Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.
Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.
Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :
- de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".
- d'acquérir une licence BDGest.
En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.
Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Pour poster un avis sur un album de cette série, rendez vous sur la page de l'album correspondand.
J'avais déjà été abasourdi de façon malsaine par ma lecture de Borgia du même auteur sur les méfaits de l’église romaine. Jodorowsky, toujours fidèle à lui-même, nous remet cela dans le Pape terrible à savoir Jules II l'ennemi juré du clan des Borgia.
Mais jusqu'où ira-t-il dans l'ignominie pour dénoncer les crimes de l’église ? Il franchit toutes les frontières du sordide. Paradoxalement, c'est ce que j'aime. C'est choquant et séduisant en même temps. Il le fait avec maestria dans une fresque papale envoûtante et barbare.
Je vais d'ailleurs en profiter pour prêter ce titre à mon meilleur ami, un pratiquant convaincu de la première heure. Je ne sais pas : c'est à vous dégoûter à tout jamais de ce qui porte du rouge. Pour gagner l'élection du Saint-Siège, certains cardinaux sont réellement prêt à tout entre trahison, luxe et luxure les plus perverses.
Le dessin reste d'un excellent niveau ce qui agrémente la lecture. On ne pourra que se plonger dans cette lutte vaticane faite de manipulation, de pouvoir, de sexe et de meurtre.
Au fait, et la religion dans tout cela ? Bon, ce n'est pas avec ce titre que je vais retrouver la foi !
Fan de BD historique ? Passez votre chemin car nous sommes loin du travail de France Richemond... ou de Valérie Mangin pour le côté uchronie. Fan de Religion ? Passez aussi votre chemin car le Clergé en prend pour son grade, Jodorowsky ne tourne pas longtemps autour du pot, il y va franchement et crûment... voir le Pape à poil enculer à tout va (je n'ai pas d'autre mot) peut choquer certain bigot, c'est évident ; mais n'oublions pas que c'est une uchronie et que l'auteur manipule l'Histoire pour mieux montrer les travers de l'Eglise de cette époque. Fan de Théo ? N'hésitez pas une seconde, le dessinateur frôle l'excellence, son travail est sublime, les émotions des personnages font mouche à chaque fois : le Pape et son regard extatique dans les premières pages du 4ème tome est tout bonnement merveilleux. Pour résumer : Une très bonne BD avec un scénariste fidèle à lui-même et un dessinateur confirmant son immense talent... une BD où les personnages sortent des cases, une BD possédée à lire avant d'être excommunié !
Fan de BD historiques, j'ai été extrêmement déçu par cette série, au point que je l'ai rendue (fait unique !) au libraire qui m'en avait vendu les mérites.
Toute l'intrigue tourne autour de la capacité du pape à sodomiser ses alliés et trucider ses ennemis... Du grand n'importe quoi !
Rome, 21 février 1513.
Mais pour qui sonne le glas ?
Il résonne depuis l’église San Pietro in Vincoli, sous la coupe de la famille della Rovere, la famille du pape… Le pape soldat, le pape mécène, le pape sacré, le pape terrible n’est plus ! Jules II est mort ! Sous une pluie battante, la population se lamente et prie pendant que dix gardes suisses, Raphaël et Michel-Ange portent le cercueil de celui qui fut leur amant.
Pendant ce temps, Machiavel se rue chez Madame Imperia, le bordel qu’il fréquente assidûment… Et qui est fermé pour cause de deuil obligatoire après la mort d’un pape ! Mais cette fois-ci, Machiavel ne vient pas pour forniquer. Il apporte avec lui un véritable trésor qu’il dépose aux pieds de la tenancière, de son vrai nom Marietta Corsini… pour la demander en mariage ! Oui ! Oui ! Notre vieux Machiavel est amoureux de l’opulente Madame Imperia. Il prétend être le dernier à avoir vu vivant sa Sainteté le pape et avoir reçu de lui ce trésor. Le trésor et l’annonce toute guillerette faite par Jules II que Machiavel serait le dernier à le voir vivant. Le pape lui demande de revenir le lendemain aux premières lueurs de l’aube avec un groupe de cardinaux pour constater son décès…
Critique :
Je n’ai rien contre les uchronies. J’en raffole ! Du moins lorsque c’est clairement précisé ! Tout au long de cette série, un lecteur non averti pourrait prendre pour argent comptant les délires, notamment homosexuels, de Jodorowsky et s’imaginer que l’histoire est en partie vraie… Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur tord le cou à l’histoire et la viole à n’en plus finir. Peut-être devrais-je accepter de passer outre et lire ce récit pour ce qu’il est… une histoire imaginaire ? Bien ! Mais là aussi, l’histoire ne tient pas la route, sans que je ne puisse l’étaler ici pour ne pas révéler l’intrigue machiavélique du pape.
