très expressif mais d'une efficacité exemplaire. Quand on aime, on aime.

    Bravo à l'auteur Riad Sattouf pour cette autobiographie remarquable qui m'a vraiment bouleversé entre des moments drôles et d'autres parfois sombres. C'est un vrai happy end avec une prise de recul nécessaire et salutaire. Merci pour ce roman graphique magnifique !

    Erik67 Le 27/02/2023 à 07:34:40

    Le cinquième tome relate la vie de sa famille après l'enlèvement de Fadi, son plus jeune frère, par son père. On se situe désormais dans les années 1992-1994. Riad a 14 ans et ses cheveux blonds ont disparu laissant place à un physique plutôt ingrat puisqu'il a été désigné comme le garçon le plus laid de sa classe.

    On notera au passage l'inaction de la police française qui ne prend pas au sérieux les femmes mariées. Je m'imagine à la place de cette mère désemparée à qui on enlève son garçon. Pour moi, l'attitude du policier relève de la grave faute professionnelle justifiant un licenciement sur le champ. Mais à la place, on lui rétorque qu'elle peut être poursuivie pour outrage à agent de la force publique, simplement parce qu'elle est insistante à ce qu'il fasse son boulot correctement. On se rend compte que la police détient bien des pouvoirs.

    C'est un véritable déchirement dans la vie de l'auteur. La période de l'adolescence est également celle du questionnement amoureux. J'ai effectué le rapprochement avec son film « les beaux gosses » et surtout avec sa dernière série en date à savoir « Le jeune acteur » où il est question du jeune Vincent Lacoste, timide et complexé, qui n'avait jamais imaginé être acteur. On se rend compte que c'est sa propre vie.

    Il y a également la vie de famille à organiser surtout après l'enlèvement du jeune frère. Tous les moyens seront d'ailleurs mis en œuvre pour le retrouver. Sa mère usera de tous les moyens légaux pour récupérer son fils. Elle se rend compte de son erreur de vie avec cet homme fourbe et elle s'en veut de ne pas avoir suffisamment protéger son plus jeune fils. Malheureusement, elle se tournera également vers des charlatans qui la plumeront en exploitant sa peine.

    Il y a toujours cette alternance entre des passages plutôt drôles et d'autres qui sont plus mélancoliques. Cela reste d'une sincérité magnifique. A noter également des passages un peu plus mystiques dont certains peuvent faire peur. L'ombre du père plane incontestablement sur ce tome.

    Le dessin est toujours aussi chouette et cela apporte beaucoup au récit entre souvenirs et petites anecdotes.

    C'est toujours aussi captivant même si cela dénote un peu par rapport aux tomes précédents. Il fallait sans doute apporter une autre touche afin d'explorer toutes les facettes de ce personnage qui évolue avec le temps qui passe. Il y a toujours cette merveilleuse part d'humanité qui le rend si touchant.

    Je partage également le regard de l'auteur sur les mythes fondateurs des religions dont il a relevé les deux points communs à savoir la haine de la liberté sexuelle et la domination de l'homme sur la femme. Je suis en phase avec ce qui constitue une lutte contre l’obscurantisme religieux et une liberté d'expression. J'espère toutefois que notre auteur ne va pas subir toute la haine qui a été dirigé contre l'écrivain Salman Rushdie pour ses versets sataniques.

    Beaucoup de finesse, de respect et sans aucun doute de dignité. Magnifique au final ! Encore un album au top ! Bref, tant au niveau du dessin que du scénario et des dialogues, c’est un sans-faute qui vous remue. Il sera difficile de faire mieux dans le genre.

    Erik67 Le 26/02/2023 à 09:57:35

    Ce quatrième tome qui couvre la période 1987-1992 est celui de l’adolescence de l’auteur Riad Sattouf qu’il va passer en Bretagne.

    On en était resté avec un départ probable en Arabie Saoudite. Fort heureusement, cela ne va concerner que le père de famille qui obtient un poste de professeur dans ce merveilleux pays qui a compensé son amitié pétrolière avec les USA avec un peu plus de rigueur dans la religion afin de s’acheter une respectabilité au Moyen-Orient. Evidemment, ce sont les femmes qui ont payé le plus lourd tribut en étant déposséder de pas mal de droits élémentaires. On peut comprendre aisément que la mère de famille a préféré rester en France avec les enfants qui y sont scolarisés.

    Le père devient de plus en plus religieux mais également raciste. Il déteste au plus haut point les juifs mais également les occidentaux et en tout premier lieu les français qui l’ont pourtant bien accueilli. Il pense que la vie est bien meilleure en Syrie ou en Arabie Saoudite alors que ces pays sont totalement fermés sur la liberté de penser autrement. Il en fera d’ailleurs l’amer expérience durant l’épisode de la première guerre en Irak en critiquant le cheikh du Koweït.

    En réalité, on s’aperçoit qu’il se tourne vers la religion car il est en perpétuelle recherche de reconnaissance entre un frère qui l’avait brimé durant son enfance et une mère religieuse lui faisant des reproches incessants. Dans le village, il n’était pas du tout respecté malgré son statut de professeur. Idem sur son lieu de travail à l’Université. Cependant, en devenant un homme pieu appliquant strictement les règles du Coran, il apporte un autre regard et gagne petit à petit la confiance de ses semblables.

    Cependant, il a construit sa vie avec une française ce qu’il semble regretter amèrement. Il dira que la femme syrienne est beaucoup plus obéissante car elle ne fait pas ce qu’elle veut. Je me rends compte que c’est un homme entièrement tourné sur lui qui préfère garder son argent que partager avec sa famille. La séparation avec son épouse devient inévitable car elle va commencer sérieusement à se rebeller surtout depuis qu’elle a pu échapper à un effroyable cancer sans son soutien.

    Le modèle politique du père en France est Jean-Marie le Pen. Il est vrai qu’il appréciait déjà grandement Mouammar Kadhafi, Hafez-el-Assad ou encore Saddam Hussein dans les pays arabes. La mouvance est clairement d’extrême-droite et nationaliste. Il pense que le peuple est plutôt ignare et a besoin d’un dirigeant assez fort pour les mener sur le chemin de la dignité. On peut quand même s’interroger surtout venant d’un homme soi-disant érudit.

    Je dois bien avouer que j’ai été extrêmement choqué par une scène pour le moins banale. Le chien de la grand-mère fait la fête à toute la famille et il lui balance un coup de pied comme si de rien n’était en réponse à cet acte d’amour animal. Il déteste également les chiens qui dans sa bouche est synonyme d’insulte. Comment peut-on se comporter aussi mal et ne pas se remettre en cause ? Je trouve que la famille française a fait preuve de beaucoup d’indulgence à son égard.

