Xoco
INT01. Cycle 1
Une BD de Mosdi, Thomas et Olivier Ledroit chez Vents d'Ouest - 2008
11/2008 (03 décembre 2008) 120 pages 9782749304793 Grand format 79776
Terreur et magie au service d'un scénario et d'un dessin d'exception. La grande série lovecraftienne de Mosdi, Ledroit et Palma enfin en intégrale !Le Saigneur de Brooklyn... Un tordu de plus dans les rues du New York des années 30 ? Malheureusement non, à en juger par la sauvagerie de ses crimes et l'arme par laquelle ils sont perpétrés : un antique poignard d'obsidienne, d'origine aztèque. Ce qui donnerait déjà bien du fil à retordre à l'inspecteur Macallan si une insidieuse question ne venait pas troubler sa logique de vieux flic : est-ce le... Lire la suite
New-York, période de la Prohibition. Alors que les gangs s’affrontent pour le contrôle de la ville, des meurtres atrocement sanglants sont perpétrés. La fille d’un antiquaire autrefois assassiné se retrouve au centre d’une poursuite qui va voir s’affronter différentes visions de la réalité et dont d’étranges indiens arrivés de leur Nevada pourraient avoir la clé.
Paru il y a 24 ans alors que Ledroit venait de clôturer sa participation aux Chroniques de la Lune noire (dont il continuera à réaliser les superbes couvertures jusqu’à aujourd’hui), Xoco lui permettait de partir dans un registre à la fois plus réaliste (des crimes pendant la Prohibition) et collant à son univers noir et gothique en illustrant une histoire fortement inspirée de l’univers de HP Lovecraft. Certainement sa meilleure œuvre (tant graphique que scénaristique), le double album adopte une technique en peinture directe (son premier il me semble) et aux traits beaucoup plus sérieux que ses albums d’Heroïc-Fantasy. Le film Seven, sorti en même temps que le second volume Notre seigneur l’écorché adoptait une esthétique très proche: une ville sombre, poisseuse, humide où la lumière semble fuir. le lien entre les deux ne s’arrête pas là car la mise en scène de la BD est extrêmement cinématographique, avec travelings, zooms et dézooms, textes hors-champ etc. L’esthétique art-déco irradie des décors très fouillés et surtout, Ledroit développe ce qui a fait sa marche de fabrique: la destruction de pages par un savant jeu de cases rompant totalement avec les codes de la narration franco-belge et entièrement fusionnées avec ses nécessités graphiques. L’inspiration vient probablement du Manga puisque même Sin City de Frank Miller (qui a lui aussi révolutionné la construction des planches) sort à peu près en même temps.
Thomas Mosdi n’est sans doute pas pour rien dans cette évolution plus cadrée de l’art de Ledroit, puisqu’il avait produit le scénario de la première série de Guillaume Sorel, également très teintée de Lovecraft (l’Ile des morts) et très travaillée en matière de découpage. Toutes les autres BD d’Olivier Ledroit ont le gros défaut d’être basées sur des scénarios de jeu de rôle, sans grande ambition, laissant libre court à la furie des pinceaux de l’illustrateur. Xoco est d’abord une histoire sur le voile des réalités, des démons d’entre les mondes et des pouvoirs des esprits (les chamans navajo). Une histoire solide, à la progression construite et laissant la place aux séquences dialoguées, aux atmosphères (dès l’intérieur de couverture un rapport de police nous immerge dans l’histoire). Probablement que Ledroit s’amuse plus en envoyant des légions de millions de dragons se fracasser sur des murailles titanesques… mais ses albums en pâtissent. Ainsi hormis la fin apocalyptique et très noire, la plus grande partie du récit est une enquête policière relativement classique. Ça reste sombre, violent, mais c’est de la très bonne BD, de l’excellent scénario: en clair, un film sur papier.
J’hésite souvent à penser qu’Olivier Ledroit gâche son talent et ne choisit pas vraiment les bons scénaristes qui le bousculeront… Sa tentative de scénario sur le très bon Les irradiés (jamais poursuivi faute de succès) m’incite à penser que cela aurait pu l’amener à diversifier ses histoires et sa technique. Il y a plein de raisons de ne pas aimer les BD de Ledroit, malgré des planches objectivement magnifiques… Si vous êtes de ceux-ci, lisez Les deux tomes de Xoco et savourez un artiste ambitieux, travailleur, exigeant.
A lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/02/09/xocco/
Thriller fantastique dans le New York des années 30. Un scénario qui tient la route et porté par un dessin magnifique de Monsieur Ledroit. Superbe.
Je viens de recevoir une des plus grandes claques de ma vie (si courte soit elle), en matiere de BD, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi abouti tant sur le fond que sur la forme.
Je m'explique :
Tout d'abord, d'un point de vu graphique, je dois dire que c'est exceptionnel, du très grand travail, le talent de Ledroit atteint son paroxysme de perfection, tant au niveau du dessin que des couleurs ( ce n'est pas rien quand on connait la qualité du bonhomme), l'atmosphère rendu est absolument génial.
Dans le découpage des planches, là non plus rien à dire, tout s'enchaine parfaitement, on a l'impression de voir un film, un très bon film.
Au niveau du scénario, comment dire, parfait aussi, le choix de construire cette histoire sur deux tomes est un excellent choix car il oblige l'auteur à etre conscis, à développer l'intrigue tout en laissant une part de mystère, et surtout à ne pas partir dans un trip qui pourrait dénaturer l'oeuvre ( comme c'est trop souvent le cas dans ce genre d'histoire).
Bref un excellent premier cycle, que dis-je un model du genre que tout BDphile se doit d'avoir lu, si ce n'est de posséder.