Né en 1974, à l'Île d'Orléans, Jimmy Beaulieu est d'abord et avant tout un type qui dessine. Il remplit des carnets de croquis à une cadence infernale. Il n'a aucune formation si ce n'est un cours de dessin en dilettante durant l'été 1989 avec Louise Lefebvre à Québec. « On n'enseigne pas le type de dessin qui m'intéresse » déclare Jimmy. « L'institution des arts plastiques enseigne plutôt une forme de littérature picturale et théâtrale qui n'a rien à voir avec ma discipline de dessin ». Toujours d'après lui: « Les écoles de dessin académique sont encore plus emmerdantes quoique plus enrichissantes en fin de compte ». Jimmy a plutôt fréquenté assidûment l'école du doute et de la remise en question. « Je la fréquenterai encore longtemps et c'est très bien comme ça ». Jimmy a fait ses premières bandes dessinées vers 1998, sous la pression d'Éric Asselin et Daniel Boulanger, à Québec. « J'ai eu énormément de difficultés à transposer mon dessin dans le cadre très rigide de la bande dessinée ». La technique paradoxale du crayonné/encré est un pur cauchemar pour lui. L'instinct et les erreurs sont les ingrédients essentiels de sa technique de dessin. « La bande dessinée exige un contrôle maniaque que je ne maîtrise que si la chance est de mon côté », dit-il. Il peut refaire cinquante fois la même case jusqu'à ce que la musique apparaisse. Progressivement, il découvre le plaisir de faire de la bande dessinée, de faire respirer des personnages, de camper une ambiance dans le temps. Il n'est pas un spécialiste de l'imaginaire et il croit que la plus belle fiction, nous la vivons chaque jour. Il ne voit pas le scénario comme la base ultime de l'œuvre. Selon lui, la philosophie, la poésie et la force d'une bande dessinée se trouve dans la manière de raconter l'histoire. Si le dessin, les dialogues, le rythme, la mise en scène et les masses de noir, de blanc et de couleurs n'expriment pas le fond de l'œuvre, l'histoire ne vaut absolument rien. Il a choisi de raconter des histoires simples pour méduser les lecteurs qui ne lisent que la surface d'un livre. Son travail avec des scénaristes (Marc Tessier, Sébastien Trahan) s'inscrit parfaitement dans cette ligne de pensée tout en structurant différemment son travail, ce qui est un vrai trésor. En 1998 et 99, Jimmy s'est impliqué dans la création des Éditions de la Pastèque, de la revue Spoutnik, et du F-52 (librairie/galerie) avec Martin Brault, Fred Gauthier et Jean-Pierre Moreau. Œuvre autobiographique – genre qu’il exploitera souvent , son premier album, Quelques pelures, paraît en 2000, publié par F-52. Il a abandonné peu à peu ces projets pour travailler avec Sébastien Trahan sur un projet d’album qui n’a pas encore vu le jour. Mais, toujours avec Trahan, il s’associe à quatre autres dessinateur (Luc Giard, Benoît Joly, Éric Asselin et Philippe Girard) pour fonder les éditions Mécanique Générale. Le premier album à paraître chez Mécanique générale est une réédition de Quelques pelures dont le tirage initial a été rapidement épuisé. Puis, en 2001, paraît un recueil collectif « Avons-nous les bon pneus ? ». Peu de temps après, Mécanique générale est rachetée par les édition Mille-îles (Les 400 coups) et Jimmy Beaulieu en devient le directeur de collection. Au cours des cinq années suivantes, les albums des membres de l’écurie sortent à un rythme régulier. Jimmy fait paraître Résine de synthèse (2002), -22o C (2003) et Le moral des troupes (2004) tout en participant aux collectifs Service au volant (2001) et Le pitcheur pense à sa blonde, douda, douda (2002). Parallèlement, les membres de l’écurie lancent également une collection de petits albums fanzines « Colosse ». En 2006, la maison d’édition ouvre ses portes à de nouveaux collaborateurs. Douze albums sortiront au cours de cette cinquième année d’existence dont Ma voisine en maillot et Quelques pelures, réédition très, très augmentée par Jimmy. En 2006, il collabore avec Jean-Louis Tripp et Régis Loisel sur la série Magasin général aux éditions Casterman. Il réécrit les dialogues des deux auteurs d’origine française de façon qu’ils « sonnent » québécois tout en étant compréhensibles pour les lecteurs européens. De juillet 2004 à février 2005, Jimmy Beaulieu a été accueilli en résidence à la « Maison des auteurs » d'Angoulême. Projet domiciliaire, le journal de voyage qu’il en a tiré, est diffusé hebdomadairement en ligne. Il a également illustré quelques livres jeunesse d’Anne Langlois aux éditions de La courte échelle : L’évasion d’Alfred le dindon (2004), La chorale des petits cochons (2005), La sculpture de Nestor l'alligator (2007). Très impliqué dans la promotion de la bande dessinée, Jimmy a été libraire (chez Pantoute à Québec, puis chez Fichtre! et Archambault à Montréal), chroniqueur (à la revue Noirs Dessins de Rimouski, sur le site de l’émission Bande à part et à l’émission radiophonique Indicatif présent de Radio-Canada), commissaire d’expositions (Plan cartésien) et enseignant. Depuis 2004, il anime des ateliers de BD au cégep du Vieux-Montréal. Il milite activement pour l'émergence d'une bande dessinée plus libre et centrée sur l'expression personnelle tout en restant accessible.
Texte et photo © BD Québec
Né en 1974, à l'Île d'Orléans, Jimmy Beaulieu est d'abord et avant tout un type qui dessine. Il remplit des carnets de croquis à une cadence infernale. Il n'a aucune formation si ce n'est un cours de dessin en dilettante durant l'été 1989 avec Louise Lefebvre à Québec. « On n'enseigne pas le type de dessin qui m'intéresse » déclare Jimmy. « L'institution des arts plastiques enseigne plutôt une forme de littérature picturale et théâtrale qui n'a rien à voir avec ma discipline de dessin ». Toujours d'après lui: « Les écoles de dessin académique sont encore plus emmerdantes quoique plus enrichissantes en fin de compte ». Jimmy a plutôt fréquenté assidûment l'école du doute et de la remise en question. « Je la fréquenterai encore longtemps et c'est très bien comme ça ». Jimmy a fait ses premières bandes dessinées vers 1998, sous la pression d'Éric Asselin et Daniel Boulanger, à Québec. « J'ai eu énormément de difficultés à transposer mon dessin dans le cadre très rigide de la bande dessinée ». La technique paradoxale du crayonné/encré est un pur cauchemar pour lui. L'instinct et les erreurs sont les ingrédients essentiels de sa technique de dessin. « La bande dessinée exige un contrôle maniaque que je ne maîtrise que si la chance est de mon côté », dit-il. Il peut refaire cinquante fois la même case jusqu'à ce que la musique apparaisse. Progressivement, il découvre le plaisir de faire de la bande dessinée, de faire respirer des personnages, de camper une ambiance dans le temps. Il n'est pas un spécialiste de l'imaginaire et il croit que la plus belle fiction, nous la vivons chaque jour. Il ne voit pas le scénario comme la base ultime de l'œuvre. Selon lui, la philosophie, la poésie et la force d'une bande dessinée se trouve dans la manière de raconter l'histoire. Si le dessin, les dialogues, le rythme, la mise en scène et les masses de noir, de blanc et de couleurs n'expriment pas le fond de l'œuvre, l'histoire ne vaut absolument rien. Il a choisi de raconter des histoires […]