Le destin emprunte parfois des chemins tortueux, et s'il n'avait pas voulu assister à l'avant-première du film « Gremlins » organisé par le journal Starfix, Philippe Dumez n'aurait peut-être jamais eu la révélation de sa vocation. Nous sommes en 1984 et notre jeune ami, en tant qu'abonné au journal, reçoit la proposition
d'assister à une séance du film de Joe Dante une semaine avant sa sortie officielle. Il lui suffit pour cela de venir retirer son invitation au journal. D'un naturel plutôt naïf qu'il a su conserver, il ne trouve pas mieux que de se rendre un samedi à la rédaction du journal, et s'étonne de n'y trouver personne. Déçu, il manifeste son mécontentement à la rédaction par le biais d'une lettre
qui sera publiée dans le magazine, et c'est le déclic : Philippe, dès ce jour béni, ne vivra que pour voir de nouveau ses tourments les plus profonds couchés sur le papier. Longtemps il pense pouvoir les évacuer par le biais de la bande dessinée, et il enchaîne à un
rythme effréné des projets tous plus ambitieux les uns que les autres : « Blade Runner II la revanche », « Indiana Jones et le secret du médaillon »... Malheureusement, le talent graphique qu'il appelle de ses voeux met du temps à se manifester, et il finit par se tourner vers l'écriture pure et dure. Les fanzines seront son école, et l'interview son exercice de prédilection (avec toutes les déclinaisons qui l'accompagnent : noms propres estropiés, compréhension des langues étrangères approximative, méthode de retranscription communément appelée « brut de magnéto
», cassette muette...). Au sein d'une de ces publications à diffusion aléatoire et parution irrégulière, il fait la
connaissance de Moutarde. Début de collaboration sous le signe de leur amour commun pour la ligne claire. Les projets qu'ils présentent dans le monde des professionnels de la profession ne reçoivent pas l'écho souhaité, et ils choisissent l'auto-publication comme alternative à l'oubli. Et c'est dans cet esprit qu'ils ont commencé une série de courts récits d'inspiration autobiographique, rassemblés sous le titre fédérateur des « Abonnés du Soleil » (volé sans vergogne au génial Richard Brautigan). C'était avant que Dupuis ne les remarque et donne à leur projet plus d'envergure qu'ils n'en auraient jamais rêvé : "Le Meilleur de Moi".
Texte © Dupuis
Le destin emprunte parfois des chemins tortueux, et s'il n'avait pas voulu assister à l'avant-première du film « Gremlins » organisé par le journal Starfix, Philippe Dumez n'aurait peut-être jamais eu la révélation de sa vocation. Nous sommes en 1984 et notre jeune ami, en tant qu'abonné au journal, reçoit la proposition
d'assister à une séance du film de Joe Dante une semaine avant sa sortie officielle. Il lui suffit pour cela de venir retirer son invitation au journal. D'un naturel plutôt naïf qu'il a su conserver, il ne trouve pas mieux que de se rendre un samedi à la rédaction du journal, et s'étonne de n'y trouver personne. Déçu, il manifeste son mécontentement à la rédaction par le biais d'une lettre
qui sera publiée dans le magazine, et c'est le déclic : Philippe, dès ce jour béni, ne vivra que pour voir de nouveau ses tourments les plus profonds couchés sur le papier. Longtemps il pense pouvoir les évacuer par le biais de la bande dessinée, et il enchaîne à un
rythme effréné des projets tous plus ambitieux les uns que les autres : « Blade Runner II la revanche », « Indiana Jones et le secret du médaillon »... Malheureusement, le talent graphique qu'il appelle de ses voeux met du temps à se manifester, et il finit par se tourner vers l'écriture pure et dure. Les fanzines seront son école, et l'interview son exercice de prédilection (avec toutes les déclinaisons qui l'accompagnent : noms propres estropiés, compréhension des langues étrangères approximative, méthode de retranscription communément appelée « brut de magnéto
», cassette muette...). Au sein d'une de ces publications à diffusion aléatoire et parution irrégulière, il fait la
connaissance de Moutarde. Début de collaboration sous le signe de leur amour commun pour la ligne claire. Les projets qu'ils présentent dans le monde des professionnels de la profession ne reçoivent pas l'écho souhaité, et ils choisissent l'auto-publication comme alternative à l'oubli. Et c'est […]