    Un mot également sur sa radinerie qui dépasse quand même l’entendement. Je veux bien qu’il pique l’argent que les enfants reçoivent en cadeau. Je veux bien qu’il utilise le téléphone de la grand-mère où il désire être rappelé quand il appelle sa famille d’Arabie Saoudite afin d’économiser le coût d’un appel. Mais comment peut-il donner si peu d’argent à une mère de famille élevant ses trois enfants alors qu’il aurait de quoi mieux les aider ? Oui, une attitude normale serait d’être scandalisé par ce type de comportement outrancier.

    Les trois garçons ont gouté au mode de vie occidental et il n’y a pas photo. Certes, il y a également des imbéciles en France qui sont racistes mais c’est sans commune mesure avec le monde arabe. On se souvient de l’école élémentaire syrienne où les enfants étaient embrigadés contre tout ce qui pourrait s’apparenter à un juif. Notre auteur en a d’ailleurs vécu l’amer expérience, devant à chaque fois se justifier de ne pas l’être.

    Les divergences de pensées et ce mode de vie à l'occidental aura eu raison de cette relation avec le père. Il y aura des moments assez forts dans ce déchirement. Le style narratif de l'auteur fait que cela reste à la fois poétique et drôle. La vie peut être parfois assez complexe. On voit bien que l’auteur se contente de décrire les faits sans apporter une once de jugement afin de rester neutre. J’aime bien cette retenue qui fait dans la mesure.

    La personne du père, vu au départ comme l’arabe du futur, est totalement haïssable. Certains y ont vu une œuvre qui renforce les stéréotypes sur les arabes. Je ne pense pas qu’il faut le voir ainsi. L’auteur ne se dérange pas non plus pour taper sur le monde occidental qui n’est pas toujours clean dans son attitude.

    La lecture est toujours aussi agréable grâce à un graphisme assez fluide. Le trait est simple mais efficace. A noter également que les personnages sont assez expressifs.
    Par ailleurs, l'auteur est sans complaisance pour lui-même ce qui le rend d'autant plus sympathique. On arrive à ressentir les choses qu’il a traversé.

    Et que dire de cette fin qui plonge la famille dans un véritable drame ! Ce tome prend une tournure tragique que l'on refusait de voir arriver. Le récit devient bouleversant et il a encore gagné en intensité. C'est tout simplement magistral. C’est ce qui fait d’ailleurs tout le charme de cette série qui a été plébiscité dans le monde entier (sauf le monde arabe curieusement). Je comprends désormais un peu mieux le succès de cette BD qui a contribué à amener un nouveau public au roman graphique.

    C'est assurément un ouvrage de qualité, et un graphisme singulier qui fait que je ne regrette absolument pas mon achat. Pour l'instant, c'est le meilleur tome de la saga familial.

    Au final, je dirai que c'est un tome de grande modernité qui parvient à imbriquer la petite histoire dans la grande ! C'est un incontournable, tout simplement !

    Erik67 Le 25/02/2023 à 08:25:02

    Dans le troisième tome qui couvre la période 1985-1987, l'auteur Riad Sattouf met plutôt l'accent sur les différences culturelles qui existent entre l'Orient et l'Occident. Les différences sont ancrées en chaque individu dès le plus jeune âge par l'éducation et l'environnement familial et il est très difficile de s'en débarrasser.

    L'auteur vit en effet dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes qui ont beaucoup de mal à dialoguer. Cela pose une vraie question sur la double identité.

    Il sera également question d’événement religieux comme Noël ou le Ramadan. Et puis, il y aura la circoncision rituelle qui se pratique depuis l'Antiquité pour des motifs culturels et religieux. Il faut savoir que dans le judaïsme la circoncision est l'un des 613 commandements de la Torah.

    La mère de Riad, qui était assez effacée au début, devient de plus en plus présente au fil des tomes. Elle se rebelle contre son mari et manifeste le désir de retourner vivre en France avec les enfants.

    Il est vrai que la figure du père est de plus en plus énervante. L'épisode le plus marquant est sans doute celui de cette bouteille de vin rouge provenant de France qui est bouchonnée et qu'il continue à boire en raison de son prix en déniant encore une fois la réalité. C'est tout à son image.

    Visiblement, plus le temps avance, plus les promesses ne sont pas tenues. Certes, il y aura bien l'achat d'appareils électro-ménagers mais cela ne fait pas le poids face aux conditions de vues entre une eau brunâtre et de multiples coupures l'électricité sans compter sur les étagères des magasins qui restent désespérément vides. Les incursions en vacances en France sont autant de bonheur pour tout le reste de la famille.

    L'épisode le plus choquant est sans conteste celui de la belle-fille qui est enceinte avant le mariage. Il est normal dans ces contrées de la tuer pour laver l'honneur de la famille. Le pire est encore l'impunité des assassins. Là encore, la réaction du père laisse franchement à désirer.

    J'ai bien aimé l'analyse de la religion que fait l'auteur car je la partage bien volontiers. Tout cela est quand même d'une grande hypocrisie et ce sont surtout les femmes qui en payent le prix. Je suis tellement choqué qu'elles préparent le repas pour ces messieurs qu'elles doivent regarder manger en silence avant de recevoir les restes en remerciant dieu de ce jour de grâce. C'est sans commentaire !

    J'ai éprouvé beaucoup de peine à voir toute cette classe de petits écoliers qui n'ont rien dans le ventre et qui ne peuvent pas boire afin de respecter le ramadan. On voit également que le professeur est avachi sur sa chaise en train de dormir. C'est l'épuisement total pour tout le monde. Mais bon, cela purifie le corps.

    J'ai été également dégoutté par cette corruption manifeste jusque dans les notes d'examen pour réussir son diplôme à l'université de Damas, la soi-disante meilleure du monde. Comment peut-on en arriver à de telles extrémités ? C'est hautement immoral. Dès qu'il y a un petit peu de pouvoir, cette corruption s'exerce. On doit éviter le châtiment corporel d'un élève qui a quitté la classe parce qu'un professeur a plus de deux heures de retard, on le paye allègrement. L'arabe du futur me fait très peur...

    A noter que le dessin est toujours aussi expressif et drôle. La sobriété reste de mise avec peu de décors afin que l'attention soit portée par les personnages. La qualité du papier est aussi à prendre en compte avec un papier épais et un joli grain.

    C'est souvent triste et pourtant l'humour est toujours présent. La bande dessinée est un excellent moyen de raconter les cultures. Avec l'humour de Riad Sattouf, le lecteur passe des moments très agréables pour comprendre un monde qui n'est pas le sien, mais qui aujourd'hui, interroge tout le monde.

