Yoko Tsuno
4. Aventures électroniques
Une BD de
Roger Leloup
chez Dupuis
- 1974
Leloup, Roger
(Scénario)
Tillieux, Maurice
(Scénario)
Leloup, Roger
(Dessin)
Studio Leonardo
(Couleurs)
01/1974 44 pages 2800103841 Format normal 30 à 50 euros 22226
6 histoires courtes : Hold-up en Hi-fi, L'ange de Noël, La belle et la bête, Cap 351, Du miel pour Yoko, L'araignée qui volait. Une série de petites nouvelles historico-humoristico-policières, où l'habile et astucieuse Yoko Tsuno fit ses premières armes.Dépistant un gang qui dévalise les banques grâce au matériel le plus moderne, illuminant par ses multiples talents et sa souriante bonté la veillée de Noël d'une pauvre famille, ou affrontant un homme-singe aux forces monstrueuses, ou même déjouant les plans destructeurs d'un important trust financier,... Lire la suite
Quatrième album de cette série et, à première vue, une note dissonante dans une harmonie bien orchestré. Toutefois, pour qui est amateur du neuvième art, cette bédé représente un trésor pour tous ceux qui apprécient le cheminement créatif en développement. En effet, ce livre est une anthologie regroupant les premières planches de notre championne avant qu’elle n’obtienne sa propre plateforme… Ici, pas de points forts ou de points faibles ; voici simplement ce que j’en pense :
Comme il était coutume dans la bande dessinée franco-belge de cette époque, les premières esquisses de notre héroïne furent publiées dans un hebdomadaire de BD ; celui du « Journal Spirou », en 1970. Les maisons d’édition, en ce temps-là, avaient adopté cette stratégie dans but de tester la viabilité d’un projet avant de s’investir financièrement dans une nouvelle collection. Constatant les résultats positifs pour Yoko Tsuno, la direction des Éditions Dupuis donna son accord à Roger Leloup pour la continuation de son œuvre.
C’est en relisant les notes officielles de l’auteur, je me suis rendu compte qu’il a eu à faire face à deux dilemmes. Le premier étant que bien qu’il connaissait intiment Yoko, il lui fallait aussi nous la présenter « comme il l’a voyait »… plus facile à mentionner qu’à exécuter. Mais je pense que c’est surtout au niveau de sa seconde interrogation, qu’il a dû se poser plusieurs questions : c’est-à-dire quel genre littéraire choisir pour les aventures de notre vedette ? Cela a dû être un sujet plus délicat à aborder, car tant de possibilités s’offraient à lui, qu’il aurait été aisé de faire fausse route. C’est donc sous le signe de l’exploration, tant en style qu’en personnalité, qu’il a entrepris de nous faire découvrir sa protégée ; au et ce, par le truchement de ces quatre premières histoires.
En commençant par « Hold-up en Hi-Fi », qui fait aussi office de « pilote non officiel » de la série ; il nous y décrit Yoko comme courageuse, perspicace, intelligente et… têtue ! Ensuite, dans « L’ange de Noël », ce sont sa compassion et sa générosité qui y sont démontrées. Dans « Cap 351 », sur un fonds d’actions explosives, ce sont ses défauts de caractères : soit l’obstination, la fierté (elle n’aime pas qu’on mette en doute son expertise) et sa témérité, qui sont explorées. Pour ce qui en ait de « La belle et la bête », je crois que c’est là qu’il a eu la piqure pour la science-fiction : car bien que le récit commence sur une note surnaturelle, il prendra très vite une tournure de technofiction… posant ainsi le premier jalon de la direction que suivra toute sa collection.
Quant aux chapitres « Du miel pour Yoko » et « L’araignée qui volait », ce sont des épisodes de remplissage servant à établir une relation sociale avec son entourage. Pol ayant été choisi parce qu’il représentait une moins grande menace (comparé à Vic) pour les admirateurs de Yoko… l’auteur ayant instinctivement compris qu’une partie de ses lecteurs se détourneraient d’elle si ceux-ci percevaient qu’elle avait un prétendant. D’ailleurs, je suis toujours satisfait de constater que le scénariste a bien voulu faire jouer le rôle du preux chevalier à Pol, au lieu de son titre traditionnel de « pitre de service », vers la fin de la dernière histoire.
Tout compte fait, la raison pourquoi j’apprécie ce recueil, c’est que l’on peut voir directement comment, de 1970 à 1974, Roger Leloup a entreprit la maitrise de son art. Ce qui est remarquable, c’est qu’en seulement 4 ans, il a su passer d’un style caricatural à un genre beaucoup plus réaliste ; et ce, en prenant soin d’y aller par étapes successives, pour ne pas s’aliéner son public souche via une transition trop brutale.
Notez que Roger Leloup aurait pu choisir de s’en tenir à son aspect original ; ce qui aurait pu lui permettre de faire des apparitions dans d’autres collections de la maison Dupuis (Ex. comme dans l’un des gags de Boule & Bill)… Ce qui aurait été tout à fait acceptable, mais le père fondateur de Yoko aura vite compris que s’il avait suivi ce chemin, sa création n’aurait jamais atteint son plein potentiel.
Au finale, la raison pour laquelle j’apprécie ce recueil, c’est principalement parce qu’il représente un témoin direct de l’évolution de Yoko… aussi bien en tant qu’œuvre d’art que du point de vue du personnage. C’est surtout pour cela que je me fais toujours un point d’honneur, lorsque j’entreprends de relire toutes ses aventures, de le faire dans l’ordre chronologique en commençant par ce numéro ; ainsi, je suis mieux en mesure d’en savourer les changements.
C’est donc dans cette optique que je vous recommande d’approcher ce tome…
P.S. Bien que j’adore le fait que M. Leloup ait fourni, au fil du temps, une garde-robe bien remplie à Yoko ; je dois admettre que son ensemble rouge et noir me manque cruellement à l’occasion.
Bonne lecture à tous.
Je ne suis pas fan de minis histoires. les scénario sont trop simples car il n'ont pas le temps d'être développé. Les dessins sont beaux