Florian Martinez rentre aux Beaux-Arts en 2005. Il étudie sous la houlette de Baru, Daniel Ledran et Julien Chaves qui sont ses mentors et son inspiration. Il décide alors de les faire rire et crée pour cela sa première bande dessinée, « Histoires de lapins », dont une partie sera publiée chez Atrabile, dans la revue « Bile noire ». Il en fera également un spectacle de marionnettes, qui constitue son projet de fin d'études en 2010. Déçu par ses échecs face à des éditeurs à Angoulême, il écrit en quatre mois « La Moselle » avec ce qu'il qualifie de « rage du perdant ». Ce qu'il dit de cette histoire : « Je pense que l'on peut aborder l'histoire à travers plusieurs prismes, mais si je ne devais donner qu'une seule clé de lecture, je dirai que j'ai voulu montrer la difficulté de la communication : je ne parle pas d'un manque de communication, mais plutôt de la violence des rapports aux autres au quotidien. Les gens ne parlent pas aux autres, ils se parlent à eux devant les autres. Et chacun fait ça, alors on ne peut pas parler d'égoïsme, et tout le monde s'en rend compte, alors on ne peut pas parler d'hypocrisie non plus. Il n'y a plus de réels échanges ni de partage, les sentiments et les émotions ont du mal à être exprimés, bien que les personnages dans mon histoire le voudraient mais ne savent pas s'y prendre… d'où l'absurdité des dialogues qui donne à mon histoire cette teinte loufoque. La Moselle, je ne parle pas du département, c'est une façon de voir la vie, en tout cas pour ceux qui y vivent. La Moselle c'est un peu le spleen. Il ne faut pas voir la Moselle comme un lieu, mais comme quelque chose qui vit dans les gens qui y vivent. D'ailleurs, il y a peu de bâtiments, de décors. Je pense avant tout que ce qui fait les villes, ce sont les personnes que l'on y rencontre. C'est pour ça que le personnage un moment dit qu'il “était la ville”, au fond ça pourrait paraître prétentieux, mais c'est juste qu'il n'a rencontré personne et qu'il était la plupart du temps en train de se parler à lui même ou de faire son introspection - et aussi c'est vrai que lorsque l'on se balade seul dans des rues désertes, on a un peu l'impression de faire vivre la ville alors que la plupart des gens sont en train de dormir, inconscients dans leur lit, en tout cas, moi, j'ai l'impression d'avoir cette responsabilité. En fait, il ne marchait pas dans la ville, il marchait dans sa tête. C'est pour ça que l'univers qui transparaît dans la BD, est un monde autistique, froid, hermétique et vide aussi, c'est parce qu'il est seul et isolé et qu'il ne va pas vers les autres. Il n'arrive pas à leur parler ni à les aimer. Et c'est de sa faute en partie. »
Texte et photo © Warum
Florian Martinez rentre aux Beaux-Arts en 2005. Il étudie sous la houlette de Baru, Daniel Ledran et Julien Chaves qui sont ses mentors et son inspiration. Il décide alors de les faire rire et crée pour cela sa première bande dessinée, « Histoires de lapins », dont une partie sera publiée chez Atrabile, dans la revue « Bile noire ». Il en fera également un spectacle de marionnettes, qui constitue son projet de fin d'études en 2010. Déçu par ses échecs face à des éditeurs à Angoulême, il écrit en quatre mois « La Moselle » avec ce qu'il qualifie de « rage du perdant ». Ce qu'il dit de cette histoire : « Je pense que l'on peut aborder l'histoire à travers plusieurs prismes, mais si je ne devais donner qu'une seule clé de lecture, je dirai que j'ai voulu montrer la difficulté de la communication : je ne parle pas d'un manque de communication, mais plutôt de la violence des rapports aux autres au quotidien. Les gens ne parlent pas aux autres, ils se parlent à eux devant les autres. Et chacun fait ça, alors on ne peut pas parler d'égoïsme, et tout le monde s'en rend compte, alors on ne peut pas parler d'hypocrisie non plus. Il n'y a plus de réels échanges ni de partage, les sentiments et les émotions ont du mal à être exprimés, bien que les personnages dans mon histoire le voudraient mais ne savent pas s'y prendre… d'où l'absurdité des dialogues qui donne à mon histoire cette teinte loufoque. La Moselle, je ne parle pas du département, c'est une façon de voir la vie, en tout cas pour ceux qui y vivent. La Moselle c'est un peu le spleen. Il ne faut pas voir la Moselle comme un lieu, mais comme quelque chose qui vit dans les gens qui y vivent. D'ailleurs, il y a peu de bâtiments, de décors. Je pense avant tout que ce qui fait les villes, ce sont les personnes que l'on y rencontre. C'est pour ça que le personnage un moment dit qu'il “était la ville”, au fond ça pourrait paraître prétentieux, mais c'est juste qu'il n'a rencontré personne et qu'il était la plupart du temps en […]