    J'apprécie le fait que l'auteur n'est absolument pas dans la posture moralisatrice. C'est juste le constat qui prédomine sans porter de jugement. L'auteur maîtrise complètement le sens de son récit entre le respect et la tolérance.

    Amusant, instructif, divertissant, un vrai plaisir de la première à la dernière page. A lire absolument ! Une très belle réussite !

    Erik67 Le 24/02/2023 à 07:44:30

    Alors que j'avais lu le premier tome en 2015, j'ai effectué une petite pause pour attendre la parution complète de cette collection que j'ai acquise dernièrement. En effet, j'aime bien terminer ce que je commence. J'ai relu bien évidemment le premier tome, histoire de me remettre dans le bain. J'avais une petite appréhension sur le second tome. Est-ce qu'il serait aussi bien que le premier ?

    Ce second tome autobiographique marque les années d'enfance 1984 et 1985 pour l'auteur Riad Sattouf. Ce sont les conditions de sa vie d'écolier dans son village rural en Syrie qui sont évoqués. Cela couvre une période plus restreinte de sa vie après un premier tome partant de 1978 à 1984.

    On peut être assez sérieusement choqué par la place de la religion ainsi que de l'Etat dans le système scolaire ce qui favorise un peu plus la pression sur les futurs citoyens syriens de la dictature de Bachar Al-Assad qui a succédé à son père Hafez lui-même dictateur. On sait qu'il s'est maintenu au pouvoir grâce à un autre dictateur venu de Russie en ensanglantant son pays à feu et à sang et en utilisant également des armes chimiques sur les populations locales soi-disant rebelles.

    Bref, on va découvrir les méthodes pédagogiques très musclées de la part des professeurs syriens. On voit que cela sert l'objectif de conserver l'ignorance du peuple afin de maintenir la dictature au pouvoir. Il est vrai qu'apprendre le Coran avant de maîtriser la lecture est l'objectif prioritaire de cet Etat.

    J'ai bien évidemment été choqué par cette maîtresse qui frappe avec un certain sadisme de petits élèves en s'en prenant surtout aux plus démunis d'entre-eux. J'ai été également choqué de voir qu'il y a partout des portraits du dictateur alors que le peuple crève de faim et que les magasins sont désespérément vides. J'ai également été choqué par la haine du juif qu'on inculque aux élèves dès le plus jeune âge. Avec un tel système, on peut comprendre que 40 ans plus tard, c'est la guerre et la misère la plus totale dans ce pays.

    Par ailleurs, j'ai trouvé à de nombreuses reprises l'attitude du père de notre petit héros totalement exaspérant. Il promet monts et merveilles à son incrédule et passive épouse qui l'a suivi dans ses délires au détriment du bien-être de sa famille. Certes, il y a des individus qui sont pendus dans les rues de la ville mais c'est comme cela d'après lui, il faut regarder ailleurs. Oui, le déni est bien pratique. Il critique allègrement les français en pensant réellement que c'est mieux la vie en Syrie. Mais pour rien au monde, j'échangerai sa place malgré toutes les imperfections d'une démocratie occidentale.

    Il faut savoir qu'en 2016, les deux premiers tomes se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires (700 000 rien qu'en France) et ont été traduits dans dix-sept langues avec une réception critique excellente dans le monde. L'auteur est devenu une véritable valeur sûre.

    En 2023, la série complète n’a toujours pas été traduit en arabe de par la volonté de son auteur. Il n'en demeure pas moins que c'est un livre très populaire chez les syriens expatriés car Riad décrit la situation avec réalisme et sans embellissement ce qui attire les faveurs du public.

    Un mot sur le trait qui reste toujours très juste et très vivant ce qui facilite la lecture en la rendant assez agréable. Il y a toujours cette bichromie dont la couleur change en fonction des différentes étapes géographiques. En effet, les chapitres changent de couleur au gré de la narration. Ils sont teintés tantôt de bleu, tantôt de rose, tantôt de jaune, avec quelques touches de vert et de rouge.

    Cet « Arabe du futur » est passionnant et captivant depuis le début. Cet album a d'ailleurs eu le grand prix à Angoulême en 2015. Pour une fois, c'est une belle récompense amplement mérité. On en redemande. La classe au-dessus !

    Eotran Le 04/01/2023 à 23:09:59

    Tome ultime de cette série autobiographique, que l'on referme avec une pointe de regret. Celui que ce soit "déjà" terminé, car ce fut un vrai plaisir de lecture.
    Le talent de Riad Sattouf pour faire passer des émotions d'une telle intensité avec un coup de crayon aussi épuré et simple (Simple n'étant du tout utilisé péjorativement) est remarquable. Qualité du scénario, nous fait vibrer et on ne peut que confirmer l'adage : La réalité dépasse la fiction.

    kingtoof Le 27/12/2022 à 14:08:30

    Voila c'est fini,
    Un bon dernier album.
    Je me limite à 3 étoiles, car cet épisode est moins comique que les autres tomes de la série, le temps passe beaucoup plus vite (Riad est entré dans la vie d'adulte) et j'ai trouvé que l'histoire était construite comme dans "Le Jeune Acteur", avec la mise en avant de sa carrière professionnelle...

    janharmony Le 18/12/2022 à 10:54:44

    Un livre qui vous prend à la gorge, une autobiographie qui n'a (presque) peur de rien, une histoire sur l'empreinte parentale, la recherche de sa propre voie et le lâcher prise. Des observations justes qui suscitent d'émotions fortes, et qui se terminent par un rêve sur son père mort qui, dans toute sa simplicité, souligne une fois de plus l'insoutenable légèreté de tout cela. Riad Sattouf, au sommet de son art, est en train de devenir l'auteur phare de sa génération.

    bd91130 Le 05/12/2022 à 13:27:55

    Rien à ajouter à mon avis précédent après avoir lu ce dernier tome. Et pourtant je suis plutôt porté sur le dessin beaucoup plus réaliste, du "beau dessin" comme dit l'auteur à un moment. Mais là, c'est autre chose, on est dans l'auto-biographie magistrale, passionnante, réfléchie, pensée, instructive. Le rappel récurrent du personnage du père, pourtant absent, m'a paru un temps inutile et lourd. Et puis d'un coup, aux trois quarts de l'album, tout prend du sens. Pareil pour la narration du parcours professionnel de l'auteur, qui peut paraitre moins intéressant que ce qui était vécu dans les précédents opus, ou pour le côté psy. Et puis là encore, tout rebondit avant la fin. Ce que raconte Riad Sattouf, ce qu'il livre de sa vie et de sa construction de jeune adulte est tout simplement prenant, impressionnant, ce serait inventé ça ne paraitrait pas crédible. Un sans faute jusqu'au bout.

    minot Le 30/10/2021 à 18:11:59

    En parallèle de sa triste histoire familiale, Sattouf raconte ses années collège au début des années 90. Qu'est-ce que ça m'a fait rire ! Pour avoir eu le même âge que Sattouf à la même époque, je me suis totalement retrouvé dans la description de cette période. Michael Jordan, les Bulls, Nirvana, NTM, les doudounes Chevignon, les petites histoires sentimentales du collège, les premières boum ... il ne manquait que l'OM de Papin et Waddle et tout y était ! Mention spéciale aux différentes catégories d'élèves du collège (les "très beaux", les "moyennement beaux" et les "moches") qui faisait qu'on était un "dominant" ou un "dominé". Ha ha ha ! Mais c'était tellement ça !