Sachez que Marietta Corsini fut bien l’épouse de Machiavel dès 1501 et que rien n’indique qu’elle ait eu la moindre activité de mère maquerelle… Machiavel n’a rencontré le pape Jules II qu’en 1506 et il ne fut jamais à son service, mais bien au service de la république de Florence. Jodorowsky le présente comme un petit pantin aux ordres du pape alors qu’il fut un des hommes les plus intelligents de son époque avec une intuition politique rarement égalée.
Theo est un dessinateur avec une rare puissance de trait, tant pour ce qui est d’affirmer les émotions que pour exprimer le mouvement. Il a ce sens du détail qui fait toute la différence. Il reste un de mes dessinateurs préférés.
La mise en couleur de Luca Merli rompt quelque peu avec celles des coloristes des trois albums précédents. On peut regretter que ce ne soit pas la même équipe tout au long de la série. D’aucun n’apprécieront pas le travail de Merli car ses couleurs diffèrent sensiblement de ce que l’on a pu découvrir dans les œuvres qui l’ont précédé, mais pour ma part, moi qui ai lu les quatre albums d’affilée la même semaine, je n’ai pas été choqué.
La série se termine sur un coup de théâtre qui fera crier au génie les admirateurs sans bornes de Jodorowsky. Pour ma part, je trouve l’histoire tirée par les cheveux, mais vous n’êtes pas obligés de me croire car je suis chauve !
Bordel de Madame Imperia (Rome).
Machiavel débarque dans son bordel préféré après neuf mois passés à suivre fidèlement le pape Jules II dans ses campagnes militaires. Il narre les aventures vécues aux côtés du très « Saint »-Père, tout en se faisant plaisir au milieu de masses plus adipeuses les unes que les autres des prostituées spécialement sélectionnées pour lui par la matrone qui gouverne ce palais de plaisirs tarifés. Il révèle l’amour que le pape porte au jeune Frédéric, âgé d’à peine dix ans, fils du marquis de Gonzague, son ennemi capturé par les Vénitiens, mais dont l’épouse demande au pape d’intercéder en faveur de sa libération. Pour convaincre le saint homme, elle envoie une délégation de moines bénédictins transportant une véritable fortune. Cela ne suffit pas à amadouer le très Saint-Père qui exige d’obtenir en otage le fils du dit marquis. A la vue du petit Frédéric, Jules II en tombe éperdument amoureux…
Critique :
Ici git l’Histoire assassinée sans vergogne par les fantasmes érotico-homo de Jodorowsky. Si vous pensiez qu’il avait tout donné dans les deux premiers albums, vous aviez tout faux ! Le scénariste s’enfonce encore plus dans la perversion sexuelle qu’il prête au pape. Il évite d’extrême justesse la pédophilie…
Michel-Ange et Raphaël en sont réduits à se faire… par le pape, au (mal)propre comme au figuré. Comme si ces deux génies n’avaient pas eu grand-chose d’autre à laisser comme trace dans l’histoire. Quant à Léonard da Vinci, présenté comme un être cupide, il réalise en un temps record des inventions diaboliques pour le Saint-Père, de quoi laisser baba nos inventeurs du XXIe siècle, incapables, malgré toutes leurs ressources technologiques, d’arriver à des résultats aussi rapides ! Jodorowsky devrait s’appeler « Démesure » !
Vous l’aurez compris, Jodorowsky verse dans l’uchronie. Une uchronie où le sexe, essentiellement homosexuel trône. Les coups-fourrés du pape sont on ne peut plus tortueux. Au risque de me répéter, on est dans la fantasy (sans elfes ni lutins) et on peut oublier l’Histoire dans un cul-de-basse-fosse.
