Greil Marcus est un essayiste et critique rock américain, né le 19 juin 1945 à San Francisco (Californie). Spécialiste de la pop culture américaine il s'est intéressé dans ses ouvrages à, entre autres, Bob Dylan, Elvis Presley, les Sex Pistols ou Sly Stone. Ses livres sont articulés sur une conception d'une histoire souterraine qui joint des événements séparés parfois de plusieurs siècles. L'exemple-type de ce traitement est donné dans le livre Lipstick Traces (éd. Allia), qui rassemble dans une même visée et un même héritage le mouvement dada, un groupe rock : les Sex Pistols qui ont lancé le mouvement punk (punk-rock), les gnostiques du début de l'ère chrétienne, les millénaristes du Moyen Âge et les situationnistes. L'œuvre de Greil Marcus, qui a inspiré de jeunes auteurs comme Servando Rocha, se caractérise par une double vision à la fois exotérique et ésotérique des mouvements artistiques. Les liens qui relient entre eux les deux sphères : le monde et l'antimonde, représentent parfois un acte conscient, assumé par certains artistes, ou totalement inconscient comme les courants gnostiques et dadaistes, qui secouent le frêle esquif du groupe punk. Pour Greil Marcus il existe ainsi des forces qui dépassent l'individu et qui prennent possession de son génie jusqu'à la mort et la destruction. La vision de Greil Marcus est paradoxalement inquiétante puisqu'elle-même s'appuie sur les concepts gnostiques du "daemon", reprenant pour la musique, la thèse de Siegfried Kracauer dans le "Caligari à Hitler", qui démontrait l'irruption de "forces" sombres dans le cinéma allemand, forces qui seront détournées par le nazisme à venir... Pour Marcus, ces forces obscures sont bien sûr des "archétypes" anciens qui continuent à irriguer l'histoire souterraine de l'humanité, et s'il ne peut donner une finalité morale à l'histoire dramatique du punk, il se contente, à la manière d'un médecin légiste, d'observer incrédule les stigmates sur le corps supplicié de Sid Vicious, chaman gnostique et nihiliste brûlé par un feu venu du fond des âges. Proche de Lester Bangs, Greil Marcus a collaboré aux magazines Creem, Rolling Stone et The Village Voice. Homme de lettres, Greil Marcus aime à faire partager son savoir, c'est ainsi qu'il donne des conférences à l'image de celle organisée par les soirées nomades de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, dans le cadre de l'exposition "Rock'n'Roll 39-59". Les organisateurs ont en effet invité ce spécialiste du rock'n'roll à présenter une conférence inédite sur Buddy Holly.
Texte et photo © Wikipédia
Greil Marcus est un essayiste et critique rock américain, né le 19 juin 1945 à San Francisco (Californie). Spécialiste de la pop culture américaine il s'est intéressé dans ses ouvrages à, entre autres, Bob Dylan, Elvis Presley, les Sex Pistols ou Sly Stone. Ses livres sont articulés sur une conception d'une histoire souterraine qui joint des événements séparés parfois de plusieurs siècles. L'exemple-type de ce traitement est donné dans le livre Lipstick Traces (éd. Allia), qui rassemble dans une même visée et un même héritage le mouvement dada, un groupe rock : les Sex Pistols qui ont lancé le mouvement punk (punk-rock), les gnostiques du début de l'ère chrétienne, les millénaristes du Moyen Âge et les situationnistes. L'œuvre de Greil Marcus, qui a inspiré de jeunes auteurs comme Servando Rocha, se caractérise par une double vision à la fois exotérique et ésotérique des mouvements artistiques. Les liens qui relient entre eux les deux sphères : le monde et l'antimonde, représentent parfois un acte conscient, assumé par certains artistes, ou totalement inconscient comme les courants gnostiques et dadaistes, qui secouent le frêle esquif du groupe punk. Pour Greil Marcus il existe ainsi des forces qui dépassent l'individu et qui prennent possession de son génie jusqu'à la mort et la destruction. La vision de Greil Marcus est paradoxalement inquiétante puisqu'elle-même s'appuie sur les concepts gnostiques du "daemon", reprenant pour la musique, la thèse de Siegfried Kracauer dans le "Caligari à Hitler", qui démontrait l'irruption de "forces" sombres dans le cinéma allemand, forces qui seront détournées par le nazisme à venir... Pour Marcus, ces forces obscures sont bien sûr des "archétypes" anciens qui continuent à irriguer l'histoire souterraine de l'humanité, et s'il ne peut donner une finalité morale à l'histoire dramatique du punk, il se contente, à la manière d'un médecin légiste, d'observer incrédule les stigmates sur le corps […]