Yoko Tsuno
2. L'orgue du diable
Une BD de Roger Leloup chez Dupuis - 1973
01/1973 44 pages Format normal 30 à 50 euros 22137
Entre Mayence et Coblence, le château du Katz est, par une nuit calme, le théâtre d'une lutte sauvage entre deux ombres mystérieuses où un homme périt. Yoko Tsuno, après avoir sauvé une jeune organiste, Ingrid, d'une tentative d'assassinat, apprend que le père de celle-ci est mort accidentellement sur les falaises. Un message enregistré, qui est volé par un homme masqué, leur dévoile cependant l'existence d'un énigmatique orgue du diable, instrument gigantesque reproduisant des sons inconnus aux effets destructeurs.Après moult péripéties, Yoko... Lire la suite
Partis en Allemagne tourner un film sur les légendes du Rhin, Yoko et ses amis vont assister à une tentative d'assassinat au cours de leur croisière, une jeune fille étant poussée par-dessus bord. Après avoir sauvé cette dernière de la noyade, nos héros décident d'aider cette demoiselle et de mener l'enquête pour trouver qui cherche à se débarrasser d'elle, et pour quelles raisons.
Très bon scénario qui mêle polar, légendes médiévales et science-fiction. L'intrigue est parsemée de nombreux mystères, ce qui rend la lecture palpitante, d'autant que les dessins sont particulièrement soignés. Les nombreux décors, notamment, sont une pure merveille et R.Leloup parvient à retranscrire de manière remarquable la beauté et la majesté des paysages rhénans.
Deuxième album de la série et changement de cap complet ; au lieu d’une histoire de science-fiction, nous avons droit ici à un polar d’action typique sur un fond de légende médiévale. Remarquez que le genre « polar d’action » fut très populaire dans les téléséries et le cinéma des années 70.
Avant de débuter, je désirerais mentionner que j’ai longtemps classé cet épisode parmi celles que j’aimais ou appréciais le moins de toute ma collection. Je lis les aventures de Yoko depuis l’âge de 8 ans et déjà à cette époque, je préférais nettement les récits de science-fiction aux histoires plus terre-à-terre. Mon opinion sur cet ouvrage a quelque peu changé suite à mes deux voyages en Europe, d’abord en 1993 puis en 2011. En voici donc mon analyse :
Les points forts ; indéniablement, la minutie du détail et de la perspective sont les forces de Roger Leloup. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas de rendre l’imaginaire crédible, mais plutôt de transposer la réalité à un scénario hypothétique. Ici chaque scène est un cliché figé dans le moment exact où l’auteur a compilé ses informations. Les acteurs ont beau y être fictifs, les séquences de vie, elles, sont bien réelles. Autre point ; l’artiste a grandement amélioré les dessins de ses personnages… ils y sont nettement plus proportionner et précis que dans le livre précédent. Seul Pol reste encore assez caricaturé. Détail supplémentaire ; pour cette BD, M. Leloup a utilisé une technique mise en avant par la télévision américaine que j’appelle chapeau blanc et chapeau noir. Les héros y sont habillés de couleurs claire et voyante tandis que le vilain lui, est vêtu dans de tons plus sombres ; quant aux personnages de support, eux, ce sont des teintes plus neutres, ou plus pâles qui leur sont réservées. Cette technique permet d’identifier rapidement les bons des méchants, mais surtout, de faire la différence entre les acteurs vedettes et les simples figurants. Ce qui est assez important si l’on veut les repérer dans une foule.
Les points faibles ; le seul qui m’accroche est le fait que Yoko agit ici de façon frustrée et autoritaire ; voir intimidatrice. C’est aussi la seule et unique fois dans la série qu’elle menacera directement quelqu’un avec une arme.
Mon opinion ; deuxième album de cette saga, mais sixième histoire dans l’ordre chronologique. En choisissant ce scénario, Roger Leloup se mettait la barre très haute dès le début. Malgré son apparente simplicité, l’intrigue lui a permis d’y inclure plusieurs twists qui n’ont pas manqué me surprendre. Fait à noter, c’est dans cet album que Yoko abandonnera (temporairement) pour la première fois son ensemble rouge et noir. C’est aussi à partir de ces pages que l’artiste explorera diffèrent styles vestimentaires pour notre héroïne. Une habitude qu’il répètera dans les tomes suivants pour un plus grand réalisme et notre plus grand plaisir. C’est aussi dans ce récit que l’artiste fera l’introduction d’Ingrid Hallberg, une organiste allemande que nous reverrons, plus tard, dans d’autres aventures avec Yoko. Il est particulièrement intéressant de constater comment l’auteur a réussi à faire naitre une forte amitié entre ces deux femmes… une amitié d’autant plus surprenante tant leurs personnalités est à la fois différentes, certes… mais étrangement complémentaire.
Ce que j’ai apprécié le plus de cet album, c’est le sentiment imposant que ces vieux monuments peuvent nous inspirer. Bien que Roger Leloup soit parvenu à exprimer cette émotion au travers de ses dessins ; ce ne fut que lorsque j’ai visité certains de ces châteaux, que j’ai pu réellement comprendre qu’il a voulu évoquer. Quant à l’antagoniste de l’histoire, Karl Meyer ; il aura été probablement l’adversaire le plus retors auquel Yoko aura eu à faire face au cours de toutes ses aventures. Ce qui en rétrospective expliquerait peut-être son attitude frustrée et agressive… Une frustration qu’elle a clairement exprimée haut et fort par son : « Trois tentatives d’assassinat en une journée, ça vous survolte une électronicienne ! »
En passant, ce sera aussi, jusqu’à présent, la seule bande dessinée de toute la série dont le titre aura été écrit dans une calligraphie de style « gothique »… Ce choix spécifique a pour effet d’amplifier l’aura de mystère que dégage cette histoire. Ce que je trouve intéressant dans ceci est de voir comment un style calligraphique peut influencer notre prédisposition à nous engager (ou non) dans la lecture de ce même texte. Décidément, le Diable se cache dans les détails. (LOL)
En conclusion, si cet album ne figure pas parmi mes préférés de cette collection, j’apprécie quand même le temps et l’effort que M. Leloup a consacré à cet ouvrage. C’est un bon polar ; pas trop complexe et très bien mener qui saura pleinement vous divertir.
Bonne lecture à tous.
On pensait être parti sur une série entière avec les extra-terrestres de Vinéa, mais non, l'auteur fige son nouveau scénario dans une Allemagne bien réel avec juste une pointe de science fiction médiévale. L'histoire est bien construite et les dessins fidèle au style de Leloup