Né à Blaye (Gironde) le 12 mai 1908, Yves Desdemaines-Hugon commence sa carrière de dessinateur en 1926, et adopte en 1930 le pseudonyme de Gervy, anagramme des premières lettres de son prénom et de celui de sa future épouse (Germaine Desroches, qui sera aussi sa coloriste). Après avoir fait preuve dans les années 1930 d'un grand éclectisme (dessins d'humour, publicités, couvertures de livre), Gervy limite ses collaborations à deux groupes de presse catholiques, auxquels il restera fidèle : en France, de 1936 à 1973, la Maison de la Bonne Presse ; en Belgique, de 1937 à 1978, la Bonne Presse-Averbode, qui édite l'hebdomadaire pour enfants Petits Belges, devenu en 1960 Tremplin. D'une œuvre très abondante se dégage la bande dessinée Pat'Apouf détective, publiée chaque semaine dans Le Pèlerin de 1938 à 1973, et poursuivie par d'autres dessinateurs de 1973 à 1990. La série, qui a pour héros un détective jovial à la quarantaine rondouillarde, aidé à partir de 1956 d'un jeune garçon, Jacky, est étonnamment adulte dans le ton (en particulier les épisodes réalisés au cours des années 1945-1956) : les morts y sont nombreuses et violentes, la vision du monde est sans illusions. En cette époque où la bande dessinée était étroitement surveillée, Pat'Apouf échappa aux censeurs ; il est vrai qu'il avait le soutien du père Roger Guichardan, rédacteur en chef du Pèlerin de 1935 à 1973, ainsi que du pape Jean XXIII, qui disait avoir appris le français dans cet hebdomadaire, et qui sur proposition du cardinal Feltin fit en 1959 Gervy chevalier de l'ordre de saint Grégoire le Grand. Gervy, décédé à Périgueux le 16 février 1998, représentait parfaitement ces dessinateurs qui, malgré leurs millions de lecteurs, menaient une vie discrète et n'imaginaient pas que la bande dessinée puisse un jour être considérée autrement que comme un divertissement sans importance.
Texte © Dominique Petitfaux
Né à Blaye (Gironde) le 12 mai 1908, Yves Desdemaines-Hugon commence sa carrière de dessinateur en 1926, et adopte en 1930 le pseudonyme de Gervy, anagramme des premières lettres de son prénom et de celui de sa future épouse (Germaine Desroches, qui sera aussi sa coloriste). Après avoir fait preuve dans les années 1930 d'un grand éclectisme (dessins d'humour, publicités, couvertures de livre), Gervy limite ses collaborations à deux groupes de presse catholiques, auxquels il restera fidèle : en France, de 1936 à 1973, la Maison de la Bonne Presse ; en Belgique, de 1937 à 1978, la Bonne Presse-Averbode, qui édite l'hebdomadaire pour enfants Petits Belges, devenu en 1960 Tremplin. D'une œuvre très abondante se dégage la bande dessinée Pat'Apouf détective, publiée chaque semaine dans Le Pèlerin de 1938 à 1973, et poursuivie par d'autres dessinateurs de 1973 à 1990. La série, qui a pour héros un détective jovial à la quarantaine rondouillarde, aidé à partir de 1956 d'un jeune garçon, Jacky, est étonnamment adulte dans le ton (en particulier les épisodes réalisés au cours des années 1945-1956) : les morts y sont nombreuses et violentes, la vision du monde est sans illusions. En cette époque où la bande dessinée était étroitement surveillée, Pat'Apouf échappa aux censeurs ; il est vrai qu'il avait le soutien du père Roger Guichardan, rédacteur en chef du Pèlerin de 1935 à 1973, ainsi que du pape Jean XXIII, qui disait avoir appris le français dans cet hebdomadaire, et qui sur proposition du cardinal Feltin fit en 1959 Gervy chevalier de l'ordre de saint Grégoire le Grand. Gervy, décédé à Périgueux le 16 février 1998, représentait parfaitement ces dessinateurs qui, malgré leurs millions de lecteurs, menaient une vie discrète et n'imaginaient pas que la bande dessinée puisse un jour être considérée autrement que comme un divertissement sans importance.
Texte © Dominique Petitfaux