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Il y a deux idées très intéressantes dans ce récit d'aventure. Il est question d'un scientifique cartésien qui a l'habitude de démystifier les contes et les légendes à travers le monde. Il a par exemple prouvé à la communauté scientifique que le Yéti n'existe pas. Le voilà désormais embarqué dans une mission scientifique afin de prouver que l'Atlantide est également une bonne vieille légende fantastique. On aurait pu craindre légitimement le pire avec un tel postulat de départ. Cependant, la suite sera traitée avec une grande dose d'intelligence. Le scénario est en effet parfaitement maîtrisé.
La seconde observation concerne le fameux gardien de l'Atlantide à savoir Namor qui donne le titre à cette oeuvre présenté par Stan Lee. On s'apercevra que celui-ci fera très peu d'apparitions. Il est presque fantomatique comme pour faire douter de son existence. Son ombre plâne sur cette histoire.
En effet, cette nouvelle sera surtout axée sur le mal des profondeurs que l'on peut éprouver à bord d'un sous-marin avec une ambiance tout à fait claustrophobique. Il faut dire que ce n'est pas moins que la fosse des Mariannes qui est explorée, à près de 10000 mètres de profondeur dans un noir absolu.
Un album très réussi avec un final qui étonnera. Plongez-vous dans le monde de Namor !
Le plus étonnant dans cet album c'est que Namor on le voit quasiment peu. Il est l'étincelle d'un scénario très bien maitrisé du début jusqu'à la fin.
Un professeur, très cartésien, va rechercher une expédition perdue à la recherche de l'atlantide. Une nouvelle expédition se forme pour aller dans les profondeurs marines.
La description des personnages est parfaitement traduite. L'atmosphère des profondeurs est aussi bien rendue, on ressent bien l'univers d'oppression dans un sous-marin. Le noir profond pèse sur ce petit monde terrien.
Quant au dessin c'est grandiose. De la peinture, oui de la vraie peinture d'aquarelliste. C'est beau, doux, magnifique... Les visages des personnages sont expressifs. Un grand plaisir pour nos petits yeux de lecteur. Une ambiance magnifiée par cette peinture. Il fallait le faire et Ribic Esad l'a fait avec talent.
Namor est impressionnant, inquiétant. Il fait peur. Personne ne l'avait dessiné comme cela. La petite scène de son apparition à travers le hublot est belle, elle traduit bien l'atmosphère de cette bd. Il est magnifique dans ce rôle de mythe.
Tu veux plonger au plus profond des mystères aquatiques alors n'hésite pas, vas rechercher Namor en compagnie du professeur Stein.
Une bédé très belle et bien scénarisée.
Etonnant.
chronique publiée ici : http://hulkestmort.canalblog.com/
Le professeur Stein est un sceptique convaincu à l'esprit cartésien très appuyé, amoureux de la science et de la logique, menant une lutte intellectuelle acharnée contre la superstition et les légendes. C'est pour ces raisons, en plus de son expérience d'explorateur, qu'il est dépêché pour une nouvelle mission : retrouver le capitaine Marlowe, partit dans les fonds marins à la recherche de l'Atlantide et dont on a récemment reçu un étrange message alors que tout le monde croyait son expédition disparue. Embarquant à bord du Platon, sous-marin piloté par un équipage de 6 hommes, Randolph Stein est bien décidé à en finir au passage avec la légende de l'Atlantide et de son soit-disant protecteur Namor.
Les lecteurs réguliers des productions Marvel le connaissent bien : il s'agit d'un super-héros créé dans les années 40, le premier représentant de la race mutante, capable de vivre sur terre comme sous les mers, ni tout à fait bon ni tout à fait mauvais, défendant avant toutes choses les intérêts de son peuple, les Atlantes. Le Prince des Mers est d'ailleurs très peu présent dans cette histoire -qui n'a au passage rien d'un récit de super-héros malgré son affiliation à l'univers Marvel- même s'il est au centre des préoccupations et des discussions. L'album est donc largement abordable pour le néophyte. À ce propos, un point est assez dommage : on sait dès le début du livre que, dans le Marvelerse, Namor et sa cité engloutie existent bel et bien, ce qui enlève une part de suspense et de mystère à l'histoire. Et pourtant le scénariste britannique Peter Milligan arrive à nous accrocher avec beaucoup d'habileté.
Après une introduction des plus réussits qui fleure bon les vieux films d'aventure (l'action a beau se dérouler dans les années 50, l'ambiance m'a plutôt fait penser à la période de l'entre-deux-guerres), on est directement plongé dans un huis-clos total, à bord de ce submersible partit pour aller au plus profond des océans... et des angoisses de ses occupants. Le capitaine Nelson le sait d'ailleurs très bien : "Les profondeurs, ça produit des choses bizarres. Plus on s'enfonce, plus il y a de créatures qui rôdent dans les ténèbres". Partant de là, le scénariste a toute la matière qu'il faut pour développer une ambiance opressante et inquiétante, et on regrette finalement qu'il n'ait pas eu plus d'épisodes (le présent volume en compte cinq) pour écrire son histoire. Il s'en sort néanmoins très bien et mène habilement son propos. L'effroi nous prend rapidement, et on sent monter angoisse et nervosité chez l'équipage en même temps que s'enfonce le sous-marin dans les profondeurs. Dans le submersible c'est d'ailleurs le bras de fer continue entre le rationnalisme du professeur Stein et les croyances des membres d'équipage. L'éminent scientifique affronte sans cesse les légendes de ces "hommes du fond", lui qui semble placer la science au rang de religion et commence petit à petit à en faire sa propre superstition au fur et à mesure que sa raison perd pied. Un personnage assez extrême de par la fermeté de ses croyances et son évolution psychologique, très bien traité par Milligan au même titre que les autres membres d'équipage, même s'il s'agit pour leur part de profils plus classiques (en gros l'archétype du marin qui a du vécu derrière lui).
Cet excellent scénario est magnifié, superbement illustré par un Esad Ribic, croate de son état, qui porte véritablement l'album sur ses épaules. Son style entre peinture et aquarelle, avec des contours doux et des couleurs assez passées, est une pure merveille qui scotche le lecteur sans problème. De par sa maîtrise des jeux de couleurs il arrive à créer des ambiances prenantes et variées avec une facilité déconcertante. Sa colorisation pâle, blafarde, assez froide au fond, accentue le sentiment d'angoisse, et ses jeux de clair-obscure rendent à merveille la noirceur et l'immensité écrasante des fonds marins. Jamais ou presque on n'a aussi bien représenté l'absence de lumière. Ca en devient par moment tout simplement saisissant (voir par exemple le court instant où le reflet de deux paumes de main apparaît sur une vitre du sous-marin). Il y a également chez lui un sens du détail très poussé, chose assez rare lorsqu'il s'agit de dessin-peinture, l'auteur traitant tout les éléments de ses cases avec la même minutie. On remarque aussi son étonnant travail sur les regards, les rendant saisissant par un je ne sais quoi dans la taille et le reflet des pupilles, le contour des paupières, la rougeur des vaisseaux, les plis autour des yeux, ce qui joue un rôle de premier ordre dans l'expressivité qu'il arrive à donner aux visages qu'il dessine (en exagérant parfois un peu trop, notammant lorsqu'il s'agit de représenter l'étonnement).
Bref, Ribic est au sommet et maîtrise son art comme personne, que ce soit à travers son sens du détail, ses jeux d'ombre et de couleur ou son travail sur les expressions. Associé à Peter Milligan il livre un album de haute tenue et vraiment réussit, avec en plus une très bonne traduction de Sophie Watine-Viévard.