Valérian
5. Les Oiseaux du maître
Une BD de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières chez Dargaud - 1973
10/1973 46 pages 2205007114 Format normal 25 à 30 euros 26639
L'agent spatio-temporel Valérian et la jeune Laureline s'écrasent sur une planète inconnue, où ils sont faits prisonniers. Ils découvrent que la population de cette planète est asservie et affamée par une entité mystérieuse appelée « le Maître », qui force habitants et prisonniers à travailler jusqu'à l'épuisement, sous la menace de ses terribles oiseaux, dont la morsure provoque la folie...
D'abord la puissance du dessin qui nous immerge dans un monde sombre et luxuriant, lugubre et immense. Mézières est un illustrateur de génie qui raconte si bien l'atmosphère de ce peuple nouveau, cette planète nouvelle si superbement différente de celles des opus précédents. Rien que pour son dessin, son ancrage, ses cadrages, ses décors et ses mouvements