"Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d'art français, né à Tarbes le 31 août 1811 et mort à Neuilly le 23 octobre 1872.
Né à Tarbes le 31 août 1811, le tout jeune Gautier garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il monte pourtant très tôt avec sa famille à Paris. Il lit alors Robinson Crusoé, Paul et Virginie. En 1822 seulement, il fait un bref séjour en tant que pensionnaire au lycée Louis-Le-Grand. Ses parents doivent l'en retirer au bout d'un trimestre tant il y dépérit. Plus heureux comme externe au collège Charlemagne, Gautier y rencontre le jeune Gérard Labrunie (le futur Nerval) et manifeste un goût particulier pour les poètes latins dits décadents, les « grotesques ». À cette époque Gautier fréquente l'atelier du peintre Louis Édouard Rioult, rue Saint-Antoine, et forme avec des amis artistes le fameux « Cénacle ». Il se destine alors à une carrière de peintre. Il appartient au Parnasse.
Sa rencontre en juin 1829 avec « le maître » Victor Hugo précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge qui marquera durablement les esprits. Le soir même, il quitte l'atelier de Rioult.
Cinq mois plus tard, le 28 juillet 1830, les Poésies de Théophile Gautier paraissent chez Mary. Malheureusement ce jour est aussi celui des barricades à Paris et le recueil passe sous silence. Ces premières poésies pourtant montrent un jeune poète fort habile ayant déjà acquis la manière des anciens et, conscient de leur héritage, il y fait preuve d'originalité par une forme bien arrêtée et une langue précise et nette. Trois ans plus tard, Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil intitulé Albertus, du nom du héros du long poème, récit fantastique, diabolique et pittoresque. La verve de cette « légende » se retrouve en 1833 dans une série de romans, Les Jeunes France, qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes et écrivains qui forment le Cénacle. Dans cet ouvrage « baroque » pourtant, Gautier se fait le témoin lucide et ironique des ces « Précieuses Ridicules du Romantisme ».
Quittant le domicile familial, place des Vosges, Théophile Gautier s'installe impasse du Doyenné, à l'emplacement de la place du Carrousel, dans un appartement où il a comme voisins Camille Rogier, Arsène Houssaye et Nerval.
En 1836, Gautier, devenu journaliste pour des raisons financières, fait paraître un roman, Mademoiselle de Maupin, qui fait scandale. Alors qu'il prépare un nouveau roman, Le Capitaine Fracasse, qu'il n'achève que trente ans plus tard, divers récits, contes ou nouvelles paraissent de 1837 à 1866 : citons Fortunio, La Toison d'or, Une nuit de Cléopâtre, Arria Marcella, la Morte amoureuse ou encore Le Roman de la momie.
Portrait par Auguste de Châtillon (1839).Au journal de La Presse, Gautier se charge d'abord de la critique d'art. On évalue à plus de deux mille le nombre des feuilletons et articles qu'il aurait rédigés pour ce journal. Un nombre restreint de ces articles est recueilli en volumes : Les Grotesques, L'histoire des peintres, l’Art moderne, Les Beaux-Arts en Europe, l’Histoire de l'art dramatique depuis vingt-cinq ans, Trésors d'art de la Russie, Portraits contemporains, Histoire du Romantisme, Souvenirs littéraires, etc. Tous ces articles sont allègrement écrits dans une langue nette, souple, impeccable et brillante. Gautier invente à sa manière une écriture de critique d'art qui ne vise pas seulement au jugement, à l'analyse, mais aussi à recréer la justesse du sentiment esthétique. Il cherche à rendre, au moyen de mots, la sensation visuelle, musicale produite par la perception directe de l'œuvre d'art. Cette tâche de chroniqueur l'occupe toute sa vie. Souvent pesante, cette besogne quotidienne ne l'empêche pas de créer des œuvres poétiques et dramatiques, et d'effectuer des voyages.
Ainsi en 1838 paraît La Comédie de la Mort, un recueil de poèmes assez différent des précédents où, sous l'influence de Shakespeare, Goethe et Dante, Gautier sculpte avec vigueur le spectre de la Mort. En 1839, Gautier cède à la tentation du théâtre qu'il admire depuis toujours et écrit Une Larme du Diable puis Le Tricorne Enchanté et Pierrot Posthume. Ce sont des fantaisies, des pastorales féeriques, un théâtre lyrique, impossible et imaginaire qu'il fait vivre encore dans les livrets de plusieurs ballets, dont le plus célèbre est celui de Giselle, dansé à l'Opéra le 28 juin 1841, avec un succès prodigieux.
