Nathalie Heinich, née le 3 août 1955 dans le 6e arrondissement de Marseille, est une sociologue française, spécialiste de l'art, notamment de l'art contemporain. Titulaire d'un doctorat de l'EHESS après avoir soutenu une thèse en 1981, sous la direction de Pierre Bourdieu, et d'une habilitation à diriger des recherches (1994), Nathalie Heinich est actuellement directrice de recherche au CNRS, au sein du Centre de recherche sur les arts et le langage. Ses travaux s'inscrivent davantage aujourd'hui dans la perspective de la sociologie pragmatique, bien qu'elle demeure fidèle notamment aux apports de la sociologie historique de Norbert Elias. Appuyés sur ses anciens terrains de recherche, consacrés principalement aux arts plastiques, à la littérature et au cinéma, ses travaux récents relèvent moins, selon son expression, d'une sociologie « de » l'art que d'une sociologie « à partir de » l'art, puisqu'ils se réorientent vers une sociologie des valeurs qui soit à la fois empirique (et non pas théorique), analytico-descriptive (et non pas normative), et compréhensive (plutôt qu'explicative). En œuvrant pour une sociologie non normative des valeurs et, plus généralement, pour une pratique non inféodée à des écoles théoriques, Nathalie Heinich renouvelle le positionnement épistémologique (Ce que l’art fait à la sociologie, Le Bêtisier du sociologue) et méthodologique (L'Art contemporain exposé aux rejets, La Fabrique du patrimoine…) du domaine de la sociologie. Fidèle à l'enseignement de Bourdieu pour ce qui est d'un appui systématique sur une sociologie d'enquête, elle a toutefois tourné le dos à la visée « critique » de sa sociologie, en tentant d'imposer une conception du travail sociologique qui fasse une large part à la perspective compréhensive, tout en maintenant des contraintes de rigueur scientifique susceptibles de faire de la sociologie une discipline plus proche des « sciences sociales » que des « humanités ». Nathalie Heinich a étudié les voies de grandissement de l'artiste en tant que « grand singulier ». Dans La Gloire de Van Gogh et dans L'Épreuve de la grandeur, elle montre comment l’identité repose sur un modèle ternaire où les « écarts de grandeur » entre l’auto-perception (la manière dont je m’évalue) et la désignation (la manière dont les autres me jugent) sont atténués par la représentation (la manière dont je me présente aux autres). Ces écarts - qu’ils soient provoqués par une auto-perception plus élevée que la désignation (cas de Mozart ou de Van Gogh) ou, au contraire, par une désignation supérieure à l’estime qu’a l’artiste de lui-même (cas de Jean Carrière) - conduisent à des crises identitaires. À partir d’objets tels que les prix littéraires ou les prix scientifiques, elle oriente son modèle vers la problématique de la reconnaissance, en s'inspirant notamment des travaux de Axel Honneth et de Tzvetan Todorov, et met en place une comparaison des usages de la célébration (en arts et en sciences) et de leurs effets sur les bénéficiaires d'une reconnaissance institutionnelle. Nathalie Heinich s'est aussi appuyée sur la fiction littéraire et cinématographique pour élaborer un modèle anthropologique de l'identité féminine dans l'imaginaire occidental, en particulier dans États de femme. L'identité féminine dans la fiction occidentale, où elle met en évidence la systématicité des structures identitaires traditionnellement permises aux femmes à partir du triple critère de la dépendance économique, de la disponibilité sexuelle et du degré de légitimité de leur articulation. Elle y propose également une théorisation de ce que serait la version proprement féminine du « complexe d'Œdipe », sous le nom de « complexe de la seconde ». Nathalie Heinich fut une opposante au Pacte civil de solidarité (PACS). Lors du débat sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels en France, elle signe aux côtés de 54 autres femmes une tribune contre le projet de loi, en affirmant par la même occasion son opposition à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et à la gestation pour autrui. En 2008, à la fin d'un compte-rendu très critique du livre Classer, dominer. Qui sont les autres ? de Christine Delphy, où elle met en évidence les partis-pris idéologiques de l'auteur, elle a appelé à « un sérieux resserrement des procédures d’évaluation » au sein du CNRS, qu'elle estime « laisser ses postes de recherches servir durant des décennies à [des productions de bas niveau], au détriment des jeunes chercheurs brillants qui pourraient y exceller ». Outre plusieurs dizaines d'articles dans des revues scientifiques ou culturelles, Nathalie Heinich a publié plus d'une trentaine d'ouvrages de recherche, livres de vulgarisation et recueils d'articles, portant principalement sur le statut d'artiste et la notion d'auteur, sur l'art contemporain, sur la question de l'identité, sur l'histoire de la sociologie et sur les valeurs. Ses livres et ses articles ont été traduits en quinze langues.
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Nathalie Heinich, née le 3 août 1955 dans le 6e arrondissement de Marseille, est une sociologue française, spécialiste de l'art, notamment de l'art contemporain. Titulaire d'un doctorat de l'EHESS après avoir soutenu une thèse en 1981, sous la direction de Pierre Bourdieu, et d'une habilitation à diriger des recherches (1994), Nathalie Heinich est actuellement directrice de recherche au CNRS, au sein du Centre de recherche sur les arts et le langage. Ses travaux s'inscrivent davantage aujourd'hui dans la perspective de la sociologie pragmatique, bien qu'elle demeure fidèle notamment aux apports de la sociologie historique de Norbert Elias. Appuyés sur ses anciens terrains de recherche, consacrés principalement aux arts plastiques, à la littérature et au cinéma, ses travaux récents relèvent moins, selon son expression, d'une sociologie « de » l'art que d'une sociologie « à partir de » l'art, puisqu'ils se réorientent vers une sociologie des valeurs qui soit à la fois empirique (et non pas théorique), analytico-descriptive (et non pas normative), et compréhensive (plutôt qu'explicative). En œuvrant pour une sociologie non normative des valeurs et, plus généralement, pour une pratique non inféodée à des écoles théoriques, Nathalie Heinich renouvelle le positionnement épistémologique (Ce que l’art fait à la sociologie, Le Bêtisier du sociologue) et méthodologique (L'Art contemporain exposé aux rejets, La Fabrique du patrimoine…) du domaine de la sociologie. Fidèle à l'enseignement de Bourdieu pour ce qui est d'un appui systématique sur une sociologie d'enquête, elle a toutefois tourné le dos à la visée « critique » de sa sociologie, en tentant d'imposer une conception du travail sociologique qui fasse une large part à la perspective compréhensive, tout en maintenant des contraintes de rigueur scientifique susceptibles de faire de la sociologie une discipline plus proche des « sciences sociales » que des « humanités ». Nathalie Heinich a étudié les voies de grandissement […]