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Nous sommes en 1959 et Hugo Pratt a quitté l’Argentine pour l’Angleterre. C’est là qu’il réalise les 3 histoires de cette Ann de la Jungle.
Autant le dire tout de suite il y a une certaine condescendance colonialiste qui n’est plus de mise et qui gêne un peu aujourd’hui. Pour autant ce n’est rien comparé aux histoires du même genre publiées Outre-Manche à l’époque.
Nous sommes donc au Kenya, le détail est donné dès la première planche avec le blason de l’East African Protectorate et ce même si le nom du poste militaire est Gombi situé, lui, au Nigéria.
Nous l’avons compris nous sommes dans la haute fantaisie. Ce livre est donc un recueil de « westerns africains » où les tribus locales tiennent le rôle habituel des Indiens. La première aventure est axée sur la révolte des Wagaïas, guerriers aussi féroces que fictifs. Certaines péripéties semble directement héritées des films d’aventures, celle de l’arsenal est peu ou prou tirée des « Trois Lanciers du Bengale ».
Si les trois autres histoires ont des prétextes et arguments différents, la présence de tribus révoltées sera toutefois toujours d’actualité.
La deuxième histoire préfigure davantage Corto puisque nous partons à la recherche d’une cité égyptienne antique, avec cette fois une influence d’Edgar Rice Burroughs avec Tarzan.
L’histoire suivante parle de réprimer un trafic d’esclaves organisé par un militaire britannique au profit de marchands arabes.
Quant à la dernière histoire, elle reprend le fameux mythe du cimetière des éléphants. C’est d’ailleurs cette dernière aventure qui permet de dater l’ensemble de l’album à une période d’avant 1914 puisqu’il est question de la colonie allemande du Tanganyka.
Aux limites précisées d’entrée, la mayonnaise de l’ensemble fonctionne assez bien pour peu qu’on ait envie de lire un bon album d’aventures. L’amateur verra surtout poindre ici et là les prémices d’œuvres plus ambitieuses, les aventures de Corto qui vont maturer quelques années encore.
On aura tout dit quand on aura précisé que cette Ann, une jeune ado dans le livre, est le portrait d’Anne Frongier que Pratt avait connu gamine et dont il fera son épouse en 1962.
Pratt avant Corto.
On retrouve tout ce qui a fait la grandeur du maître : le mystère, des tribus perdus, l'onirisme, des hommes d'honneurs, une femme fatale...
Il y a longtemps que je n'avais pas lu ou relu PRATT et je suis mitige , le dessin en noir et blanc est sublime , l'histoire pêut paraitre depasser et pour cause elle date mais elle est efficace mais voila tout semble depasse comme un film muet qui s'adresse au cinephile , cette BD elle s'adresse au BDphile .