Quel talent gâché que celui du dessinateur italien Theo Caneschi ! Il a un don fabuleux pour retranscrire les émotions et les mouvements… Et les décors ne sont pas en reste ! A certains moments, cela vire à la caricature, c’est vrai, mais bon, avec un scénario pareil, la caricature, on est en plein dedans.
Florent Brossard réalise une fois de plus une splendide mise en couleurs qui complète à merveille le dessin se Theo.
Au risque de me répéter, si vous n’êtes pas écoeurés par les multiples scènes de sexe et par le scénario, admirez le style graphique de Theo. Il en vaut la peine. La couverture de ce 3e tome vaut son pesant d’or !
Le bel éphèbe Aldosi, se rend en secret, sans que son amant le pape le sache, chez une sorcière pour qu’elle lui concocte un filtre d’amour destiné au pape pour que celui-ci ne puisse plus jamais se passer de lui.
Le filtre est tellement puissant que le pape en est transfiguré…
Critique :
Et voilà, Jodorowky, une fois de plus, se laisse porter par ses fantasmes et finit par s’éloigner de l’histoire au point qu’on finit par se trouver dans un univers plus proche de la fantasy que de l’histoire avec un grand H, même sans dragons. Le scénario est un ratage complet ! Jules II était un pape suffisamment intéressant en lui-même. Il était inutile de sombrer dans les délires, notamment homosexuels, du scénariste. La manière dont Jules II transforme ses gardes suisses qui, de mignons qu’ils étaient (dans les délires de Jodorowsky) se retrouvent en un temps record transformés en soldats disciplinés, est l’une des très nombreuses libertés scénaristiques que s’est accordée l’auteur. La prise de Bologne tient plus de la fantasy que de l’histoire. Non, Giovanni II Bentivoglio n’a pas été décapité par Jules II à l’aide d’un Christ habillement trafiqué (il est mort excommunié, prisonnier dans un sombre cachot du roi de France Louis XII) et non, ce n’était pas un tyran, genre brute épaisse, mais un homme extrêmement cultivé qui a profondément restauré et embelli Bologne. C’est par la perfidie de Jules II que Giovanni perdit la ville (l’excommunication était peut-être l’arme la plus redoutable à l’époque).
A la limite, j’aurais pu accepter pareil scénario dans une série genre « Le Trône de Fer », mais dans une BD qui se présente comme historique, c’est désespérant car beaucoup vont prendre au premier degré ce récit et s’imagineront qu’il est l’expression de la réalité.
Pour autant, faut-il bannir ce livre des étagères de votre bibliothèque ? Ce serait injuste vis-à-vis de l’excellent travail graphique réalisé par le dessinateur Théo. Les visages sont tellement expressifs, les mouvements tellement bien dessinés qu’on croit voire les personnages bouger. Quant aux décors, ils sont le plus souvent somptueux. Florent Bossard a bien complété le travail par la mise en couleurs.
En résumé : si tu es un passionné d’histoire passe ton chemin car on pourrait bien t’entendre hurler de rage jusque sous les voutes de la Chapelle Sixtine ! Il n’y a rien pour toi dans ce récit !
Vatican, 18 août 1503.
Alexandre VI, le Saint-Père se meurt emporté par un mal mystérieux.
Le 19 août, Rome semble tombée entre les mains du Diable. On picole, on se bâffre et on fornique de tous les côtés…
Les Romains savent que suite au décès du pape, dès l’aube, dix jours de deuil obligatoire s’abattront sur la ville : jeûne et abstinence… Et l’excommunication pour ceux qui ne respecteraient pas ces ordres ! Autant en profiter durant quelques heures… Et les prélats ne sont pas les derniers à en jouir (au propre comme au figuré… enfin… « propre » n’est peut-être pas le mot le plus adéquat).
Giuliano della Rovere vient de passer une nuit torride comme il les aime, en compagnie de son jeune amant. Il lui révèle comment il s’est débarrassé de son ennemi mortel. Borgia et della Rovere, tous deux hommes d’une Eglise qui prêche l’amour et le pardon, mais qui se sont toujours détestés prêts à s’éliminer, avaient de bonnes raisons de se méfier l’un de l’autre. Il y en a, plus rusé, qui a fini par l’emporter…
Un nouveau pape doit être nommé par le collège des cardinaux. Della Rovere n’est pas assez riche pour corrompre ces braves émissaires de Dieu. Les Espagnols ont toutes leurs chances. Ainsi que les Français ! Ils ont amené assez d’or que pour acheter les consciences (enfin, le fantôme de leurs consciences) des cardinaux qui vont désigner le futur pape. Della Rovere n’est pas riche, mais il a un plan !
