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Une aventure déjantée et rondement menée qui mêle curieusement la fantasy et le diabète d’un jeune ado par deux – très – grands noms de l’industrie du comics (Joe The Barbarian 2010, #1-8). Publié en VO sous l’imprint Vertigo de DC Comics.
Joe est un adolescent et, outre quelques difficultés familiales annexes, il est diabétique. Empêché de prendre sa barre chocolatée par une bande de sales gosses, il fait une crise d’hypoglycémie à son retour dans sa chambre et ne tarde pas à avoir des hallucinations. Elles s’aggravent à un point tel que ses jouets et son rongeur de compagnie s’animent, se mettent à lui parler et le font entrer dans un univers d’heroic fantasy aussi riche qu’hétéroclite duquel il deviendra le héros d’une folle et chevaleresque quête.
L’histoire n’oublie pas de raccrocher le récit au réel et l’on suit en parallèle Joe et ses péripéties très concrètes dans sa quête du soda qui stabilisera sa glycémie. Le parallèle entre les deux situations est habilement construit et la frontière entre le monde réel et le monde fantasmé s’estompe régulièrement. On pourrait toutefois reprocher à Grant Morrison d’avoir trop axé son scénario sur l’heroic fantasy (occupant environ 80% des scènes) et pas assez sur le réel (un aspect qui constitue paradoxalement les passages les plus intéressants). A ce titre, cette histoire est résolument une aventure et ne s’apitoie ni ne s’attarde sur la maladie.
Aussi, le rythme de l’histoire est très, voire par moments trop, soutenu, ça file à toute allure et les temps-morts sont rares. Le choix de Sean G. Murphy est en l’occurrence parfaitement adapté puisque son dessin est hyper-dynamique, bourré de détails et son encrage très noir est très réussi. Par ailleurs, Joe étant un ado avec beaucoup de jouets et beaucoup d’imagination, on sent que Murphy s’est amusé à illustrer ces abondantes références.
Fabrication Urban comics standard, gros volume bien relié, cahier graphique et explicatif des auteurs conséquent en fin d’ouvrage. La maquette de la couverture est moins travaillée que sur les parutions récentes de l’éditeur mais néanmoins plus classe que l’édition originale. L’album est découpé en chapitres correspondant aux fascicules US, avec la couverture originale. Rien a redire.
Joe est un adolescent mal dans sa peau, immergé dans son univers imaginaire et ses dessins. Seul avec une mère très occupée, il rentre chez lui et subit une crise de diabète. Transporté dans un monde fantastique à cheval entre sa réalité et son imaginaire, il va entamer un parcours pour sauver la terre d’Hypoborée, mais également contre la mort s’il ne parvient pas à trouver rapidement du sucre…
Les préfaces de BD sont souvent plus des hommages qu’un apport pratique à la lecture. Ici le traducteur (médecin de son état) aborde la question du diabète du personnage principal, cause de son aventure et de l’album. C’est important car cela définit la construction et le découpage du récit, liant l’aventure fantasmagorique aux événements survenant dans le monde et sautant d’une scène à l’autre comme seul un rêve peut le faire sans soucis de vraisemblance. Cela peut perturber le lecteur mais se justifie pleinement. Ainsi l’album a la linéarité classique de ce type d’histoire, accompagnée comme toute bonne quête héroïque d’une carte illustrée suivant les pérégrinations du héros dans ce monde imaginaire, stage par stage comme dans un jeu vidéo. Heureusement car les dialogues touffus s’enchaînent difficilement avec accumulation de termes issus de cet univers (l’enfant-qui-meurt, haute-terre, guerrier de fer, le chateau-foyer, etc…) Cela participe de la construction mythologique de ce monde mais se succède trop rapidement pour que l’on essaye de comprendre la logique de tout ça. Probablement par-ce qu’il n’y a pas plus de logique que dans un rêve. Tout ceci est un vrai voyage dans l’imaginaire déluré et totalement graphique (et sombre!!!) de Joe (ou de Sean Murphy?) et c’est le plus intéressant dans l’album.
J’ai découvert Murphy sur Tokyo Ghost où derrière la radicalité crado d’un scénario hyper-violent l’on pouvait percevoir des fulgurances poétiques et de design. On retrouve cela ici et notamment la très grande précision du trait de l’artiste malgré un style qui paraît croqué au premier abord. Rares sont les BD où les fonds de case sont aussi travaillés et précis. Le look des personnages est vraiment réussi, les plans encore plus gonflés que sur Tokyo et tout ça sent le lâchage d’illustrateur dans un bac a sable infini (pour notre plus grand plaisir). Murphy se fait plaisir et insérant des rats-samuraï, batman et superman (l’éditeur est filiale de DC), Transformers ou Lobo (oui-oui!) dans les batailles épiques et l’on regrette presque que le scénariste ne lui ait pas plus simplement concocté une histoire héroïque classique au lieu de cette trame intéressante mais déprimante d’ado paumé entre deux mondes.
L’impression finale est entre une plénitude graphique, sorte d’orgie débridée, et le sentiment d’un décalage entre le sujet (intéressant et sérieux). Le projet est original et ambitieux, mais peut-être aurait-il fallu deux albums distincts, les envies du scénariste et celle du dessinateur n’étant peut-être pas exactement les mêmes… On garde cependant un bon album.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/09/18/joe/
Un fabuleux voyage très bien écrit par Morrison et parfaitement mis en images par Murphy.
Une lecture que je conseille !
L'idée de départ est séduisante : un jeune diabétique en crise d'hypoglycémie en proie au délire doit traverser sa maison a la recherche d'un soda, et cela se transforme en voyage fantastique où maison et jouets se transforment en monde fantastique type wow et combattants épiques.
Les dessins sont virtuoses, avec correspondance entre monde réel et imaginaire, dans un genre comics de super-héros. Par contre la quête hallucinatoire est confuse, ce qui peut sembler normal, mais du coup on a du mal à y prendre intérêt. Du coup c'est paradoxalement les épisodes dans le réel qui sont les plus intéressant, et la fin même un peu trop belle pour être vrai me plaît beaucoup.
Un exercice de style réussi.