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Deux ans après "De mal en pis", Alex Robinson nous livre à nouveau de la BD indépendante américaine de haute qualité avec ce récit récompensé d’un Eisner Awards en 2006 dans la catégorie meilleur roman graphique de l’année.
Le récit est construit autour de six personnages dont la psychologie est développée séparément à la manière de Short Cuts et dont les destins se rejoignent lentement sous forme d’un compte à rebours de 50 chapitres.
Alex Robinson construit à merveille ses six personnages et parvient à les rendre crédibles et sympathiques, malgré des traits de caractère pas toujours louables. De chapitre en chapitre on va ainsi suivre le quotidien de Ray, rock star en pleine crise créative vivant dans l’excès; Nick, menteur invétéré et faussaire d'images de collection; Phoebe, jeune fille à la recherche d'un père qu'elle n'a jamais connu; Steve, fan névrosé de Ray; Caprice, serveuse au cœur brisé; et de Lily, stagiaire dans une maison de disques, qui va devenir la muse de Ray.
Leurs histoires se développent en parallèle pour finalement se rejoindre dans le drame et la violence après trois cent pages. Un acte final tragique qui donnera une nouvelle direction aux destins des différents protagonistes auxquels on s’attache au fil des pages et dont on a du mal à se séparer malgré la fin du récit.
Ray Beam, célèbre rock star, est en panne d’inspiration. Son dernier album date de 4 ans. Nick, vendeur dans une boutique pour collectionneurs, redoute d’être licencié. Il multiplie les faux et vole son patron. Phoebe a appris l’existence de son père il y a 6 mois. D’un tempérament plutôt timide, elle s’est mis en tête de le retrouver et de le rencontrer. Steve, passionné de musique, est névrosé. Sa vie bascule lorsqu’il reçoit une photo de son idole couverte de graffitis et parafée de ce qui lui semble être une fausse signature. Caprice, serveuse dans le restaurant de Richard et Franck, a peut-être rencontré l’homme de sa vie. Ce n’est pas si facile à assumer et à admettre quand on manque terriblement de confiance en soi. Lily, habituée du travail intérimaire, décroche par hasard un job au salaire mirobolant.
Tous sont en proie au doute et au mal être. Leurs destins vont converger.
Bâti sur le mode du compte à rebours, cet album extrêmement humain montre combien le dialogue peut être constructif et son absence dévastatrice. Il pointe la difficulté à dire les choses, à les extérioriser et à les dépasser. L’épilogue est positif et optimiste : la traversée des moments de crise participe de la construction de soi, surmonter ces crises permet de gagner en force de caractère et d’accéder à une forme de plénitude.
La narration est fluide est subtile, le construction brillante. Le trait est juste, précis, très expressif et sait ralentir ou accélérer le rythme quand il le faut, là où il le faut.
Il n’est certainement pas facile, pour un auteur complet, d’écrire l’ouvrage qui suivra celui qui a été primé à Angoulême comme meilleur premier album. Le cap est brillamment passé.