    Eric DEMAISON Le 24/03/2021 à 18:51:12

    Avis donné sur les 5 premiers tomes.
    J'ai adoré les deux premiers, j'ai aimé le troisième et puis cela s'effiloche au fil des tomes suivants.
    Le regard faussement naïf s'estompe progressivement pour faire place à un point de vue plus construit qui est celui de l'adolescent. Mais j'ai un peu l'impression d'une sauce que l'on délaye et qui perd en saveur.
    Pour que cette série devienne culte il faut aussi penser à la finir.

    Je conseille à ceux qui aiment de lire "Coquelcot d'Irak" de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim biographie profonde et tendre en un tome sur un sujet proche.

    Benjie Le 06/02/2021 à 18:17:33

    L’Arabe du futur, 5 tomes parus qui nous ont menés de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d’Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne. Fils d’un couple franco-syrien, Riad Sattouf raconte son histoire à hauteur d’enfant puis d’adolescent. C’est pertinent, drôle, tendre, émouvant… L’œuvre est pensée dans sa globalité ce qui donne à chaque album sa place dans la série. Au fil des tomes de cette autobiographie, Riad Sattouf se souvient et raconte avec précision les scènes du quotidien, ses sentiments, ses angoisses d’enfant et d’adolescent dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes. L’auteur revient sur le rapport entre le monde des enfants et celui des adultes, dont il se rapproche au fil des albums, sur le poids du père et son insistance à faire de Riad un musulman accompli fidèle aux traditions, sur ses questionnements sur la religion et la spiritualité en général, et sur une vie familiale qui finit par se déchirer, tiraillée entre l’Orient et l’Occident. Cette magnifique série est à la fois un témoignage et une analyse de deux sociétés qui ont du mal à dialoguer entre elles. Le dessin – on dirait du dessin de presse - est d’une sobriété très efficace. Pas besoin de décors, seuls les personnages captent l’attention et c’est le but de l’autobiographie. Un grand coup de cœur pour cette série !

    bd91130 Le 23/01/2021 à 15:05:59

    Je découvre. Je viens de me faire toute la série, du 1 au 5. Et je conseille absolument !!!
    Bon, bien sûr, s'il n'y avait pas le bouche à oreille et le succès de librairie, ce n'est pas le dessin qui aurait pu m'accrocher. Mais peu importe.
    Pour raconter sa vie, il faut penser que ça peut intéresser les gens, qu'il y a matière. Et là, bingo... une enfance et une adolescence très particulières, une double culture, un double regard, un double étonnement. L'école, les enfants, les adultes, les jeunes, les sociétés si différentes, la place (ou non) des religions, le poids des traditions et de la famille, les préjugés, les clichés, les à priori, la découverte de la vie, des autres, parfois la peur, l'inquiétude... C'est drôle ou dramatique selon les moments, mais jamais dramatisé. Riad Sattouf prend les yeux de l'enfant puis ceux de l'ado, il voit, il découvre, il s'étonne parfois, il relate, il constate. Mais il ne juge pas, l'enfant se souvient, il raconte, c'est tout, ce n'est pas le rôle de l'enfant de porter un jugement, et certainement pas sur ses parents ; tout juste un regard un peu plus critique quand il avance dans l'adolescence. Mais jamais manichéen.
    Drôle ou émouvant parfois, passionnant toujours. Vivement la fin !

    kingtoof Le 09/01/2021 à 19:31:50

    On finit de lire ce 5ème opus et on n'a qu'une envie c'est lire le prochain.
    Un album totalement sur l'adolescence !
    Le travail de Riad Sattouf est un magnifique retour sur la société et la culture des années 90 : une vraie "madeleine de Proust".

    Freddy Lombard Le 16/11/2020 à 15:20:45

    Autobiographie romancée, le chef d'oeuvre en cours de Riad Sattouf s'étale sur des centaines de pages : comme toujours avec Sattouf on prend des coups de poing tout le temps : personne n'est innocent, personne n'est adulte, c'est lui, c'est eux, c'est nous, et on prend tous cher.

    Pierski Le 19/10/2020 à 23:14:11

    J'ai commencé par ne pas accrocher... C'est quoi ce truc que TOUT LE MONDE trouve génial ? Effet de mode ? Véritable chef d'oeuvre ? Alors je m'y suis plongé avec grand grand mal... Ah ce trait qui semble laborieux, maladroit, trop simple. Et, au bout d'une quarantaine de pages, j'ai perçu que ce dépouillement servait une histoire douloureuse, dont LA force est de raconter, de façon plate, des événements perçus par un enfant, avec une innocence qui laisse une vraie place au lecteur. C'est en effet ce dernier qui fait le boulot d'interprétation, qui évalue, qui analyse, qui se fait son opinion. Et c'est cette rencontre entre l'enfant, l'Histoire et le lecteur qui fait le truc et laisse une empreinte durable à cette lecture. Pour moi, cette série trouve une place très particulière dans l'abondante offre de BD francophone. Mais je conçois parfaitement qu'on puisse détester ou ne pas accrocher. Un conseil ? Empruntez-le, essayez, et voyez par vous même.

    Erik67 Le 02/09/2020 à 00:21:13

    J’ai découvert cet auteur véritablement qu’assez récemment avec « Retour au collège » bien que j’avais lu auparavant Petit Verglas ou le fameux Pascal Brutal. En l’occurrence, il s’attaque à un récit autobiographique assez ambitieux. C’est un témoignage assez intéressant de ce qui se passait en Lybie et en Syrie à la fin des années 70 et au début des années 80. Cet ouvrage vient d’être primé du fauve d’or lors du festival d’Angoulême de 2015 non sans raison.

