Le voleur d'amour
Une BD de
Yannick Corboz
chez Glénat
- 2024
Corboz, Yannick
(Scénario)
Corboz, Yannick
(Dessin)
Corboz, Yannick
(Couleurs)
Malka, Richard
(Adapté de)
10/2024 (30 octobre 2024) 200 pages 9782344052358 Grand format 507499
L'amour dans le sang Adrian van Gott est une énigme. Torturé, mystérieux, épuisé par les siècles déjà vécus, il collectionne les conquêtes mais vit seul dans son immense demeure nichée au coeur de Manhattan. Dans cette forteresse des hauts quartiers, il a amassé des livres, des tableaux, des souvenirs mais reste hanté par un douloureux secret. Car Adrian possède un don unique, un étrange et monstrueux pouvoir qui le condamne à dévorer l'amour d'autrui pour assurer sa survie. Pour Adrian, l'amour se vole et ne se gagne jamais. Capable de percevoir... Lire la suite
Il y a des lectures qui marquent. Le Voleur d’Amour en est certainement une. Le titre intrigant, imprimé en lettres dorées sur la couverture toilée fait déjà de ce livre imposant un splendide objet qui attire le regard.
Yannick Corboz adapte un récit de Richard Malka (avocat, romancier et scénariste de bandes dessinées dont l’Ordre de Cicéron et de Section Financière) qui nous emmène dans les pas d’Adrian, un jeune vénitien du 18ème siècle, dont la vie se déroule… sur plusieurs siècles. En effet, frappé d’une malédiction due aux circonstances de sa conception, le jeune homme va se révéler, à l’occasion de son premier baiser, être un Voleur d’Amour. Il dispose d’une sorte de pouvoir vampirique, de prolonger une éternelle jeunesse et de développer des capacités physiques hors du commun, par un simple baiser. Mais, ce faisant, il détrousse sa victime de ses sentiments d’amour (on peut penser aux Détraqueurs de Harry Potter, même si la comparaison se limite à cela), ce qui n’est pas sans conséquences.
La vie d’Adrian à travers les siècles et les continents nous permet de voyager avec lui, à travers ses succès, mais aussi ses malheurs, car « vivre longtemps, c’est accumuler les tragédies ». L’expression des états d’âmes, des idées noires d’Adrian est saisissante et le lecteur se prend à se demander ce qu’il ferait d’un tel pouvoir à la fois merveilleux et horrifique. L’intrigue rappelle la grande littérature ou le grand cinéma du genre, entre Entretien avec un Vampire et Only Lovers Left Alive, teintés de Dorian Gray.
Les tableaux – car chaque case en est un – de Yannick Corboz (L’assassin qu’Elle Mérite, Les Rivières du Passé) nous permettent de suivre ce récit d’allers et retours dans le temps (du 18ème siècle à nos jours) et l’espace (Venise, Byzance, New York, Paris, les plaines du Kenya, …) de manière magistrale. La beauté du dessin, à travers le choix des couleurs et une grande finesse, crée des ambiances immersives, passant de la lumière à la fange, de l’amour sans limite aux guerres aveugles et meurtrières.
Un chef d’œuvre d’un grand artiste du Neuvième Art.
@JB_B.D