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le Prado nous a pondu son chef d’œuvre avec cette histoire originale pour le moins , fantastique, accompagnée de ses merveilleux dessins en couleurs directes. Un enchantement pour cet auteur miraculeux.
Juste une pure merveille en couleur directe sur 250 pages. Je partage totalement l'avis de jfmal puisque pour ma part ce dessinateur fait partie des tres tres grands de la bande dessinee. Trazo de tiza etait deja spectaculaire au niveau des dessins mais je dois dire que la nous sommes sur qqchose d'unique. La qualite du dessin est juste a tomber a la renverse. Un tres tres grand dessinateur pas reconnu a la hauteur de son talent mais qui est en Galice un des artistes les plus important de notre histoire.
J’adore résolument ce que fait Miguelanxo Prado. J’ai été enthousiasmé par l’autre œuvre graphique de l’auteur qu’est Trait de craie (lire ma critique correspondante).
Cette œuvre est résolument tournée vers la dimension esthétique du dessin. Il faut d’abord souligner le format un peu plus petit que le A4 de cette BD : 19*26. L’impact graphique aurait été encore plus grand en format traditionnel franco belge. Le nombre de case est réduit, les bandes horizontales dominent les pages, et les dessins prennent proportionnellement plus d’impact visuel. Cette importance du dessin est soulignée par les bulles translucides qui laissent passer les couleurs. Et justement, les couleurs sont bien présentes, magnifiques, bien utilisées. Les personnages me semblent dessinés plus en rondeur que sur trait de craie, mais de manière similaire à d’autres travaux de Prado. La technique de dessin laisse une grande place aux coups de crayons de couleurs, dans le sens où les plages de couleurs semblent être structurées par ses coups de crayons. L’apparence des dessins prend par conséquent un style bien particulier que personnellement j’apprécie beaucoup. Le rendu est différent de celui de trait de craie, qui ressemble plus à une peinture ou un pastel : les techniques ne sont pas identiques et j’adore çà.
Au niveau du scénario, je mets un bémol sur les 2 ou 3 articles à caractère scientifique qui parsèment l’album et me semblent de peu d’utilité à la trame générale. Quant à l’histoire, c’est celle d’une quadragénaire qui part sur les traces de son grand père parti pour le nouveau monde chercher fortune en laissant sa femme et ses deux filles. Elle recherche des témoins qui auraient pu le connaître là-bas. Il se trouve que le Vieux Fidel pourrait avoir connu le grand père. L’histoire tourne autour de ce personnage central, à la mémoire défaillante, qui semble vivre ses souvenirs comme des scènes réelles, mais remaniées par son imagination. Ainsi, les personnages dans sa tête semblent aussi réels au lecteur que les autres. Les gens âgés se souviennent de tous les anciens souvenirs qui refont surface, mais lorsque la démence sénile s’installe, les souvenirs ne sont pas aussi précis qu’auparavant et l’imagination tend à combler les blancs qui apparaissent dans la trame du souvenir, voir même à les remplacer. La mémoire joue des tours, mais quand on veut absolument se souvenir, alors on peut même imaginer un souvenir. Se faisant, le mystère plane : Est-ce que ce sont de vrais souvenirs ? de vrais personnes qui ont existé et qui survivent dans l’esprit de Fidel ? L’histoire est agrémentée de flash-backs qui tendent à éclaircir le fil des évènements dans l’esprit du lecteur. On découvre au fur et à mesure les tenants et aboutissants. Il semble que les souvenirs de Fidel soient justes (au delà des scènes imaginaires entre personnages de souvenirs), mais que par quelque mystère, ceux-ci lui ont été transmis par l’Ardalen, le vent du Sud ouest, en provenance d’un certain Antonio.
Le jeu des personnages est assez émouvant, prenant. La dimension psychologique est ce qui caractérise vraiment cette œuvre. Ainsi, le lien qui s’établit entre les personnages est fort, autour d’une sorte de mémoire commune, qui fait revivre les personnages du passé que l’on a aimé. On ne peut s’empêcher de s’identifier à tout cela, car le souvenir des temps heureux est aussi ce qui nous encourage à vivre des temps heureux dans le présent.
Tout est dit dans cette bonne chronique. Ajoutons simplement que le dessin est somptueux et ne faiblit jamais au cours de ces 250 pages. Prado est au sommet de son Art et Ardalén pourrait bien être son chef d'oeuvre.