L’histoire commence à Dunkerque, où je suis née le 29 novembre 1976. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt ans. Toujours le nez dans un livre, dès que j’ai su lire (et j’ai appris tôt) : de Fantômette aux contes d’Andersen, en passant par les mythes grecs. Toujours la tête dans les nuages aussi, à dessiner ou inventer de petites histoires. Pendant longtemps, je me suis passionnée pour le dessin beaucoup plus que pour l’écriture, avant d’abandonner ado, par frustration, quand j’ai compris que je n'arriverais jamais à retranscrire ce que j’avais en tête. Vers 17 ans, sans doute influencée par mes lectures du moment (H.P. Lovecraft, Lisa Tuttle et les anthologies Territoires de l’inquiétude d’Alain Dorémieux), je commence à rédiger des nouvelles fantastiques. D’abord une histoire de fantôme ultra-classique, plus orientée vers les personnages que vers le surnaturel. Ensuite une histoire de maison hantée et de malédiction familiale, tout aussi banale. Mais ça y est, j’ai attrapé le virus et je continue à enchaîner les nouvelles. En 1997, je quitte Dunkerque pour aller étudier à Paris, dans le cadre d’un DESS de Traduction Littéraire Professionnelle. Sans être vraiment persuadée de vouloir faire de la traduction mon métier, mais le programme semble intéressant et je n’ai pas de projets d’avenir précis. Intimidée par tous ces exercices techniques et ces décorticages de textes, je laisse l’écriture de côté pendant près d'un an. J’y reviens timidement vers la fin de l’année universitaire. Pendant l’été 1998, sous l’influence d’auteurs comme Carson McCullers ou Poppy Z. Brite, et de groupes comme Tarnation et Sixteen Horsepower, je rédige une nouvelle située en Alabama et intitulée « Le Nœud cajun ». Avec l’impression qu’un déclic a eu lieu pendant cette année de fac, à force de travailler sur l’écriture : les phrases coulent mieux, différemment. Sur un coup de tête, j’envoie ce texte, ainsi qu’un autre, « Ghost Town Blues », à la revue Ténèbres découverte quelques mois plus tôt. Un coup de fil du rédacteur en chef Daniel Conrad m’apprend qu’il souhaite publier les deux textes dans les anthologies qu’il prépare. J’ai dû passer les jours suivants partagée entre l’incrédulité et un enthousiasme délirant : le moment où on apprend qu’on va enfin être publié, même simplement pour une ou deux nouvelles, est absolument énorme. Un des plus intenses qui soient. L’impression d’avoir enfin abouti à quelque chose, sans penser une seconde que ça ne fait que commencer. Les deux textes paraissent en 2000, suivis d’une poignée d’autres. Pendant ce temps, après quelques mois de chômage et de petits boulots, je fais mes premières traductions de nouvelles pour Ténèbres, puis pour divers éditeurs. En attendant de pouvoir en vivre, je trouve un emploi de standardiste/caissière dans un hôtel parisien, sans me douter que je vais y rester trois longues années. Seul avantage : j’ai rarement autant lu que pendant cette période-là, quand il n’y avait pas trop de travail. En 2002, les choses s’accélèrent un peu. Les Éditions Bragelonne me confient la traduction d’un roman de Lois McMaster Bujold, Le Fléau de Chalion, qui me permet de démissionner de mon poste de standardiste (qui commençait sérieusement à me peser). À peu près à la même époque, mon roman Trois pépins du fruit des morts est accepté par Nestiveqnen, et Arlis des forains par Bragelonne. Quelques mois plus tard, Léa Silhol me propose de préparer un recueil de nouvelles aux Éditions de l’Oxymore, Serpentine. L’année qui suit est assez mouvementée, et la sortie des trois livres s’étale sur une période d’un an. Cerise sur le gâteau, au moment de la sortie de Trois pépins, je participe à une convention de SF où je croise Brian Stableford, qui se propose de traduire mes nouvelles en anglais pour les soumettre à des supports anglo-saxons. Deux sont parues à ce jour et une troisième vient d’être acceptée : dans The Magazine of Fantasy & Science-Fiction, The Third Alternative et l’anthologie The Year’s Best Fantasy and Horror. À l’heure actuelle, j’habite toujours Paris, pas très loin de Bastille, et je partage mon temps entre écriture et traduction. D’une part, c’est certain, parce que la traduction rapporte nettement plus que l’écriture, mais aussi parce que l’écriture à temps plein ne m’a jamais tentée (entre autres raisons, les idées me viennent beaucoup trop lentement). Et parce que la traduction est une activité instructive et passionnante, surtout quand on a la chance de se voir confier des livres d’auteurs qu’on adore et respecte (pour moi, il y aura eu entre autres Poppy Z. Brite et Graham Joyce).
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L’histoire commence à Dunkerque, où je suis née le 29 novembre 1976. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt ans. Toujours le nez dans un livre, dès que j’ai su lire (et j’ai appris tôt) : de Fantômette aux contes d’Andersen, en passant par les mythes grecs. Toujours la tête dans les nuages aussi, à dessiner ou inventer de petites histoires. Pendant longtemps, je me suis passionnée pour le dessin beaucoup plus que pour l’écriture, avant d’abandonner ado, par frustration, quand j’ai compris que je n'arriverais jamais à retranscrire ce que j’avais en tête. Vers 17 ans, sans doute influencée par mes lectures du moment (H.P. Lovecraft, Lisa Tuttle et les anthologies Territoires de l’inquiétude d’Alain Dorémieux), je commence à rédiger des nouvelles fantastiques. D’abord une histoire de fantôme ultra-classique, plus orientée vers les personnages que vers le surnaturel. Ensuite une histoire de maison hantée et de malédiction familiale, tout aussi banale. Mais ça y est, j’ai attrapé le virus et je continue à enchaîner les nouvelles. En 1997, je quitte Dunkerque pour aller étudier à Paris, dans le cadre d’un DESS de Traduction Littéraire Professionnelle. Sans être vraiment persuadée de vouloir faire de la traduction mon métier, mais le programme semble intéressant et je n’ai pas de projets d’avenir précis. Intimidée par tous ces exercices techniques et ces décorticages de textes, je laisse l’écriture de côté pendant près d'un an. J’y reviens timidement vers la fin de l’année universitaire. Pendant l’été 1998, sous l’influence d’auteurs comme Carson McCullers ou Poppy Z. Brite, et de groupes comme Tarnation et Sixteen Horsepower, je rédige une nouvelle située en Alabama et intitulée « Le Nœud cajun ». Avec l’impression qu’un déclic a eu lieu pendant cette année de fac, à force de travailler sur l’écriture : les phrases coulent mieux, différemment. Sur un coup de tête, j’envoie ce texte, ainsi qu’un autre, « Ghost Town Blues », à la revue Ténèbres découverte quelques mois plus tôt. […]