Friedrich Ignatz Wertheimer alias Fredric Wertham, né le 20 mars 1895 à Munich (Allemagne) et mort le 18 novembre 1981 à Kempton en Pennsylvanie est un psychiatre américain qui a mené une campagne contre les comics dans les années 1950. Il étudie à Munich, Erlangen et Londres, puis à l'Université de Wurtzbourg dont il est diplômé en 1921. Les influences principales dans sa carrière de psychiatre sont celles de Sigmund Freud, avec qui il eut une correspondance, et de Emil Kraepelin.
En 1922, il s'installe aux États-Unis, où il prend un poste à l'université Johns-Hopkins. Il change son nom en Fredric Wertham et obtient la nationalité américaine en 1927. En 1932, il obtient le poste très important de senior psychiatrist du département des hôpitaux de la ville de New York. Il devient ainsi directeur des services psychiatriques de plusieurs hôpitaux new-yorkais dont le Bellevue Hospital, le General Hospital du Queens et la Lafargue Clinic de Harlem.
Wertham se distingue particulièrement par ses collaborations avec les institutions judiciaires. Il intervient fréquemment dans des procès en tant qu'expert psychiatre. Il contribue à la mise en place d'un système d'évaluation psychiatrique des condamnés des tribunaux new-yorkais, novateur pour l'époque. En 1935, il se fait connaître du public avec sa participation au procès du tueur en série Albert Fish. Cité en tant qu'expert par la défense, Wertham est chargé de réaliser une évaluation psychiatrique de l'accusé. Il conclut à la folie de celui-ci, qui est pourtant déclaré sain d'esprit par le tribunal et finalement exécuté.
À partir de 1948, il s'engage dans une campagne contre les comics. Il publie notamment une interview dans le magazine Collier's Weekly intitulée Horror in the Nursery et The Psychopathology of Comic Books dans le journal scientifique l’American Journal of Psychotherapy. Wertham n'est pas le seul à critiquer les bandes dessinées, mais ses titres scientifiques et sa qualité de témoin-expert cité par les autorités dans de nombreuses affaires judiciaires le rendent particulièrement convaincant.
Il atteint le summum de son influence en 1954 avec la publication de son livre Seduction of the Innocent. Il y décrit de nombreuses représentations ouvertes ou suggérées de scènes de violence, de sexe, d'usage de drogue et autres thèmes adultes qu'il a relevé dans ce qu'il appelle les crime comics. Pour lui ceux-ci incluent tout comics contenant des scènes de crime, qu'ils soient consacrés à des histoires de gangsters et d'affaires de meurtre (un genre très populaire à l'époque), de super-héros ou d'horreur. Il relate également des crimes commis par des lecteurs de comics, martelant sa thèse : la lecture de comics pousse les jeunes au crime. Il va jusqu'à dire que « Hitler était un débutant au regard de l'industrie des comics » quant à l'enseignement de la violence et du racismen. Le livre devient un best-seller ; des extraits en sont publiés dans des publications telles que le Reader's Digest, augmentant encore son impact.
La publication du livre coïncide avec les travaux d'une commission d'enquête du Congrès sur la délinquance juvénile. Avec l'émoi provoqué par son ouvrage, il est inévitable que Wertham soit amené à témoigner. Effectivement convoqué devant cette commission, il y répète ses thèses : les comics sont l'une des causes de la délinquance juvénile ; son prestige dû à son rôle de témoin expert dans plusieurs procès importants lui assure la plus grande attention de son auditoire. Ce n'est pourtant pas ce témoignage qui obtient le plus grand retentissement, mais celui de l'éditeur William Gaines. Sa maison d'édition, EC Comics publie alors les comic books aux thèmes les plus adultes du marché, notamment dans le genre de l'horreur. Désireux de défendre son activité, Gaines décrit la couverture de l'une de ses publications où apparaît une tête de femme décapitée comme « de bon goût ». Reprise dans les journaux, cette réponse interprétée comme le symbole du cynisme des éditeurs dispose le public défavorablement à leur égard. Dans ses conclusions, la commission ne préconise pas de mesure précise, mais recommande aux éditeurs d'adoucir d'eux-mêmes leurs publications.
Craignant la mise en place d'une législation de censure gouvernementale, les principaux éditeurs créent un organisme appelé Comics Code Authority (CCA) chargé de définir et faire appliquer un ensemble de règles sur le contenu approprié dans les comics. Wertham critique la mise en place du CCA, le considérant trop proche des éditeurs qu'il estime incapables de s'auto-réguler. Dès 1955, il témoigne devant un comité du New York State Legislature (organe législatif de l'État de New York) que les comics ne sont pas meilleurs sous le code qu'auparavant, montrant comme preuve un fouet et un couteau acheté à partir des publicités présentes dans un comic book portant le sceau du CCA. Pourtant, l'instauration du Comics Code a eu un réel effet : à l'instar d'EC, de nombreux éditeurs ont fait faillite ou tout du moins arrêté leurs séries les plus adultes ; en moyenne, les comics sont devenus beaucoup plus édulcorés qu'auparavant.
Les thèses de Wertham sur le lien entre comics et violence juvénile ont été critiquées entre autres pour leur manque de rigueur scientifique (absence de données chiffrées, témoignages pris pour argent comptant sans recul critique) et pour leur présentation erronée voire mensongère de certains des comics cités.
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Friedrich Ignatz Wertheimer alias Fredric Wertham, né le 20 mars 1895 à Munich (Allemagne) et mort le 18 novembre 1981 à Kempton en Pennsylvanie est un psychiatre américain qui a mené une campagne contre les comics dans les années 1950. Il étudie à Munich, Erlangen et Londres, puis à l'Université de Wurtzbourg dont il est diplômé en 1921. Les influences principales dans sa carrière de psychiatre sont celles de Sigmund Freud, avec qui il eut une correspondance, et de Emil Kraepelin.
En 1922, il s'installe aux États-Unis, où il prend un poste à l'université Johns-Hopkins. Il change son nom en Fredric Wertham et obtient la nationalité américaine en 1927. En 1932, il obtient le poste très important de senior psychiatrist du département des hôpitaux de la ville de New York. Il devient ainsi directeur des services psychiatriques de plusieurs hôpitaux new-yorkais dont le Bellevue Hospital, le General Hospital du Queens et la Lafargue Clinic de Harlem.
Wertham se distingue particulièrement par ses collaborations avec les institutions judiciaires. Il intervient fréquemment dans des procès en tant qu'expert psychiatre. Il contribue à la mise en place d'un système d'évaluation psychiatrique des condamnés des tribunaux new-yorkais, novateur pour l'époque. En 1935, il se fait connaître du public avec sa participation au procès du tueur en série Albert Fish. Cité en tant qu'expert par la défense, Wertham est chargé de réaliser une évaluation psychiatrique de l'accusé. Il conclut à la folie de celui-ci, qui est pourtant déclaré sain d'esprit par le tribunal et finalement exécuté.
À partir de 1948, il s'engage dans une campagne contre les comics. Il publie notamment une interview dans le magazine Collier's Weekly intitulée Horror in the Nursery et The Psychopathology of Comic Books dans le journal scientifique l’American Journal of Psychotherapy. Wertham n'est pas le seul à critiquer les bandes dessinées, mais ses titres scientifiques et sa qualité de témoin-expert […]