    Sur le fond et la forme, je n’ai rien à dire de particulier. J’aime ce genre de roman graphique où l’auteur se dévoile sans complaisance et nous dresse le portrait de sa famille. C’est une démarche tout à fait honnête. L’itinéraire est en tout cas assez passionnant à suivre.

    Je sais que nos sociétés occidentales ne sont pas exemptes de tous vices et sont souvent des donneurs de leçons. Cependant, j’aime y vivre car je me sens en liberté même si elle est relative par certains côtés (avoir de l’argent procure encore plus de libertés). Dans les pays où l’islam occupe une large part, les minorités que ce soit des chrétiens, des gays ou surtout des femmes sont persécutés. Les Etats sont souvent sur un mode autoritaire avec peine de mort ou châtiment corporel. Je ne partage pas du tout l’idéal ou la vision du père de notre auteur qui est mis en avant dans cet ouvrage. C’est pourtant un intellectuel au début laïc et qui va tomber progressivement dans le piège de la religion. Bon, j’emploie le mot intellectuel mais c’est déjà exagéré que de le dire surtout quand on voit ses réactions et son attitude. Con et antipathique en réalité doublé par un antisémitisme pourrait penser de nombreux lecteurs alimentant des pensées extrémistes.

    Oui, il faut en vouloir pour justifier la vie sous un régime dictatorial de Kadhafi ou d’Hafez el-Assad. Ainsi, lorsque son épouse d’origine française s’émeut en voyant des pendus dans la rue, il justifie par le fait que c’est nécessaire pour gouverner les masses arabes. Il est vrai qu’à la révolution française, nous avons fait pareil. C’était il y a trois siècles. Bref, on éprouve un certain malaise car certains événements font froid dans le dos. Heureusement qu’il y a l’humour mais on n’a pas franchement envie de rire quand on découvre cette société.

    On s’aperçoit également que les dictatures permettent de conférer une stabilité à un pouvoir politique. Les successions de coup d’état et la guerre civile ne sont pas propices à conférer la prospérité au peuple. Il faut parfois sortir de la vision occidentale pour comprendre les choses en profondeur. Cependant, cela reste condamnable sur la forme (culte de la personnalité, répression politique…).

    Je ne sais pas où l’auteur veut en venir et s’il dénonce véritablement cette vision des choses. L’œil est pour l’instant candide et naïf : celui d’un enfant de deux ans qui se rappelle de tout. A voir dans les deux autres tomes qui suivront. Gageons que l’arabe du futur soit un homme éclairé vivant dans une société pacifique, démocratique et prospère. Oui, à condition de sortir de l’obscurantisme religieux.

    kingtoof Le 01/02/2020 à 14:38:53

    Excellent album sur la suite des aventures de jeunesse de Riad Sattouf.
    On adore détester son père, qui est un sacré connard !
    C'est drôle et tragique à la fois.

    Au Fil des Plumes Le 16/03/2019 à 18:54:42

    Je m'étais déjà frottée à L' Arabe du Futur mais j'avoue que ma lecture ne m'avait pas laissée un souvenir impérissable. Mais ayant eu de très bons échos du tome 4, j'ai décidé de poursuivre ma lecture. Grâce au Festival de la BD du site Rakuten, j'ai pu recevoir ce dernier tome.Nous découvrons donc le petit Riad dans les prémices de son adolescence. Ballotté entre la Syrie et la France, entre son père et sa mère, le jeune homme tente de se construire sa propre identité.Je comprends que Riad Sattouf  est fait plusieurs tomes avec sa vie car il y a énormément de choses à dire. Sa vie est un véritable roman! Le scénario de cette BD est terriblement prenant. Je me suis complètement laissée happer par le tourbillon de la vie de l'auteur et en un rien de temps, je me suis retrouvée à la fin de ce roman graphique. Alors que les précédents tomes étaient agréables à lire mais sans plus, ce dernier est une véritable bombe! Et que dire de la fin qui nous laisse tout pantelant! On veut connaître désespérément la suite! Alors, vivement le tome 5!Quant à l'esthétique, elle reste fidèle à elle même, des dessins simples mais efficace et une ambiance en noir et blanc qui sont la signature de Riad Sattouf.

    http://aufildesplumesblog.wordpress.com

    JRT Le 16/01/2019 à 03:48:01

    Je ne connaissais pas cette série, ce premier tome m'a emballé. Certes la critique des pays arabes (Libye, Syrie) peut sembler féroce, mais la France n'est guère mieux dépeinte, avant tout il s'agit de la vision d'un enfant "différent" qui a du mal à s'adapter à ces cultures si opposées. Je trouve dans cet album de l'humour, de la tendresse (malgré l'ironie et la noirceur, il y a aussi de l'amour et je pense un peu de nostalgie quand même) l'histoire est prenante puisque, arrivé à la dernière page, on a envie de lire le tome 2 et les autres ! Un mot sur le dessin, qui déplaît à certains : il est simple voire naïf mais s'adapte parfaitement au sujet et au ton (il aurait été déplaisant d'avoir un dessin plus réaliste).

    herve26 Le 06/01/2019 à 21:53:18

    J’ai relu les trois premiers volumes de "l’arabe du futur",dont le dernier remonte à 2016 avant de me lancer dans la lecture de cet imposant quatrième opus de 280 pages que j’ai dévoré d’une traite.
    J’ai trouvé cet opus encore plus passionnant que les autres pour plusieurs raisons. Peut-être que les années « collèges » de Riad Sattouf m’ont directement fait écho à certains souvenirs personnels. Les rapports entre le père et la mère de Riad , de plus en plus tendus, donnent à cette histoire du piment à cette aventure. D’ailleurs plus on avance dans l’histoire personnelle de Riad Sattouf, plus on a de la sympathie pour cette femme, qui a tant endurée. Et puis, il y a les premières amours du petit Sattouf qui sont assez drôles
    Au début des albums, le père apparait comme le plus souvent maladroit, radin, distrait et drôle, souvent loin des considérations matérialistes mais au fur et mesure des livres, l’obscurantisme de son père devient flagrant (on se demande encore comment un docteur diplômé de la Sorbonne puisse s’offusquer d’une reproduction d’un Degas affiché dans l’appartement) pour arriver à la page dramatique finale.
    Quelle évolution ! Car ce n’est pas seulement de sa jeunesse que nous parle Riad Sattouf, mais aussi d’une certaine vision politique de notre société.
    Bref, j’ai adoré ce quatrième opus. Pour tout dire, j’ai lu en deux jours les quatre volumes qui composent cette saga familiale encore inachevée. Vivement le suivant.