En 1840 Gautier découvre l'Espagne et ce séjour de six mois lui fournit la matière de son Voyage en Espagne, sorte de carnets d'impressions vigoureux, marqués par la fraîcheur du regard, l'étonnement de la vision et le souci toujours exacerbé de la justesse du dire. Ces visions donnent lieu à de nouveaux vers, España, qui paraissent dans le recueil des Poésies complètes en 1845. Ce premier voyage en amène bien vite d'autres. En 1845 c'est l'Algérie, en 1850 l'Italie, en 1852 la Grèce et la Turquie, en 1858 la Russie et en 1862 l'Égypte. Chacun de ces voyages donne lieu à des publications : Italia, Constantinople, mais surtout ils nourrissent ses œuvres littéraires, romans, nouvelles ou poésies.
À côté de ce travail de critique, Gautier garde toujours une prédilection pour la poésie : elle demeure, comme en témoignent ses amis comme Émile Bergerat ou Maxime du Camp par exemple, sa passion, sa distraction, son exercice quotidien. Ainsi, en 1852, paraît la première version de Émaux et Camées, recueil qui jusqu'en 1872 s'enrichit de poésies nouvelles.
En 1857, Gautier s'installe avec son épouse, Ernesta Grisi (sœur de la danseuse Carlotta Grisi), ses filles, Judith Gautier et Estelle, qui épouse Émile Bergerat, et ses deux vieilles sœurs, 32 rue de Longchamp à Neuilly-sur-Seine, dans une petite maison où il se plaît à recevoir ses amis : Baudelaire, Dumas fils, Ernest Feydeau, Gustave Flaubert, Puvis de Chavannes ou encore Gustave Doré.
De sa liaison avec Eugénie Fort, une très belle femme, plus jeune que lui et avec des origines espagnoles, il a un fils, Théophile Gautier fils qui suppléa son père plusieurs fois au Moniteur.
Lors des salons littéraires de la princesse Mathilde, dont il est nommé bibliothécaire, Gautier rencontre également des écrivains comme Taine, Sainte-Beuve, Prosper Mérimée, les Goncourt ; des peintres comme Paul Baudry, Gustave Boulanger, Jean-Léon Gérôme ; des sculpteurs comme Carpeaux ; des savants comme Claude Bernard, Pasteur ou Berthelot. À cette époque Gautier fait figure de chef d'école. Baudelaire se déclare son disciple (il lui dédie Les Fleurs du mal, le qualifiant de « poète impeccable »), Théodore de Banville lui dédie ses vers.
Elu en 1862 président de la Société nationale des Beaux-Arts, il est entouré d'un comité composé des peintres les plus prestigieux : Eugène Delacroix, Pierre Puvis de Chavannes, Édouard Manet, Albert-Ernest Carrier-Belleuse et Gustave Doré. Cette élection à un poste en vue provoque l'envie d'une partie des littérateurs moins connus et il échoue à trois reprises lorsqu'il se présente à l'Académie française, en 1866, 1868 et 1869.
Profondément ému par les événements militaires de 1870, Gautier revient à Paris, où il finit ses jours, rongé par la maladie, mais conscient du devoir d'enseignement et d'exemple dont il est investi auprès des jeunes générations. Le 23 octobre 1872 dans la nuit, son cœur cesse de battre. Hugo, Mallarmé ou encore Banville lui rendent un dernier « toast funèbre ». Il est enterré au cimetière de Montmartre à Paris."
"Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d'art français, né à Tarbes le 31 août 1811 et mort à Neuilly le 23 octobre 1872.
Né à Tarbes le 31 août 1811, le tout jeune Gautier garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il monte pourtant très tôt avec sa famille à Paris. Il lit alors Robinson Crusoé, Paul et Virginie. En 1822 seulement, il fait un bref séjour en tant que pensionnaire au lycée Louis-Le-Grand. Ses parents doivent l'en retirer au bout d'un trimestre tant il y dépérit. Plus heureux comme externe au collège Charlemagne, Gautier y rencontre le jeune Gérard Labrunie (le futur Nerval) et manifeste un goût particulier pour les poètes latins dits décadents, les « grotesques ». À cette époque Gautier fréquente l'atelier du peintre Louis Édouard Rioult, rue Saint-Antoine, et forme avec des amis artistes le fameux « Cénacle ». Il se destine alors à une carrière de peintre. Il appartient au Parnasse.
Sa rencontre en juin 1829 avec « le maître » Victor Hugo précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge qui marquera durablement les esprits. Le soir même, il quitte l'atelier de Rioult.
Cinq mois plus tard, le 28 juillet 1830, les Poésies de Théophile Gautier paraissent chez Mary. Malheureusement ce jour est aussi celui des barricades à Paris et le recueil passe sous silence. Ces premières poésies pourtant montrent un jeune poète fort habile ayant déjà acquis la manière des anciens et, conscient de leur héritage, il y fait preuve d'originalité par une forme bien arrêtée et une langue précise et nette. Trois ans plus tard, Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil intitulé Albertus, du nom du héros du long poème, récit fantastique, diabolique et pittoresque. La verve de cette « légende » se retrouve en 1833 dans une série de romans, Les Jeunes France, qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes […]