Fabien Vehlmann est né le 30 janvier 1972 à Mont de Marsan, dans les Landes. (Il en gardera l’amour des arbres tordus par le vent.) Trois ans plus tard, il déménage en Savoie, où il passe une enfance « vraiment chouette », dans un harmonieux dosage d’introversion — il adore inventer des jeux tout seul — et de sociabilité — il adore retrouver ses potes. « J’ai eu de la chance, mes parents m’ont laissé jouer, au lieu de bosser dès la maternelle, ». Vers 6 ans, il attaque la bande dessinée, en remplissant ses cases de dessins genre « sténo ». Il se découvre aussi un don d’amuseur public, qu’il se croit obligé d’entretenir, jusqu’au moment où il comprend qu’il a aussi le droit d’être triste. Ce qui nous vaut (peut-être) les moments les plus touchants de Samedi et Dimanche : entre deux rigolades, Samedi se chope le blues. Il n’est plus qu’un pauvre petit chiffon qui veut « tomber ici et puis rester tout mou sur le sol et puis pleurer ». Arrivé en fin de parcours lycéen, il se dit que la BD n’est pas une orientation professionnelle raisonnable. Il entre à l’École supérieure de commerce de Nantes, navigue dans le marketing des jouets, et sort diplômé en 1995. Objecteur de conscience, il se retrouve administrateur d’une troupe de théâtre. « C’était comme être planté au milieu d’une pâtisserie sans pouvoir manger les gâteaux : je ne vivais que les aspects chiants de la création. » Malgré tout, il tourne deux ou trois courts-métrages en vidéo avec les comédiens, et essaie la radio dans une station locale, avec des sketches qui font bien marrer le technicien — c’est toujours ça. En 1996, Spirou organise un concours de scénario. Il faut envoyer quatre pages, il en tartine quarante, c’est beaucoup trop. Il envoie donc ses pages hors concours, et reçoit une réponse mitigée — peut mieux faire — qui le galvanise parce que c’est une réponse quand même. En vue de « mieux faire », il attaque une autre BD qu’il renvoie à Spirou. Réponse : c’est toujours pas ça. « Là, j’ai morflé, je me voyais déjà en haut de l’affiche. » Alors il fait un pari : au lieu de chercher du boulot dans le commerce, il va rester chez ses parents pendant un an pour écrire de la BD. « J’ai eu de la chance, mes parents ont accepté. J’ai toujours eu beaucoup de chance, je tiens à le dire. » Cette fois, Spirou est content et achète ses pages. Après, tout s’enchaîne : il sort avec Denis Bodart l’album qui va le lancer, Green Manor, et rencontre Gwen à l’atelier de la place des Vosges. Gwen a inventé deux bestioles en forme de lézard dont il ne sait pas trop quoi faire. Ils s’y mettent ensemble, et voilà comment naît en 2001 l’excellente série philosophico-humoristique Samedi et Dimanche, suivie en 2002 d’un récit beaucoup plus noir qui prouve la diversité de son talent, Le Marquis d’Anaon, dessiné par Matthieu Bonhomme, aux éditions Dargaud. Il scénarise également pour Ralph Meyer la série I.A.N., qui revient sur le thème de l’intelligence artificielle, aussi chez Dargaud. Et enfin entame chez Dupuis la série pour enfants "Seuls" avec Bruno Gazzotti, dont le premier album est primé à Angoulême catégorie Jeunesse. Fabien Vehlmann a par ailleurs reçu le Prix Jacques Lob du meilleur scénariste en novembre 2004. Pendant quelques temps, il touche au cinéma ("Un monde à nous", réalisé par Frédéric Balekdjian) et au dessin animé (la série "Avez-vous déjà vu ?", produite par Alain Chabat, et réalisée par Piano et Gark), mais décide toutefois de consacrer l'essentiel de son temps à la bande dessinée, dans laquelle il affirme trouver beaucoup plus de liberté d'écriture que dans l'audiovisuel. En 2006, il réalise le premier one-shot de Spirou et Fantasio, Les Géants pétrifiés, avec Yoann aux éditions Dupuis. En 2009, ils sont choisis comme équipe officielle de la série culte Spirou et Fantasio, en remplacement de Morvan et Munuera. Un an plus tard sort le tome 51, Alerte aux Zorkons. Plus récemment, Vehlmann s’est fait remarquer pour sa collaboration avec le dessinateur Duchazeau (La Nuit de l’Inca entre 2003 et 2006 ; Les Cinq conteurs de Bagdad en 2006 ; Le Diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès, en 2010). Toutes leurs séries paraissent chez Dargaud (exceptée Dieu qui pue Dieu qui pète aux éditions Milan). En 2007, il a également travaillé, avec le dessinateur Sean Phillips, sur le premier tome de la série Sept, paru aux éditions Delcourt. En 2010, il collabore avec le dessinateur Gwen De Bonneval sur le one-shot de science-fiction Les Derniers jours d’un immortel aux éditions Futuropolis. En 2011, il écrit l’histoire de pirates L’Île aux cent mille morts, parue chez Glénat. Actuellement il prépare un nouveau diptyque en collaboration avec les Kerascoët, avec lesquels il avait déjà travaillé pour le magnifique album Jolies ténèbres, publié aux éditions Dupuis.
Texte et photo © Dargaud
Fabien Vehlmann est né le 30 janvier 1972 à Mont de Marsan, dans les Landes. (Il en gardera l’amour des arbres tordus par le vent.) Trois ans plus tard, il déménage en Savoie, où il passe une enfance « vraiment chouette », dans un harmonieux dosage d’introversion — il adore inventer des jeux tout seul — et de sociabilité — il adore retrouver ses potes. « J’ai eu de la chance, mes parents m’ont laissé jouer, au lieu de bosser dès la maternelle, ». Vers 6 ans, il attaque la bande dessinée, en remplissant ses cases de dessins genre « sténo ». Il se découvre aussi un don d’amuseur public, qu’il se croit obligé d’entretenir, jusqu’au moment où il comprend qu’il a aussi le droit d’être triste. Ce qui nous vaut (peut-être) les moments les plus touchants de Samedi et Dimanche : entre deux rigolades, Samedi se chope le blues. Il n’est plus qu’un pauvre petit chiffon qui veut « tomber ici et puis rester tout mou sur le sol et puis pleurer ». Arrivé en fin de parcours lycéen, il se dit que la BD n’est pas une orientation professionnelle raisonnable. Il entre à l’École supérieure de commerce de Nantes, navigue dans le marketing des jouets, et sort diplômé en 1995. Objecteur de conscience, il se retrouve administrateur d’une troupe de théâtre. « C’était comme être planté au milieu d’une pâtisserie sans pouvoir manger les gâteaux : je ne vivais que les aspects chiants de la création. » Malgré tout, il tourne deux ou trois courts-métrages en vidéo avec les comédiens, et essaie la radio dans une station locale, avec des sketches qui font bien marrer le technicien — c’est toujours ça. En 1996, Spirou organise un concours de scénario. Il faut envoyer quatre pages, il en tartine quarante, c’est beaucoup trop. Il envoie donc ses pages hors concours, et reçoit une réponse mitigée — peut mieux faire — qui le galvanise parce que c’est une réponse quand même. En vue de « mieux faire », il attaque une autre BD qu’il renvoie à Spirou. Réponse : c’est toujours pas ça. « Là, j’ai morflé, je me […]