La vampire de Barcelone
Une BD de
Ledesma, Iván
et
Jandro González
chez Éditions du Long Bec
- 2019
Ledesma, Iván
(Scénario)
Parra, Miguel Ángel
(Scénario)
González, Jandro
(Dessin)
González, Jandro
(Couleurs)
Sixplusun
(Lettrage)
05/2019 (22 mai 2019) 120 pages 9782379380181 Format normal 367812
Il s'agit du récit, en bandes dessinées, d’un authentique fait divers qui a tenu Barcelone et la population catalane en haleine du 10 février au 15 avril 1912. C’est finalement le naufrage du Titanic qui va amener la presse espagnole à s’intéresser à un autre sujet alors que l’enquête est loin d’être close. 1912... La jeune Terésita est enlevée dans une rue de Barcelone. Le rapt de cette fillette va émouvoir l’opinion publique et mettre la pression à Fernando De Prat, le juge d’instruction en charge de l’enquête. L’enfant est finalement retrouvée... Lire la suite
Je ne connaissais pas cette histoire de tueuse d'enfants dans les bas fonds et également milieu huppé de Barcelone. On va assister à l'arrestation de cette monstrueuse vampire en Mars 1912 (époque du naufrage du Titanic) et surtout sur les méandres judiciaires mouvementées qui ont suivi son arrestation.
On se rendra compte que cela ne sera pas facile pour le juge en charge de ce dossier tant il y aura des embrouilles et obstructions diverses pour l'empêcher de connaître la vérité. Les riches se sont souvent servis des pauvres pour leurs basses besognes. Et on dira encore une affaire de plus totalement étouffée.
Sur le plan formel, c'est assez bien dessinée avec de grandes cases. Je regrette juste une aridité de certaines scènes qui n'ont pas mis en valeur toute la profondeur de ce récit. Les auteurs ont fait ce qu'ils ont pu pour souligner le caractère singulier de cette tueuse en série hors norme.
Une perfection !
J'ai découvert cette affaire criminelle que je ne connaissais pas avec cet album.
Un travail des auteurs au plus proche de la réalité et des éléments de l'enquête de l'époque.
Enriqueta Marti a sa place parmi les plus grands psychopathes de l'histoire. De plus, un voile de mystère plane autour de ces crimes car ils auraient été commandités et couverts par certains notables barcelonais.
La mise en scène et les dessins offrent un magnifique ensemble à l'oeuvre.
J'ai apprécié le juge De Prat qui essaie de faire jaillir la vérité malgré tous les obstacles qu'il va rencontrer.
L'exigence graphique du catalogue de cet éditeur est importante et quand on regarde ce Vampire de Barcelone, avec une préface, une introduction, un épilogue, une conclusion (le tout illustré de journaux d'époque dans une très bonne définition), un cahier graphique et la première BD réalisée, en 1912 sur l'histoire de la Vampire de Barcelone, on ne peut qu'être élogieux. Cela participe grandement à l'appréciation générale sur l'album et l'immersion du lecteur.
En 1912 toute la ville de Barcelone est en effervescence après la disparition d'une fillette dans le quartier populaire d'El Raval. Très vite l'enquête révèle une affaire qui n'a rien de banale et semble impliquer des personnalités de la haute société catalane. Entre la personnalité de la suspecte, surnommée "Vampire" et les difficultés de l'avancée de l'enquête, le juge Fernando de Prat voit son professionnalisme mis à rude épreuve...
La Vampire de Barcelone intrigue par son titre et une couverture qui fait penser à l'orphelinat du film Les trois brigands. La qualité des encrages (comme souvent chez les dessinateurs espagnols) et des couleurs saute aux yeux dès cette première image au design élégant. Les auteurs nous proposent une véritable enquête policière dont le suspens ne portera pas sur l'identité du criminel (la fameuse vampire sera arrêtée dès les premières pages) mais bien sur la mise au jour d'une machination dont on ne sait si le plus horrible est les actes de la criminelle ou le cynisme des dignitaires qui couvrent ses agissements. La mécanique du scénario est la classique découverte d'éléments successifs, reprenant les confrontations entre juge d'instruction et suspecte, découverte d'indices, intervention de tiers maléfiques etc. Mais l'on sent que nous avons surtout affaire à une chronique de l'époque, des mœurs de l'Espagne d'avant Guerre, une société corsetée dans ses classes sociales et des puissants qui se croient tout permis, y compris le plus flagrant viol de la morale chrétienne et sociale. Ce qui fascine c'est, comme dans tous les documentaires, la confrontation de la BD avec les documents d'époque, le fait de savoir que ces évènements se sont vraiment passés.
La lecture ne garde pas moins l'aspect thriller avec une machination très efficace à mesure que le juge de Prat découvre les protection dont jouit Enriqueta Marti, qu'il se fait agresser et que les pièces à conviction disparaissent. Nous avons ainsi tout le long ce qui fait le sel des films à dossier avec des officiers idéalistes bataillant avec la procédure malgré des preuves qui devraient condamner l'auteur du rapt très rapidement. Le rythme n'est pas entrecoupé de coups de théâtres mais plutôt constitué d'une certaine linéarité dans la progression de l'enquête. Une sorte de tableau criminel où l'on se demande à chaque évènement si les véritables commanditaires historiques sont allés si loin ou si les auteurs ont pris des libertés. Les textes des annexes nous indiquent que le sujet a été relativement bien traité outre-Pyrénées dans la littérature et que la BD est bien restée au plus près des éléments connus, appuyée sur une documentation assez abondante dès les premières semaines des évènements. Totalement inconnu de par chez nous, on imagine néanmoins les cas similaires qui se sont produits dans l'histoire criminelle de notre pays au début du XX° siècle.
L'album nous permet de découvrir également un dessinateur (Jandro Gonzalez) de grande qualité, qui nous rappelle Jordi Lafebre et dont ce premier album BD en France laisse présager de très belle choses s'il devait continuer dans l'illustration album tant son talent, notamment dans les encrages et l'expressivité des visages, s'étend du réaliste-glauque au comique. Le rendu des espaces (essentiellement huis-clos), la dynamique des cadrages et une colorisation très élégante en font un bon représentant de l'école hispanique, style que j'adore et qui montre une qualité technique et esthétique redoutable depuis quelques années dans la BD franco-belge.
Cet album est une étonnante surprise de professionnalisme qui montre l'ambition croissante de ce petit éditeur alsacien qui semble se spécialiser pour l'instant dans les auteurs espagnols et italiens. L'alliance de beaux dessins expressifs, d'une documentation de qualité et d'un scénario efficaces font que ce sujet inconnu qui n'avait pas vocation à intéresser outre Espagne deviens une BD grand public qui rend curieux et montre que bien traité tout sujet est passionnant.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/06/16/la-vampire-de-barcelone