Pierre Fournier (1937-1973) était un journaliste et dessinateur satyrique aux côtés de François Cavanna, de Wolinski, de Gébé et du Professeur Choron à Hara-Kiri Hebdo, le journal des éditions du Square qui deviendra, à la suite d'une interdiction en novembre 1970, Charlie-Hebdo. Par ses longs articles abondamment documentés et illustrés, ses chroniques percutantes en prise directe sur l'actualité, il a véritablement lancé le mouvement écologique en France, en particulier en se faisant l'écho de la lutte contre l'énergie nucléaire ; c’est grâce à lui que cette lutte devint populaire, notamment à la suite de la manifestation « Bugey 01 » (15 000 personnes devant une centrale nucléaire en construction dans l’Ain), manifestation festive soutenue par l’hebdomadaire. Pierre Fournier a joué ainsi le rôle de catalyseur de toute une jeunesse, assumant de façon réfléchie et sans compromissions les prolongements du grand éclat de rire libérateur de Mai 1968. Il se faisait également le porte-parole du mouvement communautaire et du combat non-violent. Sa réflexion sur la technostructure et le sens de la « révolution écologique » était des plus profondes. En novembre 1972, il fonda, à la montagne en Savoie, notamment avec son ami instituteur Émile Prémillieu, le journal La Gueule Ouverte, mensuel écologique de diffusion nationale, « annonçant la fin du monde ». Plus que tout, il avait en effet le sens aigu de l’urgence, car, depuis l’âge de 21 ans, il se savait personnellement condamné par la médecine pour son rétrécissement congénital de l'aorte ; de fait, alors qu’il dénonçait l’apoplexie de la civilisation technique, c'est lui-même qui a été terrassé par une crise cardiaque (due au surmenage), le 15 février 1973, quatre mois après le lancement de son journal. Bien que d’un naturel timide et réservé, Pierre Fournier s’est donné à fond dans ce qu’il a entrepris : tant qu’il a pu, il a « gueulé » la faillite du monde moderne, tout en restaurant une vieille maison de montagne pour sa femme et ses enfants. La Gueule Ouverte fusionnera en 1977 avec Combat Non Violent, puis deviendra hebdomadaire sous la direction d’Isabelle Cabut et cessera de paraître en 1980. Humoriste et pamphlétaire, Pierre Fournier composa un recueil de dessins : La Vie des gens (éditions du Square, 1971) et son épouse Danielle Fournier réunit un premier recueil posthume de ses textes et dessins : Où on va ? J'en sais rien, mais on y va (éditions du Square, 1973). Enfin, en hommage à son ami et pour entretenir la ferveur radicale de ses idées, Roland de MILLER composa une anthologie sélective de ses articles parue sous le titre Y'en a plus pour longtemps (éditions du Square, 1975). Ce second recueil posthume est un assemblage d'extraits d'articles publiés entre 1969 et 1972 et réunis en vingt chapitres.
Image: auto-portrait par l'artiste
Pierre Fournier (1937-1973) était un journaliste et dessinateur satyrique aux côtés de François Cavanna, de Wolinski, de Gébé et du Professeur Choron à Hara-Kiri Hebdo, le journal des éditions du Square qui deviendra, à la suite d'une interdiction en novembre 1970, Charlie-Hebdo. Par ses longs articles abondamment documentés et illustrés, ses chroniques percutantes en prise directe sur l'actualité, il a véritablement lancé le mouvement écologique en France, en particulier en se faisant l'écho de la lutte contre l'énergie nucléaire ; c’est grâce à lui que cette lutte devint populaire, notamment à la suite de la manifestation « Bugey 01 » (15 000 personnes devant une centrale nucléaire en construction dans l’Ain), manifestation festive soutenue par l’hebdomadaire. Pierre Fournier a joué ainsi le rôle de catalyseur de toute une jeunesse, assumant de façon réfléchie et sans compromissions les prolongements du grand éclat de rire libérateur de Mai 1968. Il se faisait également le porte-parole du mouvement communautaire et du combat non-violent. Sa réflexion sur la technostructure et le sens de la « révolution écologique » était des plus profondes. En novembre 1972, il fonda, à la montagne en Savoie, notamment avec son ami instituteur Émile Prémillieu, le journal La Gueule Ouverte, mensuel écologique de diffusion nationale, « annonçant la fin du monde ». Plus que tout, il avait en effet le sens aigu de l’urgence, car, depuis l’âge de 21 ans, il se savait personnellement condamné par la médecine pour son rétrécissement congénital de l'aorte ; de fait, alors qu’il dénonçait l’apoplexie de la civilisation technique, c'est lui-même qui a été terrassé par une crise cardiaque (due au surmenage), le 15 février 1973, quatre mois après le lancement de son journal. Bien que d’un naturel timide et réservé, Pierre Fournier s’est donné à fond dans ce qu’il a entrepris : tant qu’il a pu, il a « gueulé » la faillite du monde moderne, tout en restaurant une vieille maison de montagne pour […]