    une de mes meilleures lectures pour un livre de 2018.

    minot Le 15/11/2018 à 17:37:29

    Bien que les premiers tomes ne m'aient pas du tout emballé, j'ai quand même fait l'effort (c'est le mot) de poursuivre la lecture de L'ARABE DU FUTUR. Eh bien, j'avoue que plus cette série progresse, plus elle s'améliore. Pas au niveau du dessin bien sûr, toujours aussi naïf et inintéressant à mon goût. Mais l'autobiographie de Riad Sattouf devient de plus en plus accrocheuse, je trouve.
    Déjà parce que l'auteur n'a pas son pareil pour raconter des événements graves ou tragiques de manière drôle et légère, ce qui fait que la lecture de ce quatrième opus est vraiment amusante (en particulier les séquences - aussi cruelles que ridicules - où Riad se retrouve au collège en France, qui m'ont rappelé mes propres années collèges au début des années 90). Et puis, l'histoire familiale de Riad Sattouf devenant de plus en plus compliquée, on a vraiment envie de savoir comment tout ça va évoluer, et quelles répercussions elle aura sur l'auteur.
    Toutefois, si la lecture est souvent drôle, elle est aussi souvent dérangeante, notamment lorsque Sattouf met en scène son père. Le portrait peu élogieux que dresse Riad de son père (raciste, misogyne, intégriste, arriviste, révisionniste, lâche, menteur ...) rend ce dernier de plus en plus détestable, au point qu'on peut se demander si l'auteur n'a pas forcé le trait pour régler ses comptes avec son paternel.
    Ce qui ne semble malheureusement pas être le cas, vu la manière effroyable dont se termine ce tome 4. Une fin totalement hallucinante qui me fait maintenant attendre avec impatience le volume suivant, alors que cette série ne me passionnait pas du tout au départ. Bien joué Riad !

    loel Le 30/09/2018 à 17:58:15

    Enfin une histoire des arabes vue de l'intérieur.
    Les grincheux qui donnent de mauvaises notes n'ont rien compris à la sincérité de l'auteur.
    Il y a des passages très durs mais c'est l"apprentissage de la vie et les petits français peuvent aussi être méchants.
    Riad a souffert dans les deux cultures car chaque pays a ses codes personnels et les enfants binationaux doivent apprendre 2 fois.
    Encore bravo pour sa lucidité et son talent.
    Vivement le tome 5.

    kingtoof Le 31/01/2018 à 07:42:27

    Plus les albums passent, plus j'apprécie cette série !
    Dans ce 3ème opus, Riad Sattouf ouvre sa réflexion plus profondément sur la religion et notamment l'Islam. Il continu de nous montrer les contradictions internes qui déchirent son père, (tout comme la société arabe de l'époque) : entre tradition/religion et modernisme/occidentalisme.
    Spécial dédicace à la description du film "Conan le Barbare".

    kingtoof Le 21/01/2018 à 16:34:29

    Riad Sattouf relate et exorcise son traumatisme d'écolier syrien.
    J'ai préféré ce second tome au premier.
    Même si l'auteur continu de régler ses comptes avec son père (moqueries et reproches).

    Tiburce2 Le 20/06/2017 à 13:55:38

    Je me suis arrêté au milieu, incapable d'aller plus loin. Je précise que c'est rarissime, d'autant que je suis d'ordinaire friand de ce genre de récit vécu racontant la vie dans d'autres pays / civilisations.
    J'ai trouvé le ton présomptueux, le propos complètement creux et sans objet, et le dessin peu expressif. Vacuité colorée et autocentrée...
    Bref, je suis passé complètement au travers, et l'ai reposé sans regret.
    1/5

    pouetepremier Le 19/06/2017 à 22:12:01

    Les autobiographies je trouve ça un peu présomptueux, mais j'ai continué l'effort,( je me déplace pas la médiathèque pour rien ! lol)...vraiment j'ai de nouveau trouvé ça chiant...je trouve 10 fois plus d'émotions dans Pascal Brutal que dans cette autobiographie...Ma sensibilité n'est vraiment pas touchée. Je ne comprenais pas la mère,,,,je comprend pas vraiment le père....et j'ai du mal a suivre la fils !! Pour tout dire l'histoire de Sattouf avec papa maman c'est aussi chiant que moi chez papa maman ....pas de quoi en faire 3 Tomes

    pouetepremier Le 03/02/2017 à 20:17:57

    J'adorais Pascal Brutal, je trouvait que cela apportait quelques chose de nouveaux a la BD. Je dois etre l'un des rare a m'etre vraiment ennuyé en lisant l'arabe du futur...j'ai lutté pour lire les 2 premiers Tome, je me suis profondement ennuyé

    herve26 Le 05/01/2017 à 22:25:36

    Autant le premier volume m'avait surpris et enthousiasmé (je n'attendais pas Riad Sattouf sur ce terrain), autant le deuxième opus m'avait un peu freiné dans ma lecture (l'aspect scolaire étant à mon avis trop présent).
    Mais là Riad Sattouf a réussi à relancer mon intérêt pour son autobiographie , notamment avec le personnage de son père, à la fois maladroit, rêveur et on peut le dire souvent à côté de ses babouches. Mais les thèmes abordés sont aussi plus variés dans cet opus: la famille, évidement, le ramadan, la corruption, la religion, le couple etc.
    Et le témoignage de Riad Sattouf sur cette Syrie tant meurtrie, prend aujourd'hui toute son ampleur. Les villes de Homs, d'Alep ou de Damas n'ont plus le même attrait qu'à l'époque où Riad Sattouf les fréquentait.
    Pour en revenir au père, j'ai adoré la dernière page de ce troisième tome, je n'en dit pas plus....grandiose !

    pokespagne Le 17/12/2016 à 18:50:42

    Après un premier tome qui m'avais embarrassé de par ses ambiguités, et un second qui m'avait réconcilié avec le travail autobiographique assez exceptionnel auquel se livre Riad Sattouf, que dire d'un troisième volume qui poursuit dans la droite ligne du précédent ? Eh bien, on peut répéter tout le bien qu'on pense des dessins à la fois superbes et efficaces (quelle évolution depuis les débuts de Sattouf !), et d'une narration prenante - la vitesse à laquelle on dévore chaque nouveau tome de "l'Arabe du Futur" en témoigne. On peut constater qu'on est dans une indéniable continuité du récit, ce qui nous prive cette fois de l'impression de découverte saisissante de nouveaux aspects de la vie en Syrie : si quelque chose a bougé, c'est le regard - plus empathique peut-être - que Riad porte sur ses parents, entre un père dont on saisit pour la première fois la confusion et les souffrances qu'elle entraîne, et une mère qui manifeste désormais clairement sa révolte par rapport au mode de vie qu'on lui impose. Cette profondeur nouvelle de personnages qu'on pouvait juger jusqu'à présent presque caricaturaux est-elle liée au fait que l'enfant Riad est arrivé à un âge où il perçoit et comprend mieux le monde adulte ? En tous cas, elle laisse bien présager du prochain volume, qui devrait en plus marquer une rupture avec une nouvelle vie en… Arabie Saoudite !