Critique :
Bien chers frères, bien chères sœurs ! Si vous pensez que les papes ont toujours été des hommes saints guidés par l’Esprit de Dieu, passez votre chemin ! Lire cette BD va vous faire beaucoup de mal car Jodorowsky ne peut être que l’incarnation du démon pour s’être laissé aller à concocter un scénario aussi dur envers la papauté et l’Eglise catholique… Et pourtant… C’était une époque où leurs saintetés se permettaient de transgresser allègrement toutes les règles à l’application desquelles ils devaient veiller : assassiner, forniquer, corrompre, mentir, trahir… A côté d’eux, Judas est la naïveté incarnée. Le scénariste s’appuie sur des faits historiques et comble les vides par le fruit de son imagination. Attention, c’est une BD historique, mais pas forcément un livre d’histoire !
Les dessins de Théo sont grandioses et donnent énormément de caractère à l’histoire, soutenus par la splendide mise en couleurs de Sébastien Gérard.
J’aurais pu mettre 5 étoiles… Mais non ! Quand on traite d’histoire, j’aime autant qu’on ne déforme pas les faits connus. L’assassinat en Espagne de César Borgèse, et d’autres petites choses m’ont dérangé et procuré une mauvaise conscience (preuve qu’il m’en reste un petit peu). Mais si vous n’êtes pas un grand fan de la vérité historique pure, laissez-vous emporter par le scénario bien ficelé d’un Jodorowsky particulièrement en forme, solidement servi par un Théo et un Sébastien Gérard.
Dessin magnifique et flamboyant rien à redire sur cet excellent travail. Toutefois je dois avouer ne pas encore avoir lu les albums précédents de cette série. Ce tome est à des années lumière de la série Borgia que j'adore tout simplement. Peux-être parce que la série télévisée était également très réussie avec le magnifique Jeremy Irons. Ce tome m'a un peu déçu parce que ça donne le sentiment que c'est un grand n'importe quoi, tiré par les cheveux, très extravagant sans vouloir être trop sévère. Cet album nous présente le satanisme dans son état pur et réel, une vulgarité excessive, une insulte magistrale du catholicisme et surtout le paroxysme de la stupidité humaine. La seule chose vraiment réussie, c'est le dessin. Je lirai quand même les trois premiers volets de la série. Pour Kurdy1207 : J'ai lu "Mu, le maître et les magiciennes" et effectivement il semble bien qu'il devait avoir pas mal de problème de sexe car avec le machisme arboré dans ce livre autobiographique on dirait que c'est le roi du monde, le roi du harem... tout y est présenté de manière suspicieuse quant à la véracité de tout ce qu'il prétend.
Ce qui ressort surtout de cette fin de série, c’est le dessin toujours aussi beau de Théo. Quel artiste ! Quant à l’histoire de Machiavel racontant les derniers jours du Pape Jules, je pense qu’elle peut en choquer plus d’un et plus encore que lors des trois premiers tomes. Certains pourraient même penser qu’il s’agit d’un acharnement anti catholicisme de la part de Jodorowsky. D’un autre côté, c’est tellement plus facile de se moquer de cette religion plutôt que d’une autre. Après tout, la susceptibilité catholique ne fait plus peur à personne. Sortie de cette réflexion, il faut reconnaître que le scénario est bien ficelé et que l’esprit tordu de Jodorowsky fait merveille. Il doit quand même avoir un sacré problème avec le sexe et à 90 ans, il n’a pas dû pouvoir assouvir toutes ses envies. Néanmoins, le choix du sujet de cette bd comme la série Borgia ne tend pas vers une histoire aseptisée. La fin de celle-ci est d'ailleurs assez inattendue...
Série de plus en plus pathétique.
Le rythme est fatigant avec des ellipses mal maîtrisées.
