Né en 1960 à Bordeaux (France) le même jour que mon frère jumeau qui s'appelait déjà Jean-Luc Coudray dès sa naisance, il m'a fallu me différencier de lui. C'est pourquoi nous sommes entrés tous les deux dans le domaine artistique car c'est le seul domaine où les gens ne sont pas interchangeables. La comparaison de nos styles respectifs était le meilleur moyen de nous distinguer de l'intérieur. Malgré cela, nous avons le sentiment de défendre un intérêt commun, qui est celui de l'art, au caractère universel. C'est pourquoi, afin d'augmenter notre efficacité, nous nous sommes légèrement décalés l'un de l'autre quant au domaine couvert : Jean-Luc tend plus vers l'écriture et Philippe vers le dessin. Notre domaine commun est la bande dessinée d'humour, dans laquelle Jean-Luc a un style de dessin plus "littéraire" que moi, ses personnages étant de profil comme les caractères d'imprimerie. Mon dessin est un peu plus réaliste que le sien, bien que je ne sois pas un dessinateur réaliste. Je fais de la peinture, ce que Jean-Luc ne fait pas. La mise en couleurs de ses strips "Bérêt et Casquette" (éditions La Boîte à Bulles) est sa première concession à la couleur. Nous sommes tous les deux dans le "court" (textes courts, BD en 3 images ou une page), plus dans la recherche de la synthèse rapide que dans la narration. Pour moi, le principe d'une image est que, contrairement à la musique ou à un roman, elle est percue dans l'immédiateté. Percevoir en un seul mouvement la complexité d'une image fait appel à une faculté de l'esprit qui ne relève pas de l'ordre du raisonnement. C'est en court-circuitant la pensée raisonnée que l'image atteint cette partie mystérieuse de notre esprit qui est trop vaste pour entrer dans le carcan du langage. Un gag court en une page, qui relève du dessin d'humour, a le même effet qu'une peinture mais en utilisant un procédé différent. Nous avons commencé tous les deux en 1977, après un bac qui ne nous a servi à rien. J'ai dessiné d'abord des oiseaux, qui ont été publiés dans la revue "Franc-Jeux" puis "Virgule" sous le titre "Zoizoo", et un peu dans le journal Tintin. Dessinés au feutre par un geste rapide, j'en ratais deux sur trois. À force de froisser mes planches, j'ai fini par opter pour la solution suivante : sélectionner les dessins réussis et les coller sur une planche. On peut trouver des planches de ces oiseaux dans l'album introuvable "Au pluriel" réunissant des œuvres des deux frères (contacter les auteurs). Las de ce procédé fastidieux, lorsque, en 1981, la revue "Amis-Coop" m'a demandé de créer un personnage, j'ai choisi un ours à cause des poils : chaque poil permet de rectifier les erreurs de tracé et résolvait mon problème de tracé "jeté". C'est ainsi qu'est né l'Ours Barnabé, actuellement accueilli aux éditions Mango. C'est donc après une dizaine d'annéees de publications dans des revues diverses que j'ai commencé dans l'édition, après avoir rencontré Didier Pasamonik, qui était à l'époque directeur BD chez Hachette, et qui nous a beaucoup aidés par la suite (voir bibliographie). L'une des revues dans laquelle je publie depuis 1989 est "Psikopat"revue de BD lancée par Carali. Les planches parues dans "Psikopat" ont été éditées aux éditions "l'Association" sous le titre "Loin de tout". Parallèlement, je me suis intéressé à l'image en relief et en particulier au dessin stéréo (voir rubrique dessins stéréo), genre difficile à publier à cause des contraintes techniques, mais ayant régulièrement la faveur de quelques éditeurs passionnés. À côté de la partie BD, j'ai également une activité de peintre. Mes peintures n'ont, à première vue, pas beaucoup de rapport avec mes bandes dessinées. Toutefois, avec le temps, le pont entre les deux se resserre. Le style en est plutôt une sorte de cubisme en trois dimensions, représentant des intérieurs démesurés, des personnages froissés ou des canards ronds... J'ai exposé principalement dans ma ville d'origine (Bordeaux). Je ne suis pas un peintre de la matière... J'ai découvert il y a quelques années la cryptozoologie, branche amusante et néammoins sérieuse de la zoologie, tentant de décrire les animaux non encore découverts par la science mais décrits par les indigènes. Ayant étudié le sujet de près, j'ai réalisé une rubrique crypozoologique mensuelle dans la revue Capsule Cosmique (Milan-presse). Je m'intéresse aux oiseaux, je vote écologiste, je n'aime pas les chiens et tout ce qui est fabriqué par l'homme en général en dehors des œuvres d'art. Je crois que l'art est universel, au-delà du temps, des époques, des régions, des cultures, des espèces : la preuve, nous sommes sensibles au chant du rossignol et au plumage du paon.
Texte et photo © Auteur
Né en 1960 à Bordeaux (France) le même jour que mon frère jumeau qui s'appelait déjà Jean-Luc Coudray dès sa naisance, il m'a fallu me différencier de lui. C'est pourquoi nous sommes entrés tous les deux dans le domaine artistique car c'est le seul domaine où les gens ne sont pas interchangeables. La comparaison de nos styles respectifs était le meilleur moyen de nous distinguer de l'intérieur. Malgré cela, nous avons le sentiment de défendre un intérêt commun, qui est celui de l'art, au caractère universel. C'est pourquoi, afin d'augmenter notre efficacité, nous nous sommes légèrement décalés l'un de l'autre quant au domaine couvert : Jean-Luc tend plus vers l'écriture et Philippe vers le dessin. Notre domaine commun est la bande dessinée d'humour, dans laquelle Jean-Luc a un style de dessin plus "littéraire" que moi, ses personnages étant de profil comme les caractères d'imprimerie. Mon dessin est un peu plus réaliste que le sien, bien que je ne sois pas un dessinateur réaliste. Je fais de la peinture, ce que Jean-Luc ne fait pas. La mise en couleurs de ses strips "Bérêt et Casquette" (éditions La Boîte à Bulles) est sa première concession à la couleur. Nous sommes tous les deux dans le "court" (textes courts, BD en 3 images ou une page), plus dans la recherche de la synthèse rapide que dans la narration. Pour moi, le principe d'une image est que, contrairement à la musique ou à un roman, elle est percue dans l'immédiateté. Percevoir en un seul mouvement la complexité d'une image fait appel à une faculté de l'esprit qui ne relève pas de l'ordre du raisonnement. C'est en court-circuitant la pensée raisonnée que l'image atteint cette partie mystérieuse de notre esprit qui est trop vaste pour entrer dans le carcan du langage. Un gag court en une page, qui relève du dessin d'humour, a le même effet qu'une peinture mais en utilisant un procédé différent. Nous avons commencé tous les deux en 1977, après un bac qui ne nous a servi à rien. J'ai […]