    Wonderphil Le 06/11/2016 à 05:44:28

    Vraiment pas de quoi en faire le phénomène parigo-littéraire que c'est devenu. L'histoire est intéressante, on apprend des choses, mais la narration devient agaçante, voire infantilisante, avec un traitement graphique vraiment poussif et fainéant.

    Miss7ic Le 24/10/2016 à 12:13:31

    Un phénomène de mode, j'imagine...
    J'ai lu les 3. Aucun intérêt. Pas d'empathie pour le personnage, dessin plus que très moyen.
    Rien à voir avec du Delisle selon moi...

    lacale Le 19/10/2016 à 13:21:46

    j'ai essaye , mais pas pu, BD branlette, dessin médiocre, voir nul scénar moyen, bref juste a chier, désolé

    pouetepremier Le 21/02/2016 à 12:11:54

    Une BD qui se laisse lire sans vraiment réellement m'accrocher. J'ai aussi un ressenti plutôt négatif sur l’ambiguïté du père de Riad et autant pour l'effacement de la mère réduite a pas grand chose ( elle donne le sein et elle aime paris match...SUPER !). Tout ce mélange culturo, politico religieux est surement très enrichissant pour Riad, malheureusement pas pour moi, le message (s'il y a ) ne passe pas et je ne vois pas bien ce qui fait le si grand succès de cette BD.

    Rody Sansei Le 06/12/2015 à 19:10:09

    Une BD dans la même veine que Persopolis ou que les diverses chroniques de Guy Delisle (Shenzhen, Pyong Yang, chroniques birmanes). Très bon, et qui ne donne pas du tout envie d'aller "visiter" les pays décrits.

    Alcapone Le 04/11/2015 à 22:15:40

    "Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Lybie de Khadafi et la Syrie d'Al-Assad" peut-on lire en quatrième de couverture de cet album. Riad Sattouf y revient sur son enfance passée en Libye et en Syrie de 1978 à 1984. Né d'une mère française et d'un père d'origine syrienne, l'enfant jouit d'une double culture quelque peu déstabilisante surtout lorsque ses parents s'installent avec lui au Moyen-Orient et qu'il découvre sa famille paternelle. L'éducation du père calquée sur des modèles orientaux se heurte parfois à l'incrédulité de la mère qui s'étonne parfois de découvrir des facettes inconnues de son compagnon. D'anecdotes en souvenirs d'enfance, c'est avec une naïveté déguisée que le petit garçon aux bouclettes blondes évolue parmi ses cousins syriens dont il ne connait pas la langue et qui lui renvoient l'image d'une certaine vision du monde...

    L'Arabe du futur, un succès retentissant qui fait honneur à un style de BD dédié aux néophytes
    Primé Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2015, ce premier tome de L'arabe du futur de Riad Sattouf a créé l'événement à sa sortie en octobre 2014. Peut-être parce qu'il proposait une œuvre sur un créneau dans lequel on ne l'attendait pas, Riad Sattouf qui aborde ici ses souvenirs d'enfance passés en Libye et en Syrie, surprend par son projet. On le connaissait surtout pour ses travaux auto-dérisoires traitant de l'âge ingrat. On le retrouve ici mu par l'envie de raconter une enfance passée dans ces pays qui font la triste une des actualités politiques du Moyen-Orient. Pari difficile donc pour cet auteur de faire la bascule entre les deux genres mais le coup de crayon reste bien reconnaissable et le ton est proprement ajusté. Peut-être que Riad Sattouf a t-il voulu ainsi donner de sa voix dans ce créneau largement déjà exploité par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi et son Persepolis ? Toujours est-il que le résultat mérite une lecture qui certes, ne marquera pas durablement les esprits mais qui propose un angle de vision intéressant : celui du souvenir à travers les yeux d'un enfant... Une sorte de témoignage du passé qui devait construire l'Arabe du futur... et dont l'objectif est de mettre fin à la mauvaise presse de la BD souvent considérée comme une lecture légère destinée aux lecteurs "débiles" (cf. cet article du Monde).

    ... Mais qui a déjà été bien mieux exploité au travers de multiples romans graphiques...
    Si l'intention est noble, elle ne séduit malheureusement qu'à moitié : le style Sattouf tant marqué par la légèreté des problématiques d'ados, peine à convaincre les lecteurs d'une sérieuse démarche de popularisation du roman graphique (bien que ce soit en l'occurrence le cas). Cela a déjà été brillamment réalisé par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi ou Zeina Abirached dans des styles graphiques bien plus singuliers et dignes d'attention. Au regard de son histoire, c'est vrai que l'auteur a matière à exploiter ce filon mais on retrouve si peu l'ado complexé de ses précédents livres qu'on a l'impression qu'il ne s'agit pas du même auteur. Et puis le ton adopté à travers les mots d'enfants sonne mal : des souvenirs évoqués, il y a beaucoup de reconstitutions qui sortent trop à mon sens du cadre des souvenirs car Sattouf prête à une voix d'enfant des considérations d'adultes (comment peut-on en effet s'étonner des différences culturelles ou rapporter de telles anecdotes lorsque l'on a que 6 ans et que l'on vit la chose ?)... Même si cette BD offre un moment de lecture agréable, ce qui gêne finalement le plus, c'est qu'outre le prétexte de "fermer le clapet une bonne fois pour toutes à ceux qui pensent que la BD est destinée aux débiles légers", on comprend difficilement la pirouette du dessinateur... Cette chronique est certes un peu dure mais heureusement que tout le monde n'est pas toujours d'accord... Cela dit, c'est avec une grande curiosité que je lirai le second volet de la trilogie...

    minot Le 02/10/2015 à 19:29:22

    Décidemment je n'accroche pas du tout ! Une histoire que je trouve ennuyeuse à mourir, des personnages désagréables au possible et un dessin des plus rudimentaires. La suite de la série se déroulera dorénavant sans moi. Dommage, j'aurais bien aimé accrocher ...

