Il est né le 9 avril 1928 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Historien et militant, il est auteur d’une cinquantaine de livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés. En 1994, il a co-fondé l’Observatoire des libertés publiques, qu’il préside. Maurice Rajsfus est le fils de parents juifs polonais arrivés en France au début des années 1920. Ils ont été mariés par le maire d’Aubervilliers, Pierre Laval, « alors encore avocat pacifiste ». En juillet 1942, il est arrêté avec ses parents lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver par un policier « un temps voisin de palier (…). Lorsque, en 1988, Rajsfus tentera de l’approcher (« pour comprendre »), le retraité l’éconduira d’un brutal : « Ça ne m’intéresse pas ! ». Il n’a cessé depuis d’incarner cette « police de Vichy au passé trop présent, sans remords et sans mémoire » (Pierre Marcelle). Maurice Rajsfus, qui a alors 14 ans, est relâché à la suite d’un ordre aléatoire excluant les enfants Juifs français de 14 à 16 ans de la rafle. Ses parents ne reviendront pas. Il a été « Jeune communiste » à 16 ans, exclu à 18 pour « hitléro-trotskisme », militant de la IVe Internationale avant 1950, puis du groupe Socialisme ou Barbarie avec Lefort et Castoriadis, le réseau Ras l’Front de 1991 à 1999 » (Pierre Marcelle). Un an après que, le 6 avril 1993, le jeune Makomé M’Bowolé a été tué d’« une balle dans la tête à bout touchant alors qu’il était interrogé, menotté, au commissariat des Grandes Carrières » (18e arrondissement de Paris), Maurice Rajsfus co-fonde l’Observatoire des libertés publiques, qui relève dans son bulletin mensuel Que fait la police ?, ce qui constituerait, selon lui, des bavures policières. Pour lui, le lien entre passé et présent est constant, notamment dans la surveillance de la police : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police française ne s’était pas mise aux ordres, jamais il n’y aurait eu autant de dégâts. Il y a eu 150 000 déportés de France, dont 76 000 juifs, les autres étant des déportés politiques (résistants, communistes, otages…). Et que dire de ce policier qui, rendant compte à la préfecture de sa mission, ose écrire, le 22 juillet : « Le Vél’ d’Hiv’ est évacué. Il restait 50 juifs malades et des objets perdus, le tout a été transféré à Drancy. » » Définissant le sionisme comme un « projet présenté comme « généreux » par ses initiateurs », il considère qu’il « a rapidement dérivé en une entreprise également raciste ». Antisioniste, il dénonce l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme qui est, selon lui, devenue « une arme brandie contre tous ceux qui s’opposent au sionisme, idéologie active qui ne saurait souffrir la moindre critique ». Il publie, en 1990, Palestine: chronique des événements courants, 1988-1989 et L’ennemi intérieur : Israël-Palestine, livres dans lesquels il décrit Israël comme « une démocratie sous haute surveillance » et dénonce les exactions de l’armée israélienne. N’ayant longtemps eu que le certificat d’études, puisqu’il quitta le collège à 14 ans, Maurice Rajsfus a cependant passé un doctorat en sociologie en 1992. Il a été à plusieurs reprises membre du jury des Big Brother Awards France, et a préfacé le livre, Big Brother Awards. Les surveillants surveillés (2008).
Texte et photo © Tartamudo
Il est né le 9 avril 1928 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Historien et militant, il est auteur d’une cinquantaine de livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés. En 1994, il a co-fondé l’Observatoire des libertés publiques, qu’il préside. Maurice Rajsfus est le fils de parents juifs polonais arrivés en France au début des années 1920. Ils ont été mariés par le maire d’Aubervilliers, Pierre Laval, « alors encore avocat pacifiste ». En juillet 1942, il est arrêté avec ses parents lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver par un policier « un temps voisin de palier (…). Lorsque, en 1988, Rajsfus tentera de l’approcher (« pour comprendre »), le retraité l’éconduira d’un brutal : « Ça ne m’intéresse pas ! ». Il n’a cessé depuis d’incarner cette « police de Vichy au passé trop présent, sans remords et sans mémoire » (Pierre Marcelle). Maurice Rajsfus, qui a alors 14 ans, est relâché à la suite d’un ordre aléatoire excluant les enfants Juifs français de 14 à 16 ans de la rafle. Ses parents ne reviendront pas. Il a été « Jeune communiste » à 16 ans, exclu à 18 pour « hitléro-trotskisme », militant de la IVe Internationale avant 1950, puis du groupe Socialisme ou Barbarie avec Lefort et Castoriadis, le réseau Ras l’Front de 1991 à 1999 » (Pierre Marcelle). Un an après que, le 6 avril 1993, le jeune Makomé M’Bowolé a été tué d’« une balle dans la tête à bout touchant alors qu’il était interrogé, menotté, au commissariat des Grandes Carrières » (18e arrondissement de Paris), Maurice Rajsfus co-fonde l’Observatoire des libertés publiques, qui relève dans son bulletin mensuel Que fait la police ?, ce qui constituerait, selon lui, des bavures policières. Pour lui, le lien entre passé et présent est constant, notamment dans la surveillance de la police : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police […]