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A l’exception de Blueberry, je connais fort peu le travail de Jean Giraud. Et, sous le pseudonyme de Moebius, je n’ai dans ma bibliothèque qu’un seul de ses albums : Silver Surfer : Parabole, scénarisé par Stan Lee. A en croire la préface et les quelques bonus présents en fin d’ouvrage, le scénariste et le dessinateur paraissent tous deux aussi ravis qu’impressionnés d’avoir eu cette occasion de travailler ensemble. De cette rencontre, naitra ce très court récit d’une cinquantaine de pages dans lequel le Surfeur d’Argent et Galactus discutent et s’écharpent autour du lien qui unit les hommes à la religion (Silver Surfer 1988, #1-2).
Entre le super-héros et le demi-dieu, la discussion philosophique – somme toute relativement simpliste – tourne court et les deux en viennent rapidement à se battre. L’histoire se veut toutefois un peu plus intelligente que la moyenne des comics et les mots finiront par l’emporter sur les poings. Une histoire brève mais sympathique dont l’intérêt réside surtout dans son dessin. S’il ne s’agit assurément pas du meilleur de Moebius, la lecture est plaisante et le dessin d’un niveau bien supérieur à celui des comics de la même époque.
C’est en feuilletant en librairie la réédition en très grand format, publiée par Panini Comics en 2018, que l’envie m’est venue de relire la précédente édition en ma possession (publiée quatre ans plus tôt). La différence entre ces deux éditions est frappante : les couleurs originales, douces et pastel, de Moebius et John Wellington ont été refaites numériquement. Elles sont aujourd’hui signées Claire Champenois (une variante orthographique de Claire Champeval ?) pour un résultat criard et surchargé qui ne dissuade cependant pas l’éditeur de vendre l’album le double du prix original…
Le Surfer d'Argent doit avoir quelque chose de français.
De tous les héros de Stan Lee (et ils sont légion), c'est celui qui a le plus marqué nos esprits. Il faut dire que sous le pinceau de John Buscema, il détonnait nettement dans Fantask et autres Strange.
De tous, il est le seul à avoir été parodié par Gotlib. Et, ici, illustré par Moebius : la rencontre merveilleuse d'un des plus grands scénaristes de comix américain et de l'un des meilleurs graphistes européens. Voire le plus grand et le meilleur. Tous les deux naïfs à leur façon.
Un plaisir pur. Un pur plaisir.
Je lis rarement des comics. Je n'aime pas trop les combats manichéens de super héros avec le monde des humains en spectateur. Souvent, le style est basique et très naïf.
"Le Surfer d'Argent" n'échappe pas à la règle mais il a un autre côté que j'ai apprécié tout particulièrement : les questions existentialistes. Si un extra-terrestre très puissant se posait sur notre planète, l'accueillerions-nous aveuglément comme un Dieu ? C'est fort possible tant les sectes ont une prise de contrôle très grande sur les populations du monde entier. Je crois que les auteurs ont voulu dénoncer toutes ces formes de fanatisme. J'ai bien aimé la réaction du Surfer d'Argent à la fin de ce récit. Un vrai héros !