Jacques Sadoul, né en 1934 à Agen, est mort, vendredi, à l’âge de 78 ans, a-t-on appris auprès des éditions Bragelonne qui avaient publié, en 2006, ses passionnantes mémoires de 50 ans d’édition : « C’est dans la poche ! : mémoires ». Son travail sur les anthologies de science-fiction, notamment son « Histoire de la science-fiction moderne » (chez Librio), fait toujours référence pour les amateurs du genre. Mais cet amoureux de la littérature populaire américaine (polars, SF, fantastique ou érotique) a aussi contribué à la popularisation du 9e art auprès d’un public cultivé et des esthètes. On lui doit, peut-être aussi, l’origine du mot bulle qui remplace encore souvent, dans le langage courant, l’appellation phylactère. En effet, en 1968, alors qu’il cherchait, avec l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, un titre évoquant un ballon, la forme du phylactère, pour son ouvrage à paraître sur la bande dessinée érotique (le premier du genre), il s’écria : « Ça évoque aussi une bulle ! ».Et c’est ainsi que ce livre s’appela « L’Enfer des bulles » (l’enfer étant une référence aux rayons de la Bibliothèque Nationale qui regroupait, à l’époque, tous les livres à ne pas mettre entre toutes les mains) ! Dans le même genre, on lui doit aussi « Les Filles de papier » (publié chez Elvifrance, en 1971), « Panorama de la bande dessinée » (chez J’ai Lu, en 1976), « 93 ans de BD » (J’ai Lu, 1989) et « L’Enfer des bulles : 20 ans après » (chez Albin Michel, en 1990) : des ouvrages simples, bien écrits et très illustrés, qui ont permis la reconnaissance du medium auprès d’une certaine élite et qui sont à associer aux écrits d’autres disparus comme Claude Moliterni, Francis Lacassin ou Pierre Couperie. Jacques Sadoul a commencé sa carrière littéraire au sein des éditions Opta, y créant le Club du livre d’anticipation (en 1966), suivi par la collection Galaxie-bis (en 1967), où il publia les premières illustrations de Moebius, de Philippe Druillet, de Philippe Caza, d’Enki Bilal ou de Claude Auclair, entre autres. En 1968, il prend en charge la collection Science-Fiction de J’ai Lu, dont les publications ont contribué à donner ses lettres de noblesse au genre SF. Il avait également créé, en 1972, le prix Apollo qui récompensera les meilleurs romans de science-fiction publiés en France, jusqu’en 1990. Dès 1982, il prend la tête de J’ai Lu, en tant que directeur éditorial, et participe à la définition des codes de l’édition au format poche. Il publie alors de nombreuses histoires sous forme de « pulps » (publications bon marché) qu’il partage dans la collection Meilleurs récits. En développant aussi le genre fantastique, il obtint, notamment avec les traductions des romans de Stephen King, des résultats éditoriaux retentissants. Jacques Sadoul a aussi été l’un des premiers à s’intéresser à la bande dessinée au format poche et aux mangas en lançant, à la fin des années 1980, la collection J’ai Lu – BD. Il fut, également, le principal artisan du rachat de Fluide Glacial par Flammarion et le créateur de la collection et label Librio. Cet éditeur inventif écrivait aussi de la science-fiction, du fantastique et des polars. Il a été notamment lauréat du Grand prix de littérature policière pour « Trois morts au soleil », en 1986 : une enquête de l’agent de la CIA Carol Evans, l’une des premières héroïnes lesbiennes du roman policier et, certainement, sa série la plus connue, puisqu’elle fut commencée en 1981 et achevée en 2006. Ses nombreux romans, parus chez Albin-Michel, Flammarion ou Belfond, sont hélas aujourd’hui tous épuisés. Son dernier roman, « Le Miroir de Drusilla » a été publié aux éditions Black Coat Press, en 2011. Jacques Sadoul était « l’un des grands éditeurs du 20e siècle qui a contribué d’une façon irremplaçable à la notoriété des genres populaires tels que la science-fiction, la romance, le manga, les adaptations de films et de séries télévisées« , soulignent les éditions Bragelonne dans leur communiqué.
Texte © Gilles Ratier
Jacques Sadoul, né en 1934 à Agen, est mort, vendredi, à l’âge de 78 ans, a-t-on appris auprès des éditions Bragelonne qui avaient publié, en 2006, ses passionnantes mémoires de 50 ans d’édition : « C’est dans la poche ! : mémoires ». Son travail sur les anthologies de science-fiction, notamment son « Histoire de la science-fiction moderne » (chez Librio), fait toujours référence pour les amateurs du genre. Mais cet amoureux de la littérature populaire américaine (polars, SF, fantastique ou érotique) a aussi contribué à la popularisation du 9e art auprès d’un public cultivé et des esthètes. On lui doit, peut-être aussi, l’origine du mot bulle qui remplace encore souvent, dans le langage courant, l’appellation phylactère. En effet, en 1968, alors qu’il cherchait, avec l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, un titre évoquant un ballon, la forme du phylactère, pour son ouvrage à paraître sur la bande dessinée érotique (le premier du genre), il s’écria : « Ça évoque aussi une bulle ! ».Et c’est ainsi que ce livre s’appela « L’Enfer des bulles » (l’enfer étant une référence aux rayons de la Bibliothèque Nationale qui regroupait, à l’époque, tous les livres à ne pas mettre entre toutes les mains) ! Dans le même genre, on lui doit aussi « Les Filles de papier » (publié chez Elvifrance, en 1971), « Panorama de la bande dessinée » (chez J’ai Lu, en 1976), « 93 ans de BD » (J’ai Lu, 1989) et « L’Enfer des bulles : 20 ans après » (chez Albin Michel, en 1990) : des ouvrages simples, bien écrits et très illustrés, qui ont permis la reconnaissance du medium auprès d’une certaine élite et qui sont à associer aux écrits d’autres disparus comme Claude Moliterni, Francis Lacassin ou Pierre Couperie. Jacques Sadoul a commencé sa carrière littéraire au sein des éditions Opta, y créant le Club du livre d’anticipation (en 1966), suivi par la collection Galaxie-bis (en 1967), où il publia les premières illustrations de Moebius, de Philippe Druillet, de Philippe Caza, d’Enki Bilal ou de Claude Auclair, […]