Valse avec Bachir
Une BD de
Ari Folman
et
David Polonsky
chez Casterman
(Univers d'auteurs)
- 2009
Folman, Ari
(Scénario)
Polonsky, David
(Dessin)
<Quadrichromie>
(Couleurs)
Galou (2)
(Autres)
Soubiran, Fanny
(Traduction)
01/2009 117 pages 9782203020269 Autre format 83713
Ils ont vu, un jour, des horreurs qu'on ne devrait jamais voir. Puis ont laissé l'oubli faire son oeuvre. Mais pour être un homme, au sens plein du terme, se souvenir est vital - même un quart de siècle plus tard. Voici donc l'histoire d'un retour sur soi. Chaotique, exigeant, difficile. Bouleversant.
Je ne suis ni pour un camp, ni pour l'autre. Ou plutôt, je suis dans le camp de ceux qui souhaitent la paix sur terre. Alors, oui, cela me rebute de voir toutes les abominations d'une guerre quelle qu'elle soit.
Ici, il est question des massacres perpétués à Sabra et Chatila sous l'oeil bienveillant des armées de Tsahal. Quand des civils sont pris pour cibles ou représailles d'une quelconque vengeance, c'est affreux. C'est contre toutes les lois qui régissent même la guerre ! C'est totalement ignoble et sans appel. Non, il n'y a aucune justification qu'on pourrait donner à l'Horreur.
Alors, qu'une bd se penche sur ce fait, c'est toujours salutaire pour la mémoire. Moi même, j'en avais entendu parler dans les médias mais je ne saisissais pas tous les détails de l'histoire exacte et dans quel contexte exactement, cela s'est produit.
En l'espèce, la bd va plus loin car elle aborde ce massacre sous l'angle de l'amnésie d'un soldat qui avait 19 ans à l'époque des faits. Que de souvenirs enfouis par cette guerre traumatisante !
Par ailleurs, j'ai bien aimé l'esthétisme un peu réaliste de cette bd qui souligne la puissance du propos. On se croirait dans un réel documentaire. Or, cela fait froid dans le dos. Les dernières pages sont quasiment insoutenables...
Ce film m'avait profondément touché et secoué, avec une narration kaleidoscopique et un dessin envoûtant.
Nous suivions le combat d'un homme - en fait d'une génération - avec sa mémoire.
Le dessin "en calques", réaliste ET onirique, permettait une retranscription parfaite du sentiment refoulé par Ari Folman et ses acolytes confrontés à cette énième guerre absurde.
Ici, il s'agit d'un gros travail de transcription en format BD, assuré par Ari Folman lui-même et son directeur artistique. C'était une première pour le réalisateur, qui pensait s'en tirer en quelques mois, avant d'y passer plus d'un an, comme s'est raconté dans le très intéressant supplément interview en fin d'ouvrage, qui détaille les difficultés (et les joies !) d'une pareille traduction.
J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver cette histoire plus d'un an après avoir vu le film au cinéma. On aborde le récit à un autre rythme, plus silencieusement, et on y goutte différemment...