Les personnages défilent trop vite dans le récit et on ne s'attache à aucun d'entre eux.
Les scènes de sexe (moches) sont plus anecdotiques que choquantes.
Quant à la Grande Histoire, c'est bien simple, elle est massacrée.
Quel gâchis! Le trait de Theo Caneshi mérite mieux !
Jodorowski n’y va pas avec le dos de la cuillère…Les plaisirs de Sodome (pour les fans, il va sans dire) y tiennent une place de choix, et la folie guerrière de Jules II y est décrite avec une dynamique agressive particulièrement bien mise en image et en couleurs…Les dialogues, souvent vulgaires et perfides, sont tout de même savoureux, dans la sainte bouche de notre pape plus terrible que jamais… Cette série – particulière sans doute- sort vraiment de l’ordinaire, et est pour moi un véritable moment de détente…Le cahier graphique en fin d’album, avec notamment la 1ère et la dernière esquisse (les 3 magnifiques cardinaux de pourpre vêtus) est une démonstration supplémentaire du talent de Théo…
J'ai lu les 2 tomes à la suite, et il me semble que ce pape terrible est le prolongement d'un autre pape aussi turbulent, Borgia, mis en scène par le même Jodorovski...Le scénario est certes éloigné de la réalité historique, il n'en demeure pas moins plaisant par la puissance d'un cardinal Della Rovere, devenu Jules II, amoureux d'interdits et tyrannique comme savaient l'être les souverains (pontifes ou non) de l'époque...Le dessin est redoutable et les couleurs nous éclaboussent plus qu'agréablement l'oeil...Rien que pour cela, à lire...
Pas mal pour les dessins et la qualité de la narration, mais pour un amateur d'histoire comme moi, c'est vraiment trop invraisemblable pour que je puisse rentrer dans ce récit. Il vaudrait mieux qu'il n'y ait pas de référence historique, mais même dans ce cas les sentiments humains décrits sont peu crédibles, rien à racheter dans aucun des personnages.
Malgré tout grâce à la qualité de la narration et de la mise en dessin, ça se laisse lire, et puis autant de perversité, cela devient jubilatoire.
Della Rovere est désormais Pape de la sainte Église. Un pape guerrier et outrancier qui ne règne que par la traîtrise et la manipulation.
Avec ce 2ème tome, Alexandro Jodorowski persévère dans l’excès inutile quitte à sombrer dans le caricatural avec un scénario sans aucune cohérence qu’elle soit historique ou non. Restent le dessin de Théo et la mise en couleurs de Florent Bossart qui sauvent cet album du naufrage !
Un album qui malgré une certaine esthétique, n’apporte rien !
Orgueil des tyrans qui ne craignent plus de défier son pouvoir et d’en faire l’éclatante démonstration , arrogance des cités prospères qui n’hésitent plus à s’affranchir de sa tutelle et à s’armer, insolence des peuples qui ne se retiennent plus de maltraiter ses émissaires qu’ils n’auraient pas même osés regarder auparavant, enfin corruption et ambitions personnelles effrontées de tous ceux qui le servent, jusque dans ses cercles les plus familiers: en cette fin de XVIeme siècle italien, le pape est seul, la sédition partout.
Et c’est au moment où l’Italie des seigneurs et des intrigants croit son impunité assurée et l’autorité universelle de l’Eglise définitivement réduite au seul espace de ses palais romains qu’une potion magique destinée au pape Jules II s’avère provoquer des « effets secondaires » non prévus: le philtre du mignon, qui était d’amour et qui devait simplement lier les cœurs, emprisonner un seul homme et abaisser un peu plus le pape et son Eglise moribonde, a en fait pour conséquences de déchaîner les haines acharnées, de libérer l’homme de pouvoir et de relever une Eglise en armes.
Et toute l’Italie de se voir alors insensiblement happée dans les guerres et les manœuvres d’un pape aux ambitions sans limite qui veut par ailleurs offrir à cette Eglise fière de sa puissance recouvrée un nouveau temple digne de sa gloire nouvelle.
Avec ce tome 2, les auteurs sont passés près du chef d’œuvre ; ce qui ne veut pas dire que le dessinateur et le scénariste en soient à égale distance : quand Théo le frôle d’un doigt, Jodorowsky le rate d’une bonne dizaine d’années lumières.
