Il chausse ses bottes. Paraît-il qu'il y aurait des vipères là-bas. Par un de ces jolis chemins de campagne, Sylvain Atrous nous emmène sur les lieux du crime. Trois ânes. Un paysage de pâtures, ivre d'oxygène et, au loin, le clocher en fer de hache de Saint-Martin-le-Gaillard. C'est ici, dans cette nature paisible qu'il y a plus de 150 ans, l'un des crimes les plus sordides de l'histoire judiciaire s'est déroulé. Un curé, sa nièce et sa servante, massacrés au couteau. Et puis un an plus tard, l'histoire qui se répète à Douvrend, l'abbé, son beau-frère et la servante à leur tour assassinés tandis qu'à deux reprises les criminels, au milieu des cadavres, ont fait ripaille. L'affaire a marqué les esprits et il a fallu des années pour revendre le presbytère. Aujourd'hui encore dans ce pays de taiseux, personne n'en parle vraiment. «J'ai découvert cette histoire par hasard dans un livre », se souvient Sylvain Atrous, aujourd'hui maire de Cuverville-sur-Yères. Tout de suite, il pense à une pièce de théâtre, qu'il écrit d'ailleurs. Car outre ses fonctions municipales, l'édile, comédien et chanteur à ses heures, est aussi un habitué de la scène. En face de la mairie, il a ouvert avec sa femme Anne-Marie il y a huit ans un café-théâtre, la Cafet'Yères, un de ces lieux chaleureux où s'empilent les souvenirs. Sur une table ronde, un bureau improvisé campe entre le portrait de son ami Allain Leprest et la cheminée qui attend l'hiver. « J'ai travaillé ensuite sur le sujet pendant 15 ans », poursuit-il en exhibant un épais lutin noirci d'écritures. Puis un jour, le hasard lui fait croiser le chemin de Jean-Pierre Surest, président de l'Association Normande de BD. « C'est lui qui m'a soufflé l'idée d'une bande dessinée ». Mi-novembre, sortira donc le tome 1 de L'Arbre de l'Innocent, récit des crimes de Saint-Martin-le-Gaillard illustré par le très talentueux Emmanuel Lemaire. On y apprendra l'arrestation de quatre coupables, « accusés sans véritable preuve ni témoin cependant », rappelle Sylvain Atrous. L'album s'ouvre avec l'arrivée sur la colline de la “Veuve”. Le sang a coulé et maintenant des têtes vont tomber, présage-t-on. « L'histoire a laissé des traces », reconnaît l'auteur, « Allez au musée Flaubert et d'histoire de la médecine à Rouen, vous y verrez encore les moulages des têtes coupées ! » Indices, soupçons, l'enquête est minutieuse, les dessins ciselés, les lieux familiers. Finalement, on ne saura jamais la vérité, si ce n'est que sur les quatre arbres plantés dans le sang des condamnés, l'un d'eux n'est jamais sorti de terre. « L'arbre de l'Innocent, dit-on ». Sylvain Atrous est en tout cas prêt à prendre sa défense : « J'ai l'intention de rédiger ma plaidoirie ! », glisse-t-il le plus sérieusement du monde. Après la parution du tome 2, déjà annoncée pour fin 2013.
Il chausse ses bottes. Paraît-il qu'il y aurait des vipères là-bas. Par un de ces jolis chemins de campagne, Sylvain Atrous nous emmène sur les lieux du crime. Trois ânes. Un paysage de pâtures, ivre d'oxygène et, au loin, le clocher en fer de hache de Saint-Martin-le-Gaillard. C'est ici, dans cette nature paisible qu'il y a plus de 150 ans, l'un des crimes les plus sordides de l'histoire judiciaire s'est déroulé. Un curé, sa nièce et sa servante, massacrés au couteau. Et puis un an plus tard, l'histoire qui se répète à Douvrend, l'abbé, son beau-frère et la servante à leur tour assassinés tandis qu'à deux reprises les criminels, au milieu des cadavres, ont fait ripaille. L'affaire a marqué les esprits et il a fallu des années pour revendre le presbytère. Aujourd'hui encore dans ce pays de taiseux, personne n'en parle vraiment. «J'ai découvert cette histoire par hasard dans un livre », se souvient Sylvain Atrous, aujourd'hui maire de Cuverville-sur-Yères. Tout de suite, il pense à une pièce de théâtre, qu'il écrit d'ailleurs. Car outre ses fonctions municipales, l'édile, comédien et chanteur à ses heures, est aussi un habitué de la scène. En face de la mairie, il a ouvert avec sa femme Anne-Marie il y a huit ans un café-théâtre, la Cafet'Yères, un de ces lieux chaleureux où s'empilent les souvenirs. Sur une table ronde, un bureau improvisé campe entre le portrait de son ami Allain Leprest et la cheminée qui attend l'hiver. « J'ai travaillé ensuite sur le sujet pendant 15 ans », poursuit-il en exhibant un épais lutin noirci d'écritures. Puis un jour, le hasard lui fait croiser le chemin de Jean-Pierre Surest, président de l'Association Normande de BD. « C'est lui qui m'a soufflé l'idée d'une bande dessinée ». Mi-novembre, sortira donc le tome 1 de L'Arbre de l'Innocent, récit des crimes de Saint-Martin-le-Gaillard illustré par le très talentueux Emmanuel Lemaire. On y apprendra l'arrestation de quatre coupables, « accusés sans véritable preuve ni témoin cependant », […]