Fred fait partie des géants de la bande dessinée et a influencé toute une génération d’auteurs. Dans chacune de ses œuvres – de Philémon au Petit cirque – l’auteur accomplit un numéro de funambule dans lequel le génie de Fred éblouit. Son langage résolument novateur, son invention permanente, son imagination foisonnante ont ouvert une nouvelle voie à la bande dessinée. Fred (Othon Aristides) naît le 5 mars 1931 à Paris. Tout môme, il remplit des cahiers entiers de bandes dessinées bourrés de fôtes d'ortografe et publie son premier dessin humoristique dans le courrier des lecteurs d'un journal pour enfants. Un peu plus tard, il fait ses premiers pas vers l'absurde, l'envers du décor et le dérapage contrôlé en dévorant Edgar Poe, Dickens et Oscar Wilde. Vers 18 ans, il fait timidement le tour des rédactions et finit, à sa grande fierté, par placer un dessin à Ici Paris. À sa grande déception, la signature a été coupée... À son retour de l'armée, il dessine pour France Dimanche, Paris Match, Le Hérisson et Quartier Latin, un journal extrêmement modeste vendu au colportage par Georges Bernier, plus connu ultérieurement sous le nom du Professeur Choron. C'est avec Georges Bernier et Cavanna (rencontré à Ici Paris) que Fred, promu directeur artistique, crée Hara-Kiri en septembre 1960. Il exécute les 60 premières couvertures, touche un peu à tout, s'aperçoit qu'il aime bien écrire et revient à la bande dessinée avec Les Petits Métiers, Le Manu Manu, Tarsinge l'homme Zan et Le Petit Cirque. En 66, après six mois de labeur, il propose 15 planches d'une nouvelle histoire à Spirou, qui les refuse : le dessin ne va pas, l'histoire non plus... À la lecture des mêmes planches, Goscinny s'enthousiasme et publie La Clairière des trois hiboux, premier épisode des aventures de Philémon. Mais cette fois-ci, ce sont les lecteurs qui n'apprécient pas le dessin. Fred se met donc à écrire une multitude de scénarios qui seront dessinés par d'autres - ce qui ne l'amuse pas du tout, sauf quand il imagine Time is money pour Alexis. Et puis il commence à ruminer dans ses moustaches l'idée d'envoyer Philémon sur les lettres de l'Océan Atlantique - idée qui lui est venue dans son bain : où va-t-on quand on se laisse aspirer par le tourbillon de la baignoire qui se vide ? (Fred trouve toujours ses idées dans son bain. Quand l'idée ne vient pas, il prend cinq bains par jour, il est donc très propre...) Il écrit le scénario, le fait lire à Goscinny et déclare assez fermement qu'il veut le dessiner lui-même. Goscinny accepte et la grande aventure de Philémon, dont le 15e album paraîtra en 87, commence. Dans les années 70, tout le monde s'arrache Pilote, y compris Jacques Dutronc, qui propose à Fred de lui écrire des chansons. Fred tente le coup avec une totale fraîcheur, à l'instinct : Le Fond de l'air est frais entrera très vite au hit-parade. Devenus copains, Fred et Dutronc réaliseront ensemble deux livres-disques pour enfants : La Voiture du clair de lune et Le Sceptre. Après quelques expériences d'auto-édition, dont le magnifique Magic Palace Hôtel, Fred exécute en 83, pour les imageries Pellerin d'Epinal Magique Lanterne Magique et, chez Futuropolis, un superbe portfolio baptisé Manège. Puis Le Matin de Paris lui offre une pleine page hebdomadaire qu'il occupe avec Le Journal de Jules Renard lu par Fred, publié en 88 chez Flammarion. En 91, Fred signe 35 scénarios de courts-métrages réalisés par Daniel Vigne (le Retour de Martin Guerre) Jacques Ruffio et Gérard Zingg entre autres. Tournés en 35 mm dans des conditions extrêmement luxueuses - pour 2 minutes de pellicule, ils partent à 30 dans le désert avec des land-rovers -, ces mini-films sont des chefs d'œuvre de poésie et d'humour. Pris au jeu, Fred signe ensuite pour Gérard Zingg le scénario d'un long-métrage, L'Autobus de la haine. Après Philémon - réédité en trois gros volumes dans une édition millésimée en mars 2011 - , Fred explore d’autres univers et signe plusieurs albums considérés (à juste titre) comme des chefs d’œuvre : L’Histoire du corbac aux baskets, L’Histoire de la dernière image et L’Histoire du conteur électrique. Fin 2010, Dargaud regroupe d’ailleurs ces trois albums dans un coffret en y ajoutant L’Histoire du Magic palace hôtel pour la première fois mis en couleur ! Plusieurs recueils de ses dessins d’humour – Le Noir, lavis et la couleur et Fredissimo – ont également vu le jour. Mais Fred se fait rare et se prête alors au jeu d’une rubrique régulière publiée dans La lettre (l’officiel de la BD) sous le titre “Un magnéto dans l’assiette de Fred” dans laquelle il se confie. Il faut dire que cet auteur majeur de la bande dessinée a beaucoup de choses à raconter, à tel point que Dargaud lui consacre (enfin), une biographie qui sort en mars 2011 sous le titre L’Histoire d’un conteur éclectique. Rédigé par Marie-Ange Guillaume, cette monographie de 200 pages rassemble de nombreux documents inédits dont les toutes premières pages de son prochain Philémon sur lequel il travaille depuis plusieurs années.
Texte et photo © Dargaud
Fred fait partie des géants de la bande dessinée et a influencé toute une génération d’auteurs. Dans chacune de ses œuvres – de Philémon au Petit cirque – l’auteur accomplit un numéro de funambule dans lequel le génie de Fred éblouit. Son langage résolument novateur, son invention permanente, son imagination foisonnante ont ouvert une nouvelle voie à la bande dessinée. Fred (Othon Aristides) naît le 5 mars 1931 à Paris. Tout môme, il remplit des cahiers entiers de bandes dessinées bourrés de fôtes d'ortografe et publie son premier dessin humoristique dans le courrier des lecteurs d'un journal pour enfants. Un peu plus tard, il fait ses premiers pas vers l'absurde, l'envers du décor et le dérapage contrôlé en dévorant Edgar Poe, Dickens et Oscar Wilde. Vers 18 ans, il fait timidement le tour des rédactions et finit, à sa grande fierté, par placer un dessin à Ici Paris. À sa grande déception, la signature a été coupée... À son retour de l'armée, il dessine pour France Dimanche, Paris Match, Le Hérisson et Quartier Latin, un journal extrêmement modeste vendu au colportage par Georges Bernier, plus connu ultérieurement sous le nom du Professeur Choron. C'est avec Georges Bernier et Cavanna (rencontré à Ici Paris) que Fred, promu directeur artistique, crée Hara-Kiri en septembre 1960. Il exécute les 60 premières couvertures, touche un peu à tout, s'aperçoit qu'il aime bien écrire et revient à la bande dessinée avec Les Petits Métiers, Le Manu Manu, Tarsinge l'homme Zan et Le Petit Cirque. En 66, après six mois de labeur, il propose 15 planches d'une nouvelle histoire à Spirou, qui les refuse : le dessin ne va pas, l'histoire non plus... À la lecture des mêmes planches, Goscinny s'enthousiasme et publie La Clairière des trois hiboux, premier épisode des aventures de Philémon. Mais cette fois-ci, ce sont les lecteurs qui n'apprécient pas le dessin. Fred se met donc à écrire une multitude de scénarios qui seront dessinés par d'autres - ce qui ne l'amuse pas du tout, sauf quand […]