C’est d’abord l’extraordinaire qualité du dessin qui me vient à l’esprit quand je dois me souvenir de cette bd :
- Le trait,fin, est parfaitement adapté pour dessiner les plus infimes détails, ce qui nous vaut de très belles scènes en général, comme les scènes d’intérieur par exemple, le dessinateur profitant de la richesse des appartements pontificaux pour exploiter à fond les potentialités de son style : la case de la p.7 montrant l’effet du philtre d’amour sur le pape et Aldosi est ainsi particulièrement belle par le rendu jaillissant et aveuglant des rayons solaires, les détails des fresques soudainement éclairées…
- C’est aussi l’art du mouvement, le talent à représenter l’action qui frappe le lecteur:
que ce soit l’amplitude assurée et presque désinvolte du mouvement d’épée que le pape effectue d’un revers de main pour décapiter son chef de la Garde,
que ce soit la fluidité rageuse et violente des coups d’épées que le tyran de Bologne assène au Christ, rendue par le dessin raffiné des éclats et des mouvements de la lame,
ou les scènes de combats (superbe siège de Pérouse, avec l’homme se bouchant les oreilles dans le coin droit pour amortir le bruit du mortier, balancement des cartouches sur la ceinture du soldat à gauche qui court, le tout servi par une légère contre-plongée riche en impressions : proximité de la vision du siège mettant le lecteur dans le combat et non pas à distance de sécurité respectable, verticalité des murailles soulignée rendant parfaitement la difficulté de l’assaut),
que ce soit encore la scène en 3 cases de la p. 13 lorsque le lecteur voit émerger un pape nouveau trouvant dans l’intensité de son chagrin les forces obscures pour se métamorphoser en conquérant machiavélique et impitoyable (première vue de dos, pape effondré, courbé, puis évolution des points de vues, et case finale donnant l’ image d’un pape transfiguré),
le dessin « emporte » toujours le lecteur avec efficacité.
- Enfin, la mise en scène des « sentiments » est, à mon sens, le « trésor » véritable de cette bd du point de vue du dessin. J’appellerais cela les « vignettes des caractères » : représentant de près un seul personnage en pleine expression de sentiments divers et variés, ces vignettes peu nombreuses constellent le corps entier de la BD, souvent en fin de pages : p 10 « pape à l’épée », p 20 « pape écrasant la rose », p38 « pape mégalomane », p 41 « Michel-Ange sous la pluie »… A elles seules, ces vignettes pourraient presque faire une galerie de caractères à la signification plus forte que tout le reste de la BD…
Réussi, le dessin présente cependant quelques imperfections à mon sens :
- La finesse qui fait sa qualité est aussi son défaut : les scènes d’extérieur, plus vastes, plus « déployées », ne dégagent pas la même puissance que les scènes d’intérieur (flamboiement d’Aldosi p 7, atelier de Michel-ange travaillant sur son Moïse…), et le trait est à ce point fin qu’il donne l’impression de se rompre, de ne pas réussir à s’imposer (cf scène initiale du carrosse d’Aldosi, scène des carrosses sous la neige, scènes du franchissement des montagnes sous la neige par l’armée papale…).
D’où une impression parfois de cafouillage, de scènes chétives, au trait maladif.
- On peut regretter que le dessinateur n’ait pas plus exploré que cela le potentiel de son art de la « vignette » pour nous proposer une galerie plus fournie en « caractères ».
- Certaines cases sont peut-être un « cran en dessous » : j’ai ainsi eu un peu de mal à « sentir » la crainte religieuse qui saisit les armées de Bologne devant le christ et le mouvement général de génuflexion qui s’ensuit. La case ne « claque » pas assez à mon sens.
- On peut regretter que le corps de la BD n’ait pas la splendeur supérieure de l’illustration de couverture. Cela aurait été grandiose.
Mais quand on voit la qualité du scénario, on peut aussi se dire qu’il aurait été bête de dépenser sans compter un tel talent au service d’une bd condamnée à être assez mauvaise.
Le scénario est en effet particulièrement raté, au point même de faire oublier quelques points réussis, à mon sens.
