Les yeux fermés
Une BD de
Baptiste Magontier
et
Valentine De Lussy
chez Dupuis
- 2024
Magontier, Baptiste
(Scénario)
Martin, Héloïse
(Scénario)
De Lussy, Valentine
(Dessin)
De Lussy, Valentine
(Couleurs)
03/2024 (08 mars 2024) 112 pages 9782808503273 Format comics 494119
À l'occasion de leur anniversaire de mariage, Émilie retrouve ses grands-parents dans leur grande maison de montagne. Toute la famille a prévu de s'y retrouver. Grandes tablées, baignades en rivière, jeux de société, ce week-end s'annonce parfait. Mais l'un des participants va troubler Émilie. Ses souvenirs d'enfance et des agressions sexuelles qu'elle a subies vont remonter à la surface et la plonger dans une profonde incompréhension. Comment cet homme, pédophile reconnu et déjà condamné par la justice, a-t-il pu être invité à partager ces quelques... Lire la suite
Je partage globalement l'avis de @Jonquille: Tout est difficile à suivre et à comprendre. D'ailleurs, c'est en lisant a posteriori la critique que j'ai compris l'allégorie du loup.
Cependant je mets 4étoiles pour le fait d'avoir vu l'autrice en interview (et là, tout s'éclaire beaucoup plus!) et surtout par rapport à la thématique.
Et enfin, je me dis que l'aspect "brouillon" est peut-être voulu car tout n'était (surtout à l'époque) pas trop clair dans la tête et le coeur de l'autrice. Un parti pris du scénario afin de restituer ce qu'elle ressentait?...
Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser que cet album (et surtout cette thématique) aurait mérité de figurer dans la collection "Secrets" de Frank Giroud. Le témoignage y aurait sans doute pris encore +de force.
A lire + comme on lit un livre de sociologie plutôt qu'un bon roman dont on se délecte.
Effectivement, comme l'écrit Jonquille, difficile de reconnaître les personnages à la première lecture, car les visages se ressemblent beaucoup. L'héroïne est dessinée les traits tirés, mais avec ce style de dessin, difficile de voir une différence d'âge entre elle et ses oncles.
J'ai malgré ces défauts beaucoup apprécié ma lecture, ça change d'avoir un témoignage direct sur l'après jugement, comment la vie continue des années après.
Cette bd regroupe des souvenirs de plusieurs fêtes de famille, réunies en une seule, pour condenser tous les évènements marquants, on est donc pas sur du 100% vrai, mais tout ce qui y est raconté est, selon Héloïse Martin, vrai.
Personnellement j'ai ressenti le besoin d'approfondir le sujet, en regardant quelques interviews de l'actrice/ scénariste, car je ne comprenais pas par exemple pourquoi son agresseur avait l'air un habitué des des de famille, alors qu'il avait une interdiction d'approcher de la victime dans son jugement. Il est par exemple précisé qu'il n'a jamais respecté cette clause (sic).
Comme souvent, les agresseurs continuent de vivre leur vie avec leur famille, et les victimes sont évincées et re-culpabilisées par leurs personnes les plus proches.
Je mets 5/5 pour le sujet, le ton juste, très humain, l'on ressent les difficultés de chaque personnage tout au long de l'histoire.
Mais 3/5 pour les soucis de narration, difficulté de reconnaître les personnages au cours de la lecture ce qui rend l'ensemble difficilement compréhensible à la première lecture.
Je m’en veux de dire du mal d’un album consacré à un sujet aussi grave, aussi essentiel et insuffisamment abordé en bande dessinée. Les exceptions sont rares et les bonnes exceptions encore plus (je pense à "Touchées" de Quentin Zuttion ou "Pourquoi j’ai tué Pierre" d’Alfred et Olivier Ka). Et pourtant, ici, il y avait moyen de faire quelque chose d’original. Certes, on est avec une adulte, qui a été agressée sexuellement quand elle était enfant, mais on est dans le présent. Elle pourrait faire quelque chose. Je dis "pourrait", car les auteurs ont choisi de partir dans des flashbacks au lieu de rendre la protagoniste active dans le présent. Par ailleurs, la symbolique du loup local qui tue des brebis m’a paru bien lourdingue.
L’autre immense problème est un problème récurrent en BD : la clarté. Je ne sais pas qui est qui, tellement les dessins sont approximatifs, tous les visages se ressemblent, et tellement il y a de personnages. Je n’ai même pas compris qui était le violeur. Au début, je croyais que c’était Pascal. A la fin, je ne suis même pas sûr de savoir qui c’est ! Sur ce problème de clarté, tout est en cause : le graphisme mais aussi le scénario et le découpage. Un cas d’école !
Autre souci encore : la "stratégie" éditoriale. Je croyais que c’était l’histoire d’Héloïse Martin. D’ailleurs, un autocollant sur la couverture indique : "Le récit poignant de l’actrice Héloïse Martin sur la reconstruction familiale après l’inceste." Sauf qu’en page de garde, Héloïse Martin elle-même dit : "Il y a quelques années, j’ai été invitée à une fête de famille. Voici ce qui aurait pu s’y passer." "Aurait pu" ??? Il faudrait savoir. C’est l’histoire d’Héloïse Martin, oui ou non ? En bas de page, une autre indication : "Si l’histoire est inspirée du vécu et des souvenirs de la scénariste, les faits et personnages présentés dans cet album sont fictionnels." En d'autres termes, l’autocollant de la couverture fait de la publicité mensongère.
Bref, un ratage sur tous les plans. Le sujet de l’inceste mérite mille fois mieux. 5 étoiles pour le sujet et 0 pour tout le reste (scénario, dessin, édition...) = 1 de moyenne.