Née le 17 août 1938 à Brooklyn, Trina Perlson passe sa jeunesse à South Ozone Park, quartier ouvrier de Queens, dans une famille de Juifs libéraux aux moyens modestes, avec une mère institutrice, un père au foyer et une sœur aînée. Trina est très tôt une grosse lectrice, aussi bien de livres sans images que de bandes dessinées. Dès l’adolescence, elle se met à pratiquer la couture pour elle-même et l’écriture dans le journal de son lycée. En 1960, elle part s’installer en Californie, où elle rencontre son futur mari Paul Jay Robbins. Le jeune couple s’intègre à la bohème littéraire et musicale de Los Angeles, croise la route de nombreuses célébrités (Bob Dylan, les Byrds, Jim Morrison entre autres) en même temps que Trina devient une styliste-couturière recherchée. Fin 1966, ayant quitté son mari mais conservé son nom d’épouse, elle retourne à New York, où elle ouvre Broccoli, boutique de mode située au 56 East 4th Street à Manhattan. Pendant les quatre années suivantes, elle produit des illustrations et des bandes dessinées pour l’hebdo contre-culturel local The East Village Other mais aussi découvre avec émerveillement les comix underground qui émergent à San Francisco à la même période.
À 30 ans, alors que se précisent en elle la conscience féministe et le désir d’enfant, elle décide avec son compagnon Kim Deitch de s’installer à San Francisco. Ils y arrivent en décembre 1969, six mois avant la naissance de leur fille Casey. L’intégration sur place s’avère plus difficile que prévue, Trina se rebellant contre le sexisme omniprésent dans les comix réalisés par des hommes. Elle décide alors de fédérer l’énergie créative des femmes de l’underground. Après le collectif It Ain't Me, Babe (1970), elle impulse en 1972 le lancement de Wimmen’s Comix (1972-1992), comic book rassemblant des bandes dessinées de femmes.
Malgré l’essoufflement du mouvement underground à partir du milieu des années 1970, Trina Robbins poursuit une carrière d’illustratrice chez des éditeurs alternatifs de comics, mais fait aussi de brèves incursions chez Marvel et DC. A partir de la fin des années 1990, c’est essentiellement comme scénariste qu’elle poursuit son activité dans la bande dessinée.
En effet, à partir des années 1980, l’écriture et la recherche sur l’histoire des femmes dans la bande dessinée américaine sont devenues le nouveau cœur de son activité. Après Women and the Comics, co-écrit avec Cat Yronwode en 1983, Trina Robbins produit de 1993 à 2020 une dizaine d’ouvrages où elle se fait la « herstorian » de la place des femmes, des adolescentes et des petites filles dans l’histoire des comics américains, révélant et (re)découvrant des autrices et des personnages féminins qui avaient été invisibilisés par l’historiographie masculine de ce moyen d’expression.
Si elle reste relativement méconnue et peu traduite dans le monde francophone, elle est célèbre aux États-Unis, où elle devient notamment en 2013 la quatrième femme inscrite au temple de la renommée Will Eisner. Elle a également reçu deux prix Eisner récompensant ses ouvrages patrimoniaux.
Trina Robbins, Docteure Honoris Causa de l'Université Bordeaux Montaigne en mai 2023
Texte © Wikipédia
Née le 17 août 1938 à Brooklyn, Trina Perlson passe sa jeunesse à South Ozone Park, quartier ouvrier de Queens, dans une famille de Juifs libéraux aux moyens modestes, avec une mère institutrice, un père au foyer et une sœur aînée. Trina est très tôt une grosse lectrice, aussi bien de livres sans images que de bandes dessinées. Dès l’adolescence, elle se met à pratiquer la couture pour elle-même et l’écriture dans le journal de son lycée. En 1960, elle part s’installer en Californie, où elle rencontre son futur mari Paul Jay Robbins. Le jeune couple s’intègre à la bohème littéraire et musicale de Los Angeles, croise la route de nombreuses célébrités (Bob Dylan, les Byrds, Jim Morrison entre autres) en même temps que Trina devient une styliste-couturière recherchée. Fin 1966, ayant quitté son mari mais conservé son nom d’épouse, elle retourne à New York, où elle ouvre Broccoli, boutique de mode située au 56 East 4th Street à Manhattan. Pendant les quatre années suivantes, elle produit des illustrations et des bandes dessinées pour l’hebdo contre-culturel local The East Village Other mais aussi découvre avec émerveillement les comix underground qui émergent à San Francisco à la même période.
À 30 ans, alors que se précisent en elle la conscience féministe et le désir d’enfant, elle décide avec son compagnon Kim Deitch de s’installer à San Francisco. Ils y arrivent en décembre 1969, six mois avant la naissance de leur fille Casey. L’intégration sur place s’avère plus difficile que prévue, Trina se rebellant contre le sexisme omniprésent dans les comix réalisés par des hommes. Elle décide alors de fédérer l’énergie créative des femmes de l’underground. Après le collectif It Ain't Me, Babe (1970), elle impulse en 1972 le lancement de Wimmen’s Comix (1972-1992), comic book rassemblant des bandes dessinées de femmes.
Malgré l’essoufflement du mouvement underground à partir du milieu des années 1970, Trina Robbins poursuit une carrière d’illustratrice chez des éditeurs […]