- Le « sexe », que je trouve cependant bien plus discret et bien moins« agressif » que dans Borgia, n’a cependant aucune utilité dans cette BD : cf sexe ensanglanté du mignon que le pape fait gigoter devant la foule, scènes de maison close entre Machiavel et des femmes hideuses symbolisant les Etats d’Italie (le royaume de Naples, ce doit être le tas monstrueux sur lequel Machiavel monte, sans doute un clin d’œil humoristique à l’état de décharge à ciel ouvert qu’est Naples ? ^^), les scènes de pénétration entre Julio et Michel-Angelo, scène entre la papesse et le pape sur le trône…
- Les dialogues ne font pas dans l’originalité, et on ne retient aucune tirade ou dialogue qui se distingueraient par leurs mots ou le sens de la formule bien trouvés.
Certains dialogues sont ainsi très lourds en répétant par écrit des évidences que le lecteur sait déjà (cf p 16, la scène de l’escalier, quand les conspirateurs montent vers la salle des repas : « il nous a offert de l’argent et des bijoux, c’est nous les méchants, il ne sait pas que c’est nous, on est les rois de la terre, o la laaaaa »), d’autres sont comiques à force d’être ridicules ( la recette du philtre ou la cri de douleur du pape après l’assassinat « AAAAAAhh Adolsi, à la queueleuleu, AH AH AH… »…).
- Certaines idées du récit sont aussi ennuyeuses, incompréhensibles et superbement insignifiantes : la relation entre M-Ange et Jules II, le fait que le fils de l’écuyer tienne dans une aussi petite pièce-montée, le fait que les nobles aillent eux-mêmes commettre l’assassinat dans l’écurie au lieu d’employer des hommes de mains, la scène des corps dévorés par les chats et les chiens, la Garde Suisse « amas de tapettes »…
Mais il y a aussi quelques réussites qu’il serait injuste d’oublier de mentionner :
- Le thème. L’histoire de l’Italie du XVIeme siècle est une fabuleuse mine pour des scénaristes talentueux et cultivés : rapports de pouvoir entre l’Eglise et les seigneurs, rapports pouvoirs-arts, luttes et trahisons dans tous les sens, retournement d’alliances, assassinats… il y a dans cette période un excès de tout qui fait littéralement tourner la tête à tous les fans d’histoire haute en couleurs.
- Les transitions. Certains ont reproché un défaut de construction au niveau des transitions, mais pour le coup, il était impossible de faire mieux que Jodorowsky pour deux raisons : techniquement, dans l’absolu, la Bd ne peut ménager des transitions pour tout (cette critique vient ,à mon avis, d’une accoutumance à la Bd commerciale où le lecteur pris par la main n’a pas à réfléchir et à « jeter les ponts » entre les cases), dans le cas de cette Bd en particulier, vu le nombre important de « lignes » scénaristiques (politique extérieure, évènements intérieurs officiels, évènements intérieurs officieux, évènements intérieurs privés…), il faut bien « sauter » à certains moments entre chacune d’elles. Je n’ai ainsi ressenti aucune gêne de jointure, mais constaté au contraire une certaine adresse : Jodorowsky réussit à expliquer de manière rétrospective les conquêtes du Pape en faisant parler Machiavel.
Cette Bd apparaît donc comme un ratage partiel d’autant plus agaçant à constater que TOUS les ingrédients étaient à portée de mains pour donner un vrai chef d’œuvre : un dessinateur talentueux produisant un dessin sublime et parfaitement adapté, une thématique de scénario au potentiel quasi illimité (l’Eglise et le pouvoir dans le XVI eme italien).
Il aurait simplement fallu que Jodorowsky se mette sérieusement à étudier la période considérée: il aurait alors découvert que la réalité historique était suffisamment extraordinaire par elle-même pour se passer du talent bricolé du scénariste.
Une citation, pour faire « sentir » la médiocrité de la fiction Jodorowskyienne face à la richesse exubérante de la réalité historique :
Contexte : rivalité entre les candidatures à la charge papale de plusieurs factions, XIIeme siècle.
« C’est à la fin du troisième jour que les partisans de Rolando, qui détiennent une confortable majorité, décident de négliger l’engagement d’unanimité. Puisque les partisans de l’empereur espèrent l’emporter grâce à la fatigue des membres du conclave, les « Siciliens » hâtent le mouvement : forts des voix qui se sont majoritairement portées sur Bandinelli, ils s’apprêtent à poser sur ses épaules le manteau pontifical. En effet, cet acte rituel donne un caractère définitif et public à la désignation.
