Née le 3 juin 1964 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), Anne Favalier était arrivée fortuitement au journalisme, après des études littéraires. Bac en poche, elle entre en hypokhâgne à Sèvres (Hauts-de-Seine), puis en khâgne à Paris, avant d’obtenir une licence d’anglais à la Sorbonne et de s’envoler sans tarder pour New York, où elle restera deux ans. Standardiste dans un groupe de presse américain, elle passera alors du côté de la rédaction, forte d’un bilinguisme éprouvé, avant de s’initier au secrétariat de rédaction au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, à Paris. Anne Favalier n’est pas une journaliste « écrivante ». Modestie oblige, elle préfère travailler la copie des autres, l’enrichir si besoin, la couper si nécessaire, la passer invariablement au tamis de la vérification, y traquer les fautes de syntaxe, sans jamais oublier de s’effacer in fine derrière le texte. Au début des années 1990, un autre séjour prolongé à l’étranger – à Hongkong, avant sa rétrocession à la Chine – lui donne l’occasion de travailler dans la presse informatique, secteur qui l’accueillera à son retour définitif en France (PC Multimédia, PC Magazine…). Alternant piges et CDD, elle multiplie ensuite les contributions, aussi bien pour des titres économiques (Enjeux, Les Echos, L’Expansion, Capital…) que culturels (Les Inrockuptibles, Nova…). Son amour de la bande dessinée lui ouvrira les portes de L’Echo des Savanes, et sa minutie exacerbée celles des journaux généralistes, par le biais de leurs suppléments et hors-série : Le Nouvel Observateur, Le Point et Le Monde – qu’elle intègre en 2005. Embauchée six ans plus tard, Anne œuvrera pour plusieurs services et suppléments du quotidien et de son magazine. Le soin qu’elle porte à la titraille ne passe pas inaperçu. « Je vais laisser passer la nuit dessus, je trouverai un titre demain matin », disait-elle parfois. Le lendemain matin, le titre était imparable : « Louis Bertignac sort les riffs » pour un portrait de l’ex-guitariste de Téléphone, « Une révolution de palais » pour une enquête sur le véganisme, « Sois belle et combats » pour un reportage sur les unités féminines des forces kurdes. Son esprit vif, son goût pour le second degré, son altruisme aguerri vont s’additionner à l’intransigeance professionnelle qui la hisse bientôt au poste d’adjointe du pôle suppléments. Mais, pour ses collègues, elle est d’abord cette aquarelliste amateure, cette pâtissière aux recettes sophistiquées, cette nageuse de dos crawlé, cette marcheuse inlassable aimant rentrer à pied chez elle après le boulot. Ces derniers temps, elle s’amusait à jeter des graines de capucine sur le chemin de l’hôpital dans l’idée de les voir pousser.
Anne savait voir, croquer, aller à l’essentiel, à l’instar du dessin. Sa première passion, le dessin ; en témoignent les 50 mètres linéaires d’étagères couvertes de BD qui tapissent son appartement. En 2014, le supplément Culture & idées souhaite accueillir un strip sans bouleverser sa mise en page. Hic : l’espace imparti est une colonne entière (360 × 55 mm). Anne Favalier va alors offrir au duo Ruppert & Mulot l’occasion de transformer en or cette contrainte impossible. Bijoux d’humour absurde, leurs strips verticaux donneront lieu à un recueil, deux ans plus tard (Les Week-Ends de Ruppert & Mulot, Dupuis). Il lui arrivait aussi de chroniquer des albums dans les pages du journal ou sur un blog maison, « Les petits miquets », non sans ciseler inlassablement sa copie pour la rendre parfaite, à l’image des biscuits ouvragés qu’elle cuisait dans des moules anciens chinés en brocante et dont elle régalait la rédaction.
Texte et photo © Le Monde
Née le 3 juin 1964 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), Anne Favalier était arrivée fortuitement au journalisme, après des études littéraires. Bac en poche, elle entre en hypokhâgne à Sèvres (Hauts-de-Seine), puis en khâgne à Paris, avant d’obtenir une licence d’anglais à la Sorbonne et de s’envoler sans tarder pour New York, où elle restera deux ans. Standardiste dans un groupe de presse américain, elle passera alors du côté de la rédaction, forte d’un bilinguisme éprouvé, avant de s’initier au secrétariat de rédaction au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, à Paris. Anne Favalier n’est pas une journaliste « écrivante ». Modestie oblige, elle préfère travailler la copie des autres, l’enrichir si besoin, la couper si nécessaire, la passer invariablement au tamis de la vérification, y traquer les fautes de syntaxe, sans jamais oublier de s’effacer in fine derrière le texte. Au début des années 1990, un autre séjour prolongé à l’étranger – à Hongkong, avant sa rétrocession à la Chine – lui donne l’occasion de travailler dans la presse informatique, secteur qui l’accueillera à son retour définitif en France (PC Multimédia, PC Magazine…). Alternant piges et CDD, elle multiplie ensuite les contributions, aussi bien pour des titres économiques (Enjeux, Les Echos, L’Expansion, Capital…) que culturels (Les Inrockuptibles, Nova…). Son amour de la bande dessinée lui ouvrira les portes de L’Echo des Savanes, et sa minutie exacerbée celles des journaux généralistes, par le biais de leurs suppléments et hors-série : Le Nouvel Observateur, Le Point et Le Monde – qu’elle intègre en 2005. Embauchée six ans plus tard, Anne œuvrera pour plusieurs services et suppléments du quotidien et de son magazine. Le soin qu’elle porte à la titraille ne passe pas inaperçu. « Je vais laisser passer la nuit dessus, je trouverai un titre demain matin », disait-elle parfois. Le lendemain matin, le titre était imparable : « Louis Bertignac sort les riffs » pour un portrait de l’ex-guitariste […]