Voilà une bonne trentaine d'années que Jacques Tardi marque de son empreinte la bande dessinée contemporaine. Virtuose du noir et blanc, peintre inégalé des ruelles sombres et des pavés luisants, contempteur infatigable de la bêtise humaine et obsédé par la guerre, Tardi est l'un des maîtres de la BD. Son adaptation du Cri du peuple, le roman de Jean Vautrin sur la Commune de Paris, se hisse à la hauteur du reste de son œuvre. Parcours d’un dessinateur d'exception. Tardi, c’est le papa naturel d'Adèle (Blanc-Sec). C’est aussi le père adoptif de Nestor (Burma). C’est surtout l'une des figures essentielles de la bande dessinée française de ces trente dernières années, et une influence majeure pour bon nombre de dessinateurs. Né à Valence en 1946, Jacques Tardi suit l'enseignement des Beaux-Arts de Lyon avant de « monter » à Paris, direction les Arts décoratifs. Sa carrière d'auteur de BD démarre dans les pages du journal Pilote de René Goscinny, au début des années 70. On lui confie le dessin de Rumeurs sur le Rouergue, un scénario réaliste écrit par Pierre Christin, co-auteur de Valérian et futur scénariste de Bilal. Mais Tardi n’est guère à l'aise avec les récits contemporains. Il préfère explorer une veine plus personnelle. Après diverses histoires brèves, il publie Le Démon des glaces, dessiné à la manière des gravures du XIXe siècle, puis La Véritable Histoire du soldat inconnu. En 1976, il donne naissance à Adèle Blanc-Sec. Un personnage de femme original, à une époque où la plupart des héroïnes de bande dessinée restent cantonnées dans les clichés. Adèle est confrontée à des savants fous, des ptérodactyles sanguinaires et des pithécanthropes ressuscités, le tout sur fond de Paris d’avant la Première Guerre mondiale. Tardi a trouvé son style : un mélange de fantastique, de clins d’œil au roman populaire et de second degré réjouissant, dans le cadre d’un Paris aujourd'hui disparu. Une ville que Tardi se délecte à faire revivre sur sa feuille à dessin après l'avoir arpentée en tout sens, en authentique passionné de la capitale. Surtout, il aborde le grand sujet qui ne cessera de l'obséder : la guerre de 14-18, métaphore de tous les conflits et de l'inépuisable bêtise humaine. Profondément marqué par les souvenirs de son grand-père, il s’emploie à nourrir son œuvre de références à la « der des ders », qu'il met en scène dans C'était la guerre des tranchées, publié dès 1982 dans le mensuel (A suivre), et Le Trou d’obus (1984). Tardi s'attaque aussi à la mise en images d'œuvres littéraires. Grand admirateur de Céline, il illustre Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et Casse-pipe. Il démarre une série d'adaptations de romans policiers avec les Nestor Burma de Léo Malet, et notamment Brouillard au pont de Tolbiac (1982). En prenant soin de gommer les aspects les moins sympathiques des romans, parfois empreints d'une fâcheuse tendance au racisme. Il adaptera aussi Jeux pour mourir, de Géo-Charles Véran (1992), et La Der des ders, de Didier Daeninckx (1997). La fréquentation des écrivains est une vieille habitude chez Tardi. Avec l'auteur de polars Jean-Patrick Manchette, il avait déjà réalisé Griffu dans les années 70. Il récidivera en 2000 avec Daniel Pennac, qui lui écrira le scénario de La Débauche. Son adaptation du Cri du peuple de Jean Vautrin n'a rien de surprenant : les deux hommes se connaissent depuis plusieurs années et avaient déjà signé un livre sur la banlieue. Quand le roman de Vautrin est paru, en 1999, c’est Tardi qui en a dessiné la couverture. Lui qui cherchait à écrire une histoire dans le cadre de la Commune de Paris a trouvé, avec ce roman plein de souffle et de passions, le scénario idéal. Le Cri du peuple, dont il a signé seul l’adaptation, lui permet à la fois de rendre hommage aux héros inconnus de la Commune et de faire revivre en images le Paris de la fin du XIXe siècle. Cette fresque en quatre volumes « à l'italienne » s'annonce d’ores et déjà comme l’un des sommets de l'œuvre graphique de Jacques Tardi.
Voilà une bonne trentaine d'années que Jacques Tardi marque de son empreinte la bande dessinée contemporaine. Virtuose du noir et blanc, peintre inégalé des ruelles sombres et des pavés luisants, contempteur infatigable de la bêtise humaine et obsédé par la guerre, Tardi est l'un des maîtres de la BD. Son adaptation du Cri du peuple, le roman de Jean Vautrin sur la Commune de Paris, se hisse à la hauteur du reste de son œuvre. Parcours d’un dessinateur d'exception. Tardi, c’est le papa naturel d'Adèle (Blanc-Sec). C’est aussi le père adoptif de Nestor (Burma). C’est surtout l'une des figures essentielles de la bande dessinée française de ces trente dernières années, et une influence majeure pour bon nombre de dessinateurs. Né à Valence en 1946, Jacques Tardi suit l'enseignement des Beaux-Arts de Lyon avant de « monter » à Paris, direction les Arts décoratifs. Sa carrière d'auteur de BD démarre dans les pages du journal Pilote de René Goscinny, au début des années 70. On lui confie le dessin de Rumeurs sur le Rouergue, un scénario réaliste écrit par Pierre Christin, co-auteur de Valérian et futur scénariste de Bilal. Mais Tardi n’est guère à l'aise avec les récits contemporains. Il préfère explorer une veine plus personnelle. Après diverses histoires brèves, il publie Le Démon des glaces, dessiné à la manière des gravures du XIXe siècle, puis La Véritable Histoire du soldat inconnu. En 1976, il donne naissance à Adèle Blanc-Sec. Un personnage de femme original, à une époque où la plupart des héroïnes de bande dessinée restent cantonnées dans les clichés. Adèle est confrontée à des savants fous, des ptérodactyles sanguinaires et des pithécanthropes ressuscités, le tout sur fond de Paris d’avant la Première Guerre mondiale. Tardi a trouvé son style : un mélange de fantastique, de clins d’œil au roman populaire et de second degré réjouissant, dans le cadre d’un Paris aujourd'hui disparu. Une ville que Tardi se délecte à faire revivre sur sa feuille à dessin après l'avoir […]