Les cardinaux impériaux réalisent qu’ils vont perdre la partie. Ils se déchaînent. Ottaviano se rue sur Rolando et lui arrache le manteau ; un sénateur, favorable à ce dernier, reprend de force le vêtement. La nef de Saint-Pierre est remplie de clameurs. Ottaviano produit soudain une copie du manteau rituel dont il a pris soin de se munir et qu’il a dissimulée jusqu’à présent. Dans le désordre général, il l’enfile. Mais à l’envers. Personne n’en a cure. Ottaviano, suivi de ses partisans, ouvre els portes de la basilique, se précipite devant la foule, se fait reconnaître comme pape »
p.77, Le pape et l’empereur. Georges Suffert.
Tragédie, comédie, personnages hauts en couleurs…En moins de 10 phrases, nous avons là un « concentré » d’histoires, de péripéties, de passions et d’actions qui balayent littéralement cette BD de 50 pages qui a mis plusieurs mois à s’élaborer…
En espérant qu’un scénariste talentueux saura un jour donner à cette histoire italienne l’éclat qu’elle mérite.
http://bdcritix.over-blog.com/#
Le scénario de Jodorowski est sans concession, parfaitement servi par les dessins de Théo. Certes les propos est brutal mais ne fait que traduire un fait qui traverse les siècles sans vieillir : l'homme est le prédateur de l'homme. Ce phénomène se traduit par une violence récurrente et quand le pouvoir et l'argent sont en jeu, cette violence atteint des sommets vertigineux. Le récit mené tambour battant, décrit parfaitement cette violence qui grandit comme une fleur vénéneuse dans l'environnement délétère et sulfureux cultivé par Della Rovere. Un bon premier tome à ne pas mettre entre toutes les mains ...
Jodo frappe fort avec ce nouvel opus. Cette série ne sera pas cependant à mettre entre les mains des plus jeunes dû à ses scènes érotiques assez fortes et marquées du seau de l'impudeur.
On y dévoile une Église dévergondée, où la quête du pouvoir devient l'objectif ultime, peu importe le nombre de cadavres qu'il faudra laisser sur le plancher pour y parvenir et peu importe la dépravation et la violence engendrées par cette quête.
Un bon début. Où serons-nous transportés ensuite?
Le dessin est très joli.
J'ai été immédiatement attiré par la mention Jodorowski qui est, pour moi, un signe de qualité dans le scénario (je suis un fan absolu de Bouncer). Encore une fois, on peut dire que Jodo sait mener son affaire! On rentre dans le vif du sujet sans prendre de pincettes avec tout ce qui peut être dégueux et crasseux en ce bas monde ! Ecrit pas Jodo, cela en devient toute une poésie ! Certes, le coté orgie, débauches et complots au sein du vatican apparaissent un brun excessif mais cela dénote radicalement des autres productions trop sages sur le même thème. Après tout, on est dans une fiction et il est permit de prendre quelques largesses. Enfin, cela alimente (très agréablement) mon coté anti-cléricale.
Mais ce qu'il y a de plus étonnant, c'est encore les dessins qui sont vraiment remarquables de beauté et surtout de précision. Ajouté à cela une superbe mise en couleurs et on obtient un excellent 1er tome.
Théo Caneschi et Alexandro Jodorowski signent un album aux graphismes superbes mais au scénario équivoque.
En effet, même si les Guerres d’Italie se prêtaient à des excès de toutes sortes, il semble que Jodorowski ait une idée bien arrêtée de la curie en général et du cardinal della Rovere en particulier. Son interprétation des moyens mis en œuvre par le futur Jules II pour accéder aux plus hautes fonctions ecclésiastiques laisse dubitatif et risque d’en offusquer plus d’un !
Coté dessin, le travail de Théo Caneschi est magistral. La maîtrise des décors est parfaite et doit sûrement beaucoup au « Trône d’argile ». Mais le plus remarquable reste les visages (en gros plan) d’un réalisme saisissant et d’une mise en couleur sans faute.
Cet album est une réussite malgré un scénario quelque peu … excessif !