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Chef d’oeuvre...
Encore un bijou de Marc Antoine Mathieu...
Récit cyclique ou boucle sans fin? En tous cas le lecteur un peu curieux se régalera à la suite du « Volumeur » dans sa descente du labyrinthe...
Les idées abondent, les trouvailles et les clins d’oeil font autant sourire que réfléchir...
L’idée principale, dont on mesure l’ampleur à la fin, rappelle un récit célèbre de Jorge Luis BORGES: La Bibliothèque de Babel, dont je me permets de citer ici ce court passage:
« Comme tous les hommes de la Bibliothèque, j’ai voyagé dans ma jeunesse ; j’ai effectué des pèlerinages à la recherche d’un livre et peut-être du catalogue des catalogues ; maintenant que mes yeux sont à peine capables de déchiffrer ce que j’écris, je me prépare à mourir à quelques courtes lieues de l’hexagone où je naquis »
Je suis un grand adepte de Mathieu et de l'univers absurde qu'il développe autour de J.C. Acquefaques. Dieu m'avait aussi assez séduit.
Là, cette histoire de prospection dans les tréfonds du Louvre, avec des personnages improbables, n'atteint pas la profondeur surréaliste de ces ouvrages, bien que le héros descende toujours plus bas. Bien sûr, il y a des excellentes trouvailles (la Joconde) mais ça sent un peu la BD de commande, même si ce n'est pas le cas (?)
Dommage...
Monsieur le Volumeur est chargé de cataloguer les collections d'un mystérieux musée (tellement mytérieux qu'on en a oublié le nom). Cette histoire est un extrait de son journal lors de sa longue expertise des coins et recoins de cet immense édifice.
Marc-Antoine Mathieu est en pleine forme ! Cette BD est phénoménale (comme à peu près tous ses bouquins :wink: ) d'inventions, de thématiques et d'humour; il ne faut pas oublier l'humour très fin de Mathieu qui se cache sous un dessin sombre. On sent que Mathieu, qui est également scénographe d'exposition, s'est fait réellement plaisir dans cette histoire de musée sans fond. Au fil des chapitres, il passe en revue les entrailles de l'essence du musée : les réserves qui prennent la poussière depuis des lustres, les ateliers de restaurations où d'étranges spécialistes de techniques oubliées s'agitent sans que le profane n'y comprenne grand chose et enfn de compte la futilité du cataloguage, tâche ingrate et sans fin (comment cataloguer la création ?).
Au niveau BD, c'est du Mathieu classique pourrait-on dire. Du N&B et gris très beau (associé avec une impression et du papier de qualité, merci Futuropolis) qui renforce la profondeur des sous-sols. La scène de voyage dans le temps au fond des réserves est phénoménale : tout y est noir avec juste un soupçon de gris pour les dessins (jolie prouesse technique d'impression qui joue sur la densité des encres). Comme dans les Julius, Mathieu nous offre une petite surprise technico-BD dont le grand Fred n'aurait pas renié (je n'en dis pas plus pour la surprise).
L'histoire en elle-même n'est très originale, un peu répétitive (chaque chapitre = nouveau niveau) et la chute est très prévisible mais ce n'est que très secondaire car l'intérêt de cette BD se situe ailleurs. Les situations, les questions philosophiques soulevées combinées à une réalisation parfaite grâce au talent de Mathieu forment un tout très dense et diablement passionnant. Co-édité par le Louvre, dont l'histoire et la taille ont surement servit d'inspiration à Mathieu, c'est plus un hommage de tous les musées du monde qu'il s'agit. Une très bonne BD sur un très bon sujet.
Une claque énorme la première fois que je l'ai lu, une excellente lecture
lorsque je l'ai réouvert... Certes Marc-Antoine Mathieu est plus "sage" qu'à
l'habitude pour ce qui est de destructurer ses albums, il y a moins d'inovations
graphiques, mais la créativité, l'imagination et le génie sont bien là. On se
demande où il va chercher autant d'idées.
Eudes le Volumeur, un "expert", accompagné de son disciple Léonard, doit
examiner de fond en comble les gigantesques sous-sols du Musée du Louvres
(dont personne ne se rappel le nom dans l'univers si particulier de Mathieu -
tout fan est en terrain connu). Gigantesques en effet : l'expert déambulera
des dizaines d'années dans ces sous-sols, sans même réussir à établir un plan
précis ni même à tout répertorier (et ce malgré le travail de ses
prédécesseurs).
L'histoire est découpée en chapitres, chacun d'eux mettant en scène la visite
d'un étage, d'une aile, d'un département particulier. Et à chaque chapitre ses
extraordinaires idées et ses trouvailles sans nom. On se régale véritablement
à avancer dans le livre en même temps qu'avancent les recherches du
Volumeur, à être encore plus surpris à chaque fois que l'on tourne une
nouvelle page.
Le moindre détail peut être conceptualisé, transformé, rendu tout à fait génial
par les idées sans fin de l'auteur. Lequel auteur s'amuse à nous compliquer ce
qui semblait si simple, à imbriquer des idées les unes dans les autres, à
emmêler des concepts... (des tableaux de tableaux, des cadres encadrés, des
copies copiées, des copies de copies de copies, des copies de copistes... mais
surtout pas de copies de Copi (il est incopiable) (ne rajoutons pas d'exemple
ça pourrait gâcher votre lecture (et j'en ai déjà trop dévoilé))). On a en plus
de ça des jeux sur les mots exquis (amoureux des anagrames...) et quelques
teintes d'humour bien senties. Et toujours cette réflexion sur l'art, sa
perception, son contenu, sa reproduction, sa création...
Au pur noir et blanc habituel, on a ici quelques teintes de gris en plus. La
parfaite opposition noir/blanc que Mathieu maîtrise si bien n'est donc plus là
mais ces gris sont propices à l'univers du Musée et ne gâchent en rien
l'impeccable ligne claire de l'auteur. De plus, même s'il est vrai que M-A M
aurait put jouer un peu plus sur la forme, ce format carré est parfait et permet
des découpages à la symétrie si cher à Mathieu.
Les Sous-Sol du Révolu est donc un album génial que tout fan de Marc-Antoine
Mathieu se doit de posséder (et il en est de même pour les fans d'auteurs
comme Fred ou Chris Ware).
Il y a, comme on pouvait s'y attendre avec Mathieu, de belles planches et de l'originalité. Cependant, je dois avouer que je suis resté sur ma faim. A réserver donc aux fans de l'auteur ou aux fans du musée du Louvre.