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Une BD assez nulle et vite torchée qui ne vaut ni qu'on s'y attarde ni l'inquisition que son auteur subit.
Après lecture de cette BD hors norme, je ne peux pas m'empêcher de penser aux films de Tarantino : c'est totalement déjanté, les personnages sont truculant, et les différentes scènes sans compromis.
Du côté scénaristique, il y a un réel suspense qui nous tient en haleine tout au long de l'album. Les différents personnages sont profonds et dégagent une réelle émotion.
Enfin le dessin de Vivès si particulier, est réel plaisir pour les yeux.
/Les Melons de la colère/ m'ont fait l'effet d'une promesse non tenue. L'intensité de la rencontre entre le genre de la bd érotique irrévérencieuse et la maestria de Bastien Vivès semblait magnifiquement incarnée dès le titre : à la fois dramatique, intense, jouant d'intertextualité (/Les raisins de la colère/), parodique (puisque les "melons" ne sont autres que les seins de l'héroïne, Magalie) et poétique par leur évocation d'une histoire d'érotisme et de vengeance, dans un cadre rural obscurantiste, naïf, sanglant et familial à la fois. Seulement voilà, si l'on peut retrouver dans ce récit très superficiel un peu de tout cela à la fois, rien n'y est vraiment avec un minimum de présence, de prégnance, bref d'intensité.
L'érotisme explicite, rapide et convenu, n'exploite ni le suspense dramatique si précieux en la matière, ni la poésie de l'implicite ou du suggestif. Il n'est pas intense par ses provocations ou par ses transgressions qui restent sans surprise. Il ne joue d'aucun des effets de contraste et d'accélération dont Vivès a démontré sa maitrise dans sa série chez "Shampooing", notamment dans le volume sur /La Famille/ qui exploite précisément des situations belles, violentes et déroutantes qui auraient pu être exceptionnelles ici. Le récit lui-même, croisant scènes muettes, ellipses et élucidations explicites avec dénouements brusques, n'arrive, malgré ces procédés, pas vraiment à prendre avec ne serait-ce qu'une once de la poésie et de l'art de la surface, des personnages et des relations dont l'auteur avait si subtilement fait montre dans /Polina/.
Même le dessin et les dialogues produisent un effet de facilité et de rapidité que l'auteur virtuose a si soigneusement évité dans d'autres albums. Je pensais découvrir une bd où Vivès lâchait la bride à son talent, profitant d'un genre affiché comme "pornographique" (collection "BD Cul") pour franchir ses propres limites, mais c'est tout le contraire qui se produit : l'auteur n'a pas "lâché" sa puissance narrative et descriptive, par les touches maitresses de son crayon, mais il s'est simplement relâché comme cela arrive si fréquemment à tant d'autres. C'est pour cette raison même qu'on ne songera pas à lui en tenir rigueur, ce qui serait d'ailleurs une drôle d'idée, pas plus qu'on en voudrait à Manara pour ses bds les plus médiocres (comme /Le Kamasutra/), prétexte à quelques situations sexuelles faciles, lors même qu'il est l'auteur des /Aventures de Giuseppe Bergman/ ou du grandiose /Voyage à Tulum/.
Nulle fascination érotique ou dramatique, donc, dans ce petit récit, à ne parcourir que par curiosité pour ceux qui, débarrassés des attentes d'une association a priori prometteuse, veulent tout de même voir ce que Vivès a produit dans ce genre. Une fois le livre fermé, je ne peux que souhaiter que Vivès reviendra de ce côté en donnant cette fois, dans le one shot érotique, la vraie mesure de son talent.
J'avais pris connaissance de la collection BD CUL avec l'album "La Planète des
Vulves", très enthousiasmant, alors que je suis assez réticent à la science-fiction d'habitude.
Puis j'entends parler du Vivès, le feuillette et l'achète.
Je n'ai pas vu de pornographie là-dedans, pas de mauvais gout, au contraire une grande poésie partout, dans ce qui est montré et ce qui ne l'est pas, dans les grands espaces, dans le talion final... avec happy-end positive, bucolique, ouverte.
Une très agréable surprise (je n'avais seulement vu de l'auteur que "Polina" dans les vitrines) à conserver sur mes étagères aux cotés de mes Russ Meyer et de mes westerns!
A lire comme une parodie, évidemment une parodie pornographique.
Bastien Vivès après son superbe "Polina" se lâche et nous offre là un petit opuscule drôle et osé. Le dessin est toujours aussi bon, et cette farce débute par l'annonce originale d'un soutien inédit à cet ouvrage et se prolonge par des pages de "réclames" assez provocantes.
Venant "des requins marteaux", il fallait s'attendre à un ton irrévérentieux, et il faut l'avouer que c'est chose faite.
Pour les amateurs du genre "les melons de la colère" ne resteront pas une bande dessinée pornographique inoubliable (d'autres auteurs comme Leone Frollo, Nöe ou encore Giovanna Casotto, ou encore Ardem , se défendent beaucoup mieux dans ce domaine).
Cette chronique paysanne joue sur la naïveté de Magalie, la jeune fille aux lourds attributs . La scène de fellation avec le petit frère, ne m'a pas plus choqué que cela, contrairement à certains et j'ai vraiment lu cela comme une farce, où les médecins, tels ceux de Molière, ne sont pas d'une honneté exemplaire.
A lire comme une parenthèse dans la jeune carrière de Vivès.
De loin le plus dérangeant des ouvrages de Vivès, si on est habitué à sa finesse et dans le dessin et dans le texte il y a là de quoi être décontenancé. Non pas par le graphisme qui reprend celui utilisé dans Polina, mais bien par les thèmes: abus, viol collectif et inceste. A la première lecture c'est même franchement choquant, mais ce n'est que la première, il faut se rappeler que Vivès a fait Poungi la racaille, monument de 8e degré, que ce sont les Requins Marteaux qui édite ça et relire le tout avec ça en tête.
Parce que pas une seconde l'auteur ne se prend au sérieux.
"Les melons de la colère" annonce déjà par son titre le pastiche, la famille paysanne est caricaturale au possible, des gens biens, mais quelle bande de cul-terreux! Leur isolement géographique, chronologique même, on dirait qu'ils vivent il y a 100 ans alors que l'histoire est actuelle en fait des naïfs complets.
Les dialogues rajoutent à l'absurde du tout, de l'organisation de la partie fine dans le bureau du maire au dialogue de sourd entre le père et l'employé Darty, rien, absolument rien n'est sérieux. Le priapisme familial en rajoute une couche.
C'est de mauvais goût, mais ça ne prétend pas le contraire, l'exercice est réussi, mais je ne sais pas si il était nécessaire.