    naf Le 07/09/2015 à 17:09:38

    On ne lit pas "l'Arabe du futur" (tome et 1 et 2) pour sa qualité graphique (dessin franchement sommaire) mais pour la qualité de son scénario. Ces deux ouvrages se lisent comme de véritables livres d'histoire politique. Telle une leçon pour mieux comprendre un pays méconnu -la Syrie- et appréhender les différences culturelles entre le Moyen-Orient et l'Occident. La grande qualité de Riad Sattouf est d'arriver à aborder des problématiques de fonds avec simplicité grâce à son regard d'enfant (à l'époque). Vicement la suite.

    pokespagne Le 18/06/2015 à 17:58:39

    Je l'avoue avec beaucoup d'allégresse (car j'aime en général le travail de Riad Sattouf), les réticences que j'avais eues à la lecture du premier tome de "l'Arabe du Futur" se sont vues partiellement dissipées par ce second volume du "journal" de l'enfance de Sattouf. Peut-être parce que je me suis peu à peu habitué à la noirceur univoque de son récit auto-biographique. Plus certainement parce que cette seconde "tranche de vie" est narrée de manière plus fine que la première : centré sur la Syrie (un seul passage en fin de livre en France, pour offrir un contrepoint assez saisissant), le livre est à la fois plus "politique", au point que j'y ai retrouvé un peu des échos des livres de Guy Delisle, dans sa description de l'absurdité du régime syrien, mais aussi de la barbarie de la société (ces "crimes d'honneur", dont l'impunité conclut le livre de manière accablante), mais est aussi plus "humain". La bêtise aveugle du père de Riad, qui condamne sa famille à une vie sans joie, l'absence de rébellion de la part de son épouse, la méchanceté systématique des enseignants, des voisins, des parents en Syrie, se voient contrebalancées par quelques moments de légèreté, de bonheur presque (la découverte de Tintin, le crabe...) qui permettent d'admettre enfin que tout dans la vie n'est pas un cauchemar. Et ce rai de lumière qui perce par ci, par là, change beaucoup de chose au plaisir du lecteur. Il faut aussi souligner que le dessin de Sattouf acquiert dans ce livre une vraie élégance, qualificatif qu'on avait en général du mal à lui attribuer : comme il l'annonce lui-même dans de récents interviews, son admiration pour la "ligne claire" commence à se traduire dans son style, et c'est vraiment un point positif de plus. Au final, même si la lecture de "l'Arabe du Futur" reste un exercice assez déprimant, la richesse des informations qu'il apporte sur un pays et une époque méconnus, et le début de sympathie qu'on se surprend à ressentir pour certains personnages emportent cette fois le morceau.

    misspanchoe Le 09/04/2015 à 16:31:06

    Je m'y suis reprise à plusieurs fois avant d'acheter ce livre : on me l'avait vivement conseillé et j'étais tentée mais en retenue. Je me suis plongée dedans avec facilement mais j'avoue être mitigée quant à mon ressenti final.
    Cette histoire est prenante et émouvante tant elle relate des vécus qui ne sont ni anodins ni simples voire traumatisants. J'ai été émue d'être immergée dans cette vie, et parfois mal à l'aise également, je dois l'avouer (et c'est sans doute une bonne chose).
    Je trouve que c'est un livre fort pour ce qu'il transmet mais je n'ai pas été transportée pour autant (sans doute n'était-ce pas le but de l'auteur d'ailleurs). Par ailleurs, la simplicité des dessins m'a plue.
    Pour être complètement honnête, je crois qu'il mérite une seconde lecture / seconde chance mais ce ne sera pas pour tout de suite.

    vincent duduche Le 22/03/2015 à 13:20:49

    5 étoiles sans même réfléchir. Pas besoin d'un long commentaire, ce récit est juste et bourré de détails. Un premier volume qui laisse sur sa faim, évidemment.

    Je suis triste de lire des commentaires qui s'aventurent à dire que ce livre pourrait être une oeuvre du FN. Leurs auteurs dévoilent sans le vouloir le fond de leur pensée. Là où ils voient la description d'un monde horrible et d'une expérience traumatisante, leurs propres peurs en somme, vous y trouverez sûrement une histoire pleine de sincérité, une réflexion sur l'autre.

    Sattouf sait conserver, aujourd'hui, le regard de l'enfant qu'il était, pour narrer cette histoire.

    herve26 Le 09/02/2015 à 22:00:43

    Cela faisait un moment que je tournais autour de ce livre.
    Sans doute à cause de sa parenté graphique avec les albums de Guy Delisle (que j'adore) ou encore ceux de Marjane Satrapi, que j'avais découvert il y a quelques années.
    Ce n'est pourtant pas son récent prix à Angoulême qui m'a fait penché vers l'achat de cet album. En effet, son précédent prix pour "Pascal Brutal" m'avait laissé de marbre à l'époque. Et, je l'avoue, c'est la première fois que je lis un album de cet auteur.

    Avec, ce premier album retraçant son enfance, j'ai adoré ce que je retrouve chez Delisle: dépaysement, décalage, et surtout ici (pour ceux qui comme moi ont le même âge que Riad Sattouf) une autre idée des années 80 , très loin du mode de vie occidental que l'on connaissait.
    Avec ce premier opus, Riad Sattouf nous offre une vision assez pessimiste d'un monde arabe tourné vers le despotisme de Kadhafi, en Lybie, ou d'Hafez Al-Assad en Syrie, despotisme appelé à être renversé d'après son père, visionnaire des printemps arabes , avant l'heure.
    Outre, cet aspect, Riad Sattouf nous enseigne , avec une facilité déconcertante, les différences entre sunnites et chiites, qui encore de nos jours, bouleverse l'équilibre du monde arabe.
    Choc des cultures, entre orient et occident, choc des civilisations entre Bretagne et Lybie (et Syrie), cet ouvrage est vraiment remarquable, et je serai au rendez-vous, sans hésitation, pour le second volume.

    Un prix amplement mérité à Angoulême pour cette année 2015.

    minot Le 26/12/2014 à 12:58:11

    Que penser de L'ARABE DU FUTUR, un livre aussi étrange que déplaisant ? Effectivement la lecture de cet ouvrage met mal à l'aise : honnêtement je n'ai pas ri (ni souri) une seule fois, par contre je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un certain malaise à la lecture des évènements subis par le jeune Sattouf, en Libye comme en Syrie. Des évènements assez dramatiques et qui font plutôt froid dans le dos, et que la narration de l'auteur ne parvient pas à rendre drôle. Un humour peu présent, des personnages antipathiques (en particulier le père, d'une connerie absolue), et un dessin très très basique (certains aimeront et parleront de style; pour ma part je n'accroche pas du tout). Bref, un ouvrage auquel je n'ai que peu adhéré.