Le beau Robert eut à peine le temps de naître, un certain matin d'avril 1964, que ses parents, trop pauvres pour assurer sa subsistance, entreprirent d'aller le perdre en forêt. Mais ce fut sans compter sur l'ingéniosité époustouflante de notre nouveau-nez, qui, ayant flairé l'affaire, pris bien soin de se munir de petits bouts de Pop-Tarts® qu'il sema derrière lui!... Il s'en retourna donc au logis familial, un pissenlit à la main et le sourire aux lèvres. Robert en compagnie de sa nièce Le petit Bobi, comme tous les jeunes de l'époque, passait ses journées à se ramollir le cruchon en visionnant la programmation à l'intelligence approximative promulguées par la télévision... Mais un jour, Papa-Ours entra dans le salon avec une boîte énorme, dont le contenu allait changer le cour de la vie de notre héros... Qu'y avait-il à l'intérieur, me demanderez-vous?... Éh bien pas une, pas deux, mais TROIS collections complètes de dictionnaires encyclopédiques abondamment illustrés!! Roberto entreposa son téléviseur au grenier et, mû par une pulsion étrange qui faisait des papillons dans son bas-ventre, il entreprit de tout recopier les nombreuses illustrations de ces magnifiques volumes issus des Dieux! La porte d'Ishtar, la Ziggourat d'Ur, le Colosse de Rhodes, les arbalètes, les yatagans, les heaumes, les drakkars vikings et les réacteurs nucléaires, rien n'échappa à l'oeil exalté de notre jeune prodige!... Ce cirque continua des années, pendant lesquelles notre valeureux titan badigeonna des kilomètres de papiers de gribouillages insanes, sous l'oeil désormais effrayé de Papa-Ours et de Maman-Canard... "Aurions-nous engendré un monstre?" se questionnèrent les zincertains géniteurs. Un autre évènement survint qui allait propulser notre prix de beauté vers des horizons nouveaux, parsemés de découvertes enrichissantes... En grandes pompes en effet se tint "L'Exposition annuelle du Livre", dans l'auditorium de l'école primaire qu'il fréquentait (Note pour les voyeurs: il s'agissait de l'École Montarville, à St-Bruno)... Pour cette occasion, Maman-Canard lui confia quelques ducats pour qu'il puissâsse s'octroyer un livre de son choix... "Ô Joie!" de s'exclamer le guilleret bambin, et aussitôt d'acheter: "Les Légions Perdues", une aventure d'Alix dessinée par Jacques Martin !... Cet album déclencha un amour sans fin pour la "Belle BD" et allait booster la détermination de notre héros à devenir un dessinateur hot. Le journal Tintin devint sa bible, et à la suite du père d'Alix allait se greffer les noms bénis de toute une procession de Bienheureux et de Saints-Martyrs de la BD... Un jour, il confia à ses parents son désir de devenir "comme les plusses bons"... "C'est que... Nous pensions que tu préfèrerais une carrière d'avocat" s'essaya Papa-Ours. "Mais il est si doué, chéri" clin-d'oeilla la Maman-Canard à son mari, "Penses-y, si il devient célèbre, ses dessins vaudront cher quand il sera mort !". Ainsi fut-il, et en 1983, notre ami-magnifique s'inscrivit à "La Grande Garderie du Cégep du Vieux-Montréal" pour faire de la peinture à doigts pendant deux ans. Et peinture à doigts il fit, sous l'œil glauque et éteint de surveillants lymphatiques ayant oubliés leurs fonctions vitales à la maison... Le petit Robert aurait bien pu mal tourner si, dans un effort gigantesque pour s'extraire à la médiocrité ambiante, il n'eut fondé le magazine de science-fiction "Empire", qui devait engendrer quatre numéros enrichissants, et qui devait lui faire connaître quelques noms de la BDQ, comme Benoît Joly, Marc Pageau, Pierre D. Lacroix, Éric Thériault, Michel Gagné, et plusieurs autres gardiens de la foi. Ses sessions de garderies terminées, Bébert se trouva face à un abîme béant, et décida de poursuivre sa Quête du Savoir Omniscient du côté du dessin animé. Il s'inscrivit donc au Sheridan College, en Nontario, et y étudia pendant deux ans en 1985-86. Ce séjour au pays angulaire fut très stimulant et notre Raphaël améliora son dessin en pas pour rire! À la suite de quoi il obtint son premier emploi "professionnel" au studio d'animation Nelvana, À Toronto Beach... Notre tendre ami souffrit beaucoup dans cet antre de la production à la chaîne. Il se rendit assez vite compte merci qu'il n'y avait pas qu'au McDo où l'on pouvait passer ses journées à tourner des boulettes de simili-boeuf haché en faisant croire au peuple que c'est du solide... Au début de 1988, il quitta Toronto Beach et sous-loua son appartement à une colonie de coquerelles pour aller rejoindre son pote Michel Gagné en Irlande, afin de travailler sur le film "All Dogs Go To Heaven", réalisé par Don Bluth. Mais il s'y emmerdera tout autant qu'à Nelvana, et quittera à la fin de l'année, décidé à se consacrer entièrement à son premier amour: la BD! Il retourna donc chez Papa-Ours et Maman-Canard avec quelques économies en poche et travailla une partie de 1989 à la réalisation d'une BD de 25 pages, qu'il destinait au journal Tintin ("Le Bal des Fantoches", une aventure de Mydrielle, demeurée inédite). Comble de la malchance, le Journal Tintin expirait la même année!... Mais qu'à celà ne tienne, le petit Robert envoya sa BD complétée aux Éditions Glénat, et reçut une réponse dans les deux semaines! Glénat ne voulaient pas de la BD initiale, mais le style de notre beau ténébreux plaisait aux éditeurs et ils souhaitaient le jumeler avec le scénariste Français Pierre Dubois, pour débuter une nouvelle série ! Entretemps, Bébert-le-brave commençait à manquer de sesterces... Mais miracle! Nelvana (le studio de Toronto Beach) téléphona à brûle-pourpoint pour lui demander si il voulait se rendre à Paris pour travailler sur la série animée de Babar l'éléphant, qui était réalisée en co-production avec les Français. "Et comment!" répondit tout de go notre Robert national. Et bientôt il fut en territoire français, où il pu rencontrer les éditeurs de Glénat et sympathiser avec le scénariste de la nouvelle série. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. De retour à Montréal (1990), notre architecte du sublime prit le taureau par les cornes, et pondit deux albums de la série "Pixies". "Le Cercle des Caraquins" parut en 1991 et la suite, "Le Roi des Ombres", au printemps de 1993. Malheureusement pour les fans de cette série, Glénat décidèrent de tuer leur Collection Jeunesse, ce qui entraîna la mort de nombreuses séries, dont les merveilleux Pixies... Le Cercle des Caraquins (Glénat, 1991) Le Roi des Ombres (Glénat, 1993) S'ensuivra une période de troubles (quoiqu'assez rémunératrice) ou l'auteur, désormais maudit, se prostitua en animation (storyboards) pour le bonheur de personne et la médiocratisation de tous. Notre pauvre martyr de l'Art allait nourrir de son âme et de son corps la grosse moissonneuse-batteuse imbécile du Marché, et développer un cynisme misanthropique qui ne le quitterait plus. Pendant cette période, Pervers Bébert ne fit plus de BD. Mais il réussit tout de même à reconquérir une certaine liberté artistique (ou un semblant de) en designant les décors de la série animée "Bob Morane" (1996), pour le compte du Studio Cactus... Mais la résurrection totale n'allait survenir que lorsque notre ami se lança dans les ordinateurs! Complètement époustouflé par les possibilités potentielles de ces programmes de mise en couleurs et de musique, notre Quasimodo au coeur pur tomba sous le charme éthéré des pixels lascifs, et se jeta à corps perdu dans l'apprentissage de ces outils envoyés par l'Olympe! Depuis, la tablette graphique ne dérougit pas et tous les chemins ne mènent plus nécessairement à Rome ! Dans la même foulée enthousiaste, Robébert de Vinci réalisa en 1998 une BD de six pages ("Les Trépasseurs de l'écume"), pour le quatrième numéro d'Exil, magazine de fantastique fondé par Dominique Desbiens. Notre enfant de la lumière travailla dernièrement ('97-'98) pour le compte de Tube Images, un studio d'animation 3D, à la réalistion d'un parc de réalité virtuelle destiné à l'Exposition Universelle de Lisbonne (1998). L'attraction se nommait "Océania" et fut un grand succès. Robert travaille présentement sur un livre pour enfants, en plus d'un projet personnel alliant illustrations, couleurs par ordinateur et musique. Nous avons essayé dans savoir plus, mais notre sympathique gaillard s'est mis à nous lancer des électro-ménagers, ce qui a mis fin à notre rencontre...
Texte © BD Québec
Le beau Robert eut à peine le temps de naître, un certain matin d'avril 1964, que ses parents, trop pauvres pour assurer sa subsistance, entreprirent d'aller le perdre en forêt. Mais ce fut sans compter sur l'ingéniosité époustouflante de notre nouveau-nez, qui, ayant flairé l'affaire, pris bien soin de se munir de petits bouts de Pop-Tarts® qu'il sema derrière lui!... Il s'en retourna donc au logis familial, un pissenlit à la main et le sourire aux lèvres. Robert en compagnie de sa nièce Le petit Bobi, comme tous les jeunes de l'époque, passait ses journées à se ramollir le cruchon en visionnant la programmation à l'intelligence approximative promulguées par la télévision... Mais un jour, Papa-Ours entra dans le salon avec une boîte énorme, dont le contenu allait changer le cour de la vie de notre héros... Qu'y avait-il à l'intérieur, me demanderez-vous?... Éh bien pas une, pas deux, mais TROIS collections complètes de dictionnaires encyclopédiques abondamment illustrés!! Roberto entreposa son téléviseur au grenier et, mû par une pulsion étrange qui faisait des papillons dans son bas-ventre, il entreprit de tout recopier les nombreuses illustrations de ces magnifiques volumes issus des Dieux! La porte d'Ishtar, la Ziggourat d'Ur, le Colosse de Rhodes, les arbalètes, les yatagans, les heaumes, les drakkars vikings et les réacteurs nucléaires, rien n'échappa à l'oeil exalté de notre jeune prodige!... Ce cirque continua des années, pendant lesquelles notre valeureux titan badigeonna des kilomètres de papiers de gribouillages insanes, sous l'oeil désormais effrayé de Papa-Ours et de Maman-Canard... "Aurions-nous engendré un monstre?" se questionnèrent les zincertains géniteurs. Un autre évènement survint qui allait propulser notre prix de beauté vers des horizons nouveaux, parsemés de découvertes enrichissantes... En grandes pompes en effet se tint "L'Exposition annuelle du Livre", dans l'auditorium de l'école primaire qu'il fréquentait (Note pour les […]