Julie Doucet est certainement l'auteure québécoise de BD la plus connue du monde. Ses bandes sont publiées en anglais, en français, en allemand, en finlandais et en espagnol. De plus, ses planches originales ont été exposées dans plusieurs villes tant au Canada qu'aux États-Unis, en France et au Portugal. Née à Saint-Lambert le 31 décembre 1965, Julie Doucet étudie en arts plastiques au cégep du Vieux-Montréal au début des années 1980. C'est dans cet établissement, à la faveur d'un cours sur la bande dessinée, qu'elle commence à s'intéresser à cette forme d'art. Doucet obtient son diplôme d'études collégiales, puis s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal où elle étudie les arts d'impression et les arts plastiques. À cette époque, Yves Millet publie la revue Tchiize! (bis) (sept numéros de 1985 à 1988), une des seules revues à ne pas être exclusivement consacrée à la bande dessinée d'humour. Julie Doucet fait paraître une première histoire courte dans le deuxième numéro et récidive dans les numéros suivants. Entre 1988 et 1990, elle collabore aux deux numéros de L'Organe (qui devient Mac Tin Tac en 1990) ainsi qu'à Rectangle, revue de rock francophone et de BD. Ces deux revues marquent l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes montréalais underground dont font partie Doucet, Henriette Valium, Al+Flag, Marc Tessier, Alexandre Lafleur, Simon Bossé, Luc Giard, Siris, Jean-Pierrre Chansigaud, R. Suicide, etc. En septembre 1988, Julie Doucet fait le grand saut et crée son propre fanzine, Dirty Plotte, de format variable (et au titre tout aussi variable : Dirty Plotte Diet, Mini Plotte, Dead Plotte) qui paraît jusqu'en juin 1990 (quatorze numéros). C'est dans ces pages que Doucet met au point son style personnel de narration. Elle y entretient les lecteurs de ses fantasmes (réels ou inventés) et de ses angoisses, mais aussi de ses rêves, qu'elle note dans un journal personnel. Julie Doucet multiplie les contacts à l'étranger et envoie des exemplaires de son fanzine à de nombreux correspondants. Bientôt, elle voit ses œuvres publiées dans les revues américaines Heck!, Rip-Off Comix, Wimmen's Comix, Buzzard ainsi que dans Weirdo, revue fondée par le grand maître de l'underground américain Robert Crumb (celui-ci la citera plus tard parmi les artistes qu'il admire le plus). En 1990, Chris Oliveros, fondateur de la maison d'édition Drawn and Quarterly, propose de publier Dirty Plotte sous forme de comic book. Le premier numéro de cette nouvelle série, composé de rééditions de bandes tirées de l'ancien fanzine de l'auteure, paraît en janvier 1991. Dans les numéros suivants, Julie Doucet accorde une place grandissante aux récits autobiographiques. Toutefois, dans une entrevue qu'elle accorde à la revue française Jade, en octobre 1996, elle déclare que «les gens qui ont l'impression de me connaître à travers ce que je fais se trompent.» Paradoxalement, si elle n'hésite pas à s'inspirer de ses menstruations pour créer des histoires, elle ne touche pas à certains sujets, tels sa famille et ses amis, qu'elle juge trop intimes. Malgré les thèmes controversés qui y sont abordés (entre autres les mutilations sexuelles), Dirty Plotte est bien accueilli et Julie Doucet reçoit, en 1991, le Harvey Award de l'artiste le plus prometteur (prix américain décerné par l'ensemble des professionnels de la BD). Mais tout n'est pas rose : alors que le New York Times la qualifie de «widely admired young cartoonist», des exemplaires du comic book sont saisis par des douaniers en Ontario, au Royaume-Uni ainsi qu'en Nouvelle-Zélande. Toujours en 1991, Doucet quitte Montréal pour aller vivre à New York. Elle y demeure un an avant de s'installer à Seattle, jusqu'en 1995. Cette année passée à New York est racontée dans l'album My New York Diary. Elle revient brièvement à Montréal, puis repart de nouveau à l'étranger, à Berlin cette fois. Finalement, elle quitte l'Allemagne en 1998 pour revenir à Montréal. À partir de mars 1999, Julie Doucet réalise pour l'hebdomadaire culturel Ici un long feuilleton à saveur policière, L'Affaire Madame Paul, inspiré de ses années d'études au cégep du Vieux-Montréal. Malheureusement, la nouvelle rédactrice en chef du journal n'apprécie pas beaucoup la bande dessinée et demande à Doucet de terminer son récit le plus rapidement possible. L'histoire prend donc fin abruptement en novembre 1999. Depuis, Doucet est membre de l'atelier Graff (atelier d'impression) et, lassée de la BD, elle ralenti sensiblement son rythme de production. Dans cet atelier, elle apprend la sérigraphie et réalise, dans un esprit tout à fait ludique, trois numéros d'un nouveau fanzine composé d'illustrations, Sophie Punt. En plus des titres déjà cités, Julie Doucet a participé à un nombre impressionnant de revues et de fanzines au Québec et à l'étranger : Cold Vomi Comix, Drawn and Quarterly, Slum Dog, Ticoune ze whiz tornado, État de choc, Iceberg, Tel quel, Bull dog, Zone 5300, S-Press Comic, La Monstrueuse, Zero Zero, Fantagraphics' Pictoria, Stripburger, etc.
Texte et photo © BD Québec
Julie Doucet est certainement l'auteure québécoise de BD la plus connue du monde. Ses bandes sont publiées en anglais, en français, en allemand, en finlandais et en espagnol. De plus, ses planches originales ont été exposées dans plusieurs villes tant au Canada qu'aux États-Unis, en France et au Portugal. Née à Saint-Lambert le 31 décembre 1965, Julie Doucet étudie en arts plastiques au cégep du Vieux-Montréal au début des années 1980. C'est dans cet établissement, à la faveur d'un cours sur la bande dessinée, qu'elle commence à s'intéresser à cette forme d'art. Doucet obtient son diplôme d'études collégiales, puis s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal où elle étudie les arts d'impression et les arts plastiques. À cette époque, Yves Millet publie la revue Tchiize! (bis) (sept numéros de 1985 à 1988), une des seules revues à ne pas être exclusivement consacrée à la bande dessinée d'humour. Julie Doucet fait paraître une première histoire courte dans le deuxième numéro et récidive dans les numéros suivants. Entre 1988 et 1990, elle collabore aux deux numéros de L'Organe (qui devient Mac Tin Tac en 1990) ainsi qu'à Rectangle, revue de rock francophone et de BD. Ces deux revues marquent l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes montréalais underground dont font partie Doucet, Henriette Valium, Al+Flag, Marc Tessier, Alexandre Lafleur, Simon Bossé, Luc Giard, Siris, Jean-Pierrre Chansigaud, R. Suicide, etc. En septembre 1988, Julie Doucet fait le grand saut et crée son propre fanzine, Dirty Plotte, de format variable (et au titre tout aussi variable : Dirty Plotte Diet, Mini Plotte, Dead Plotte) qui paraît jusqu'en juin 1990 (quatorze numéros). C'est dans ces pages que Doucet met au point son style personnel de narration. Elle y entretient les lecteurs de ses fantasmes (réels ou inventés) et de ses angoisses, mais aussi de ses rêves, qu'elle note dans un journal personnel. Julie Doucet multiplie les contacts à l'étranger et envoie des exemplaires de son fanzine […]