Photo © Manuel F. Picaud
Romancier et scénariste jusqu'au bout des ongles, raconteur d'histoires hors pair, son nom est synonyme de succès. Il est né et réside à Bruxelles. Après des études d'économie politique et quatre licences universitaires, Jean Van Hamme poursuit durant 12 ans une carrière dans le marketing durant lesquelles il occupa notamment les postes de fondé de pouvoir de Philips-Belgique (qu'il abandonne en 1976 pour ne plus se consacrer qu'à l'écriture) et de directeur des éditions Dupuis durant plusieurs mois en 1986. Jean Van Hamme expérimente brièvement la vie maritale de 1967 à 1970 ; de cette union naîtront deux garçons : Nicolas et Thomas. C'est par l'intermédiaire de sa femme que Jean Van Hamme va devenir scénariste de BD. Elle était l'un des modèles du peintre-dessinateur Paul Cuvelier. Van Hamme fait la connaissance de ce dernier en mars 1966. Il lui propose ses services, offrant de soumettre un scénario en compensation du modèle perdu. "Je voulais être raconteur d'histoires, pas seulement scénariste. Depuis tout petit, comme tous les enfants, j'inventais des histoires et je les écrivais. Comme la BD était très florissante en Belgique et qu'elle paraissait moins inaccessible que la littérature ou le cinéma, elle attirait immédiatement. Éric Losfeld avait déjà publié "Barbarella" et "Jodelle", les premières BD adultes de qualité, et Cuvelier avait envie de dessiner quelque chose dans le même genre. Comme c'était un remarquable dessinateur qui aimait les nus, je lui ai soumis un récit mythologique qui permettait de faire passer l'érotisme sans aggressivité. J'avais bien essayé auparavant d'envoyer des scénarios, chez Dupuis notamment, mais je n'avais jamais eu de réponse. Cette opportunité avec Cuvelier était donc une chance inestimable". Parallèlement à ses activités professionnelles, il écrit donc son premier scénario en 1968 pour Paul Cuvelier ("Epoxy") et enchaîne avec quelques pages de Modeste et Pompon avec Dino Attanasio et Mittéï, et de Gaton Lagaffe pour Franquin. Peu après, Cuvelier lui demanda de lui écrire des "Corentin", dont il scénarise en 1968 et en 1973 les sixième et septième épisodes, ce qui lui permit de rentrer au Lombard par la grande porte. (Pour cette même série, il collabore en 1989 à son adaptation sous la forme de courts métrages d'animation avec les studios Belvision). En fait, entre Cuvelier et Van Hamme, la collaboration n'a pas eu lieu. Le dessinateur recevait les scénarios complètement découpés et les respectait à la ligne près. Van Hamme dactylographiait son texte avec les dialogues en rouge puis établissait au verso la distribution des vignettes. "J'ai toujours présenté mon travail ainsi, sans petits dessins explicatifs car j'en suis incapable. Même quand j'écrivais des gags de Gaston pour Franquin, je les lui envoyais sous cette forme. Bien sûr, il les réadaptait systématiquement : j'ai dû lui en écrire douze pour qu'il en choisisse trois". En 1969 et 1970, il conçoit également quelques récits de Magellan illustrés par Géri. Entre 1964 et 1970, Jean Van Hamme envoie régulièrement des synopsis pour des personnages existants déjà ou pour des nouvelles séries aux rédactions de Spirou et de Tintin. Ni d'un côté ni de l'autre, il ne reçoit de réponses. Finalement, le rédacteur en chef de Tintin, Greg, retient "Histoire sans héros" et le propose à Dany qui est emballé par cette histoire. Publié dans d'assez mauvaises conditions et sans publicité particulière, ce récit connaît un grand succès et reçoit le prix Saint-Michel du meilleur scénario réaliste. Il collabore ensuite régulièrement au journal Tintin. Pour ce magazine, il reprend Domino (histoire d'un agent secret qui ratait tout ce qu'il entreprenait) en 1974, à la suite de Greg, en compagnie d'André Chéret. "Domino, c'est le bide de ma carrière ! C'est dommage car je m'amusais bien avec ce personnage. Je m'étais documenté sur le langage de l'époque et j'essayais de respecter le style de Greg que j'admirais beaucoup. Hélas, je ne me suis pas très bien entendu avec Chéret. A un moment donné, il a interrompu la série pendant deux ans, puis nous avons repris jusqu'au cinquième épisode... mais en moyenne, nous avons dû vendre 2000 exemplaires de chaque album : un vrai flop !". En 1974, il scénarise également Michel Logan à la demande d'André Beautemps dont la mort en 1978 marquera la fin de cette série prometteuse. Il scénarisa également quelques épisodes de Tony Stark pour Edouard Aidans. En 1976, il fit la rencontre le dessinateur polonais, Grzegorz Rosinski, qui voulait "faire de la BD". "J'ai vu arriver ce type qui ne parlait pas un mot de français et je lui ai fait faire un petit devoir....j'ai pris deux pages d'un scénario de Michael Logan et je lui ai demandé de me les illustrer pour le lendemain matin. Ce qu'il a fait n'était pas très réussi techniquement mais il y avait du punch. Je me suis dit qu'en le canalisant, en lui apprenant à mieux cadrer ses personnages, ce type devait sortir de l'ordinaire. Comme je travaillais régulièrement pour Le Lombard, j'ai pris Rosinski par le cou et nous sommes allés voir Duchâteau, le rédac-chef de l'époque, avec qui j'avais de bonnes relations. Le problème résidait en ce que Rosinski ne voulait pas dessiner du moderne car il n'avait pas de documentation et qu'il n'aimait pas ça, qu'il ne voulait pas de politique, pas de ceci, pas de cela... Comme il était slave et que j'ai toujours été sensible à ce qu'on appelle la culture germanique, j'ai proposé une aventure chez les Vikings vue sous un angle mythologique. Nous sommes donc partis sur ce sujet en réalisant des récits en chapîtres..." ...et ils créèrent Thorgal en 1977 qui rencontra rapidement un vif succès auprès du public adolescent. En 1978, Dany demanda à Van Hamme de lui inventer un personnage commercial, style "Amicalement vôtre". Cela donnera Arlequin qui ne sera pourtant pas un succès car la série est mal ciblée : un peu trop second degré pour les plus jeunes et pas assez construit au niveau de l'histoire pour les plus âgés. En plus, les interventions de Dany dans le scénario de Van Hamme rend la collaboration laborieuse. Au début de 1976, Greg avait proposé à Van Hamme de reprendre Bruno Brazil. Cela lui permit de rencontrer William Vance qui habitait à deux pas de chez lui. Comme Van Hamme aimait beaucoup le dessin de Vance, leur collaboration se concrétisa un peu plus tard (1984) par XIII (série d'aventure et d'espionnage) qui reste dans un univers assez voisin de celui de Bruno Brazil. "J'ai proposé XIII à Novedi, Dargaud et Dupuis. Dargaud Benelux l'a emporté. Les premières séquences de XIII sont inspirées par le roman de Robert Ludlum : La Mémoire dans la Peau, mais c'est seulement un point de départ. Comme je cherchais un personnage et que j'avais lu ce bouquin, je me suis dit que l'idée du héros amnésique n'était pas mauvaise. Par contre, la façon dont Ludlum l'avait exploité ne m'avait pas beaucoup plu...". Jean Van Hamme avait écrit un scénario de télévision qui n'était pas une commande et qu'il n'avait pas réussi à placer. Le contenu critiquait un socialisme protectioniste exagéré, alors qu'en plein gouvernement Mittérand, la télévision française voulait du social joyeux et optimiste. La RTBF, elle, ne tournait plus de téléfilms et était également gênée par la collaboration politique permanente. Finalement, en 1984, ce projet avorté allait devenir "SOS Bonheur" dessiné par Griffo. Depuis 1982, Van Hamme avait pris contact avec Casterman. Il proposait un sinopsis assez vague reposant sur un univers "tolkenien". Casterman demandait un peu plus de précision sur le contenu de l'histoire, Van Hamme a l'idée de raconter une version très décalée du Nouveau Testament. Cela déboucha sur "Le Grand Pouvoir du Chninkel", dessiné par Rosinski dans A Suivre en 1986, grand prix des Alpages à Sierre en 1987 et Alph'art du public à Angoulême en 1989. En avril 1986, le groupe belge G.B.L. propose Van Hamme au poste de directeur d'édition chez Dupuis. Van Hamme assouvit ainsi un vieux rêve en devenant éditeur ! Pourtant, en mars 1987, il démissionne, retournant à l'écriture de ses scénarios En 1990, il reprend en bande dessinée Largo Winch (d'après ses propres romans), illustré par Philippe Francq aux éditions Dupuis. En 1992, il conçoit Les Maîtres de l'Orge en compagnie de Francis Vallès. Jean Van Hamme est également l'auteur de scénarios de films de télévision pour la RTBF, de l'adaptation de Diva pour Jean-Jacques Beinex et de Meurtres à Domicile réalisé par M. Lober. En 1992, après la mort de Bob de Moor, il est nommé président du C.B.B.D. (centre belge de la Bande dessinée). Van Hamme fut ensuite contacté par les éditions Dargaud, devenues propriétaires, en 1992, de la totalité des droits de l’oeuvre d'Edgar P. Jacobs afin de donner une suite aux aventures de Blake et Mortimer. Pour gagner ce pari, il fallait un scénariste et un dessinateur dont les talents additionnés pouvaient approcher le génie unique d’Edgar P. Jacobs. Jean Van Hamme était, en Belgique, un orfèvre de l’intrigue, un virtuose éprouvé de la narration et du dialogue, le français Ted Benoit passait pour être le plus brillant adepte de la « ligne claire », dont avec Hergé, Jacobs fut le maître. Et « L’affaire Francis Blake » nacquit...
Photo © Manuel F. Picaud
Romancier et scénariste jusqu'au bout des ongles, raconteur d'histoires hors pair, son nom est synonyme de succès. Il est né et réside à Bruxelles. Après des études d'économie politique et quatre licences universitaires, Jean Van Hamme poursuit durant 12 ans une carrière dans le marketing durant lesquelles il occupa notamment les postes de fondé de pouvoir de Philips-Belgique (qu'il abandonne en 1976 pour ne plus se consacrer qu'à l'écriture) et de directeur des éditions Dupuis durant plusieurs mois en 1986. Jean Van Hamme expérimente brièvement la vie maritale de 1967 à 1970 ; de cette union naîtront deux garçons : Nicolas et Thomas. C'est par l'intermédiaire de sa femme que Jean Van Hamme va devenir scénariste de BD. Elle était l'un des modèles du peintre-dessinateur Paul Cuvelier. Van Hamme fait la connaissance de ce dernier en mars 1966. Il lui propose ses services, offrant de soumettre un scénario en compensation du modèle perdu. "Je voulais être raconteur d'histoires, pas seulement scénariste. Depuis tout petit, comme tous les enfants, j'inventais des histoires et je les écrivais. Comme la BD était très florissante en Belgique et qu'elle paraissait moins inaccessible que la littérature ou le cinéma, elle attirait immédiatement. Éric Losfeld avait déjà publié "Barbarella" et "Jodelle", les premières BD adultes de qualité, et Cuvelier avait envie de dessiner quelque chose dans le même genre. Comme c'était un remarquable dessinateur qui aimait les nus, je lui ai soumis un récit mythologique qui permettait de faire passer l'érotisme sans aggressivité. J'avais bien essayé auparavant d'envoyer des scénarios, chez Dupuis notamment, mais je n'avais jamais eu de réponse. Cette opportunité avec Cuvelier était donc une chance inestimable". Parallèlement à ses activités professionnelles, il écrit donc son premier scénario en 1968 pour Paul Cuvelier ("Epoxy") et enchaîne avec quelques pages de Modeste et […]