Gwenaël de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes, dans une famille mi-bourgeoise côté maternel, mi-aristocrate côté paternel, avec grand-père aide de camp du général de Gaulle. "Mais nous, on n’a jamais eu de sous. Ce qui fait que je suis à l’aise partout, sans être vraiment à l’aise nulle part". Vers deux ans, il commence à visiter la région parisienne au rythme d’un déménagement par an, avec divorce, et instabilités diverses. Pour éponger tout ça, il s’enferme dans sa chambre et se construit l’imaginaire. "Avec toutes ces péripéties, j’ai développé une super énergie". Il lit avant de savoir lire — il regarde, en somme — et puise ses futures influences dans Pepito et Krazy Kat, et non, comme on pourrait le penser, dans le Concombre masqué. Commençant à dessiner sans s’en rendre compte, comme tous les enfants, il découvre peu à peu qu’il fait un peu mieux que la moyenne. "Ça m’a permis de me rencontrer, mais pas façon psychopathe, puisque ça me permettait aussi de rencontrer les autres". De 1983 à 1991, c’est l’exil dans une école privée de Lyon. "J’ai passé huit ans à m’emmerder sans rencontrer personne d’intéressant". À 18 ans, muni d’un Bac littéraire, il revient à Paris et commence à caser des dessins dans la presse enfantine. En 1993, pour faire plaisir à son père, il fait "sérieux" en montant une boîte de communication avec deux copains. "Il fallait habituer les entreprises à la BD, mais le prospecteur n’envoyait même pas les lettres de prospection". Bref, ça ne marche pas fort, il se retrouve à faire de la maquette, il est malheureux et il s’en va pour suivre son intuition première. Là, les choses s’éclairent — il faut toujours suivre son intuition". Démarchant tout seul, il dessine pour Spirou, Disney et les boîtes de communication ex-concurrentes. Il se fait la main, c’est bien, mais il se sent frustré : il a envie de raconter des histoires. Justement, en 1998, il entre à l’atelier de la place des Vosges. Simultanément il rencontre Vehlmann. La collaboration est fructueuse : "Samedi et Dimanche, c’est un truc débordant qu’il faut tenir. On discute, on arrive à se recadrer, on se marre bien, et c’est assez idyllique, notre manière de travailler". Vers la fin 2001, Gwen quitte l’atelier des Vosges. En mai 2002, il s’installe (presque — yapluka faire des travaux) dans un nouvel atelier, avec, entre autres, son copain Matthieu Bonhomme. Entre deux transports de gravats, il écrit dans les bistrots et dessine chez lui, menant de front sa série en solo Basile Bonjour et les aventures de Samedi et Dimanche, le premier travail dont il a été fier : "Si tous les dessins d’avant pouvaient disparaître, ça serait pas grave". Devenu adulte trop tôt, il continue de faire vivre (uniquement) les bons côtés de l’enfance — la fraîcheur, l’étonnement. Ce qui l’intéresse, c’est d’arriver à glisser ses convictions profondes dans un dessin ouvert, émotif et apparemment naïf, qui parle à tout le monde. D’où le désarroi des libraires, qui ne savent pas où ranger Samedi et Dimanche. Enfants ou adultes ? C’est pourtant simple : il faut le ranger chez les adultes puisque c’est fait pour eux, les enfants le trouveront toujours.
Texte et photo © Dargaud
Gwenaël de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes, dans une famille mi-bourgeoise côté maternel, mi-aristocrate côté paternel, avec grand-père aide de camp du général de Gaulle. "Mais nous, on n’a jamais eu de sous. Ce qui fait que je suis à l’aise partout, sans être vraiment à l’aise nulle part". Vers deux ans, il commence à visiter la région parisienne au rythme d’un déménagement par an, avec divorce, et instabilités diverses. Pour éponger tout ça, il s’enferme dans sa chambre et se construit l’imaginaire. "Avec toutes ces péripéties, j’ai développé une super énergie". Il lit avant de savoir lire — il regarde, en somme — et puise ses futures influences dans Pepito et Krazy Kat, et non, comme on pourrait le penser, dans le Concombre masqué. Commençant à dessiner sans s’en rendre compte, comme tous les enfants, il découvre peu à peu qu’il fait un peu mieux que la moyenne. "Ça m’a permis de me rencontrer, mais pas façon psychopathe, puisque ça me permettait aussi de rencontrer les autres". De 1983 à 1991, c’est l’exil dans une école privée de Lyon. "J’ai passé huit ans à m’emmerder sans rencontrer personne d’intéressant". À 18 ans, muni d’un Bac littéraire, il revient à Paris et commence à caser des dessins dans la presse enfantine. En 1993, pour faire plaisir à son père, il fait "sérieux" en montant une boîte de communication avec deux copains. "Il fallait habituer les entreprises à la BD, mais le prospecteur n’envoyait même pas les lettres de prospection". Bref, ça ne marche pas fort, il se retrouve à faire de la maquette, il est malheureux et il s’en va pour suivre son intuition première. Là, les choses s’éclairent — il faut toujours suivre son intuition". Démarchant tout seul, il dessine pour Spirou, Disney et les boîtes de communication ex-concurrentes. Il se fait la main, c’est bien, mais il se sent frustré : il a envie de raconter des histoires. Justement, en 1998, il entre à l’atelier de la […]