Photo © Daniel Maghen
Né en Espagne le 21 avril 1972, Jose Luis Munuera ne réfute pas sa forte imprégnation par la BD franco-belge, principalement humoristique, dans ses traductions locales ou les magazines parvenant au-delà des Pyrénées. Après ses études aux Beaux-Arts de Grenade, il tente de percer dans son pays, mais se rend vite compte que le goût éditorial y est surtout porté ves les séries américaines, les mangas et un réalisme esthétisant fort éloigné de son penchant naturel pour l'humour. Il cite volontiers parmi ses lectures préférées Spirou et Fantasio ou l'œuvre d'Uderzo. Jugé trop "français" par ses pairs, il se rend en pélerinage à Angoulême où il a la chance de se lier avec Sfar qui lui scénarise trois albums des "Potamoks" pour les éditions Delcourt en 1996-1997 ("Terra incognita", "Les Fontaines rouges", "Nous et le désert"). Après ce premier essai en commun dont le résultat commercial ne les satisfait guère, ils se tournent vers Dargaud et content l'enfance de l'enchanteur Merlin à partir de 1999 ("Jambon et Tartine", "Merlin contre le Père Noël", "Merlin va à la plage", "Le Roman de la mère Renart"). Tout comme le regretté Franquin, Munuera insiste sur le fait qu'il trouve en fait son plaisir à illustrer des histoires qu'il aurait aimé lire étant jeune... Habitant à Murcie, Munuera use de l'internet et de l'informatique pour étendre sa toile vers la France. La rencontre de Jean-David Morvan va le mener un étage plus haut dans le fantastique humoristique avec "Sir Pyle" chez Soleil Productions. Etrange personnage que ce médecin auquel font appel les monstres et autres créatures de l'ombre lorsqu'ils souffrent d'une maladie physique ou psychique. "Mythecin généraliste" (1999) et "Mauvais Souvenirs" (2000) vont être fort remarqués pour leur exubérance graphique et le fait que c'est un gamin d'une douzaine d'années qui expose des histoires vieilles de plusieurs siècles. Seul, il publiera en 2000 chez Dargaud "La route d'Eldorado", une adaptation BD d'un dessin animé du studio Dreamworks. Ce travail de commande l'aidera à maîtriser son dessin foisonnant et compulsif. Plutôt père tranquille dans la vie courante, il avoue travailler dans la surexcitation : "Je fume comme une cheminée, je saute de ma table à dessin pour faire des grimaces et les dessiner devant le miroir, je cherche la documentation au fur et à mesure et les photos, les gravures anciennes et les livres s'accumulent à la fin de la journée. Je me réveille tous les jours en me disant à moi-même que je vais faire un chef d'oeuvre et, après, j'ai un trac pas possible." Sa reprise des mythiques "Spirou et Fantasio" n'a certainement rien pour apaiser son enthousiasme méditerranéen, mais il y donne tout ce qu'il peut, réalisant ainsi un de ses rêves de jeunesse et à peine conscient de la gageure que constitue cette renaissance de personnages aussi ancrés dans la mémoire collective. Il les mènera assurément très loin dans ce nouveau millénaire en les modernisant graduellement avec l'aide de son scénariste favori. Leur première histoire, "Paris-sous-Seine", révèle un tempérament exceptionnel et une mise en pages moderniste jouant sur la multiplicité des cases et des détails singuliers.
Texte © Dupuis
Photo © Daniel Maghen
Né en Espagne le 21 avril 1972, Jose Luis Munuera ne réfute pas sa forte imprégnation par la BD franco-belge, principalement humoristique, dans ses traductions locales ou les magazines parvenant au-delà des Pyrénées. Après ses études aux Beaux-Arts de Grenade, il tente de percer dans son pays, mais se rend vite compte que le goût éditorial y est surtout porté ves les séries américaines, les mangas et un réalisme esthétisant fort éloigné de son penchant naturel pour l'humour. Il cite volontiers parmi ses lectures préférées Spirou et Fantasio ou l'œuvre d'Uderzo. Jugé trop "français" par ses pairs, il se rend en pélerinage à Angoulême où il a la chance de se lier avec Sfar qui lui scénarise trois albums des "Potamoks" pour les éditions Delcourt en 1996-1997 ("Terra incognita", "Les Fontaines rouges", "Nous et le désert"). Après ce premier essai en commun dont le résultat commercial ne les satisfait guère, ils se tournent vers Dargaud et content l'enfance de l'enchanteur Merlin à partir de 1999 ("Jambon et Tartine", "Merlin contre le Père Noël", "Merlin va à la plage", "Le Roman de la mère Renart"). Tout comme le regretté Franquin, Munuera insiste sur le fait qu'il trouve en fait son plaisir à illustrer des histoires qu'il aurait aimé lire étant jeune... Habitant à Murcie, Munuera use de l'internet et de l'informatique pour étendre sa toile vers la France. La rencontre de Jean-David Morvan va le mener un étage plus haut dans le fantastique humoristique avec "Sir Pyle" chez Soleil Productions. Etrange personnage que ce médecin auquel font appel les monstres et autres créatures de l'ombre lorsqu'ils souffrent d'une maladie physique ou psychique. "Mythecin généraliste" (1999) et "Mauvais Souvenirs" (2000) vont être fort remarqués pour leur exubérance graphique et le fait que c'est un gamin d'une douzaine d'années qui expose […]