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Cet ouvrage est un documentaire sur la catastrophe qui a frappé Fréjus le 02 décembre 1959, lorsque le barrage de Malpasset a cédé.
Barrage réalisé 5 ans auparavant, qui n'a jamais été d'aucune utilité et qui a été construit dans un souci d'économie : résultat une vallée dévastée, l'ancienne ville de Fréjus rayée de la carte et surtout 423 morts, laissant les survivants dans le deuil et le néant...
Cette BD contient les témoignages de nombreux survivants marqués à vie par cette catastrophe.
Un livre très émouvant !
La bande dessinée permet également de rendre hommage, de se souvenir. Il est vrai que Malpasset est tombé dans l'oubli. C'est pourtant l'une des pires catastrophes meurtrières qu'a connu notre pays. Cela s'est passé à Fréjus et il y a eu 423 morts sans compter des dégâts matériels considérables.
En effet, beaucoup de gens ont perdu leurs maisons, leurs exploitations, leurs usines ce fameux 2 décembre 1959. Des millions de mètres cubes d'eau se sont déversés dans la vallée suite à un barrage mal construit pour des raisons d'économies. Pour autant, les responsabilités humaines ont été écartés lors des suites juridiques mais la bd ne fera pas état de cela.
On a droit à des témoignages qui se compilent les uns avec les autres dans une sobriété absolue et qui est voulue par les auteurs. C'est un documentaire de 144 pages. Il y a une certaine authenticité. C'est assez poignant par moment. On a l'impression que ces faits ont été oubliés de manière volontaires afin de passer à autre chose. Le général de Gaulle avait écrit lors de sa visite que Fréjus devait renaître.
Corbeyran montre un talent dans la composition de quelque chose de différent, loin de l'univers des Stryges. Quant à Horne, le dessin réaliste lui va bien. Cependant, malgré toutes les qualités de cette oeuvre dans le genre "devoir de mémoire", c'est assez monotone dans la construction. Certes, cette rigueur imposée permet de donner le ton juste. A travers les témoignages, on arrive à revivre cette catastrophe. On peut le prendre comme un avertissement contre toutes les catastrophes civiles futures.
Ce livre est le résultat d’un projet de Thierry Joor directeur éditorial chez Delcourt. L’idée est de rendre compte des grandes catastrophes qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Pour Corbeyran, l’évidence se situe à Fréjus ou pas très loin, là ou vie familiale et amitiés l’emmènent régulièrement. 2009, cinquantenaire de la tragédie de Malpasset, on en parle beaucoup et Corbeyran découvre cette tragédie. L’idée lui vient alors de construire un récit. Mais son point de vue l’éloignera du sensationnalisme et de la relation chronologique classique, c’est en faisant un travail d’enquête auprès de rescapés, en recueillant des témoignages que l’idée lui vient de se concentrer sur les paroles et les émotions, sur la relations de vie brisées par une tragédie et leurs effets encore visible et touchant cinquante années plus tard.
Angle d’attaque original, assez loin du pathos, difficile car sans reconstitutions d’« images » édifiantes (la tragédie s’est passée une nuit de décembre) et pourtant réussite scénaristique de Corbeyran, et défi pour le dessinateur de rendre compte de la douleur des gens et des interviews.
Seuls trois passages (une dizaine de pages) nous renvoient au moment des faits, le reste nous montre les personnes interviewées. Horne a su trouver des images simples illustrant les propos des rescapés en montrant des objets (un escalier, quand les gens se réfugient dans les étages, une radio, des fils électriques – alors que le courant a sauté – des bottes sales, des briques, un canot de sauvetage, etc…) qui nous permettent d’imaginer, de reconstruire à partir de ces quelques indices ce qui a pu se produire. Des mots, quelques images, le son (trouvaille d’une case rayée de grosses lignes blanches reproduisant un K R O entremêlés rendant le fracas de l’eau déchainée) et notre imaginaire reconstruisent l’horreur de cette nuit tragique.
Paradoxe pour un médium de l’image de finalement ne rien montrer d’explicite, mais de suggérer et de laisser l’imaginaire du lecteur faire son travail.
Une bande dessinée réussie qui reste au plus près des victimes, n’éludant pas les polémiques (beaucoup d’argent fut récolté et distribué, mais aucun suivi psychologique) sans prendre parti, montrant simplement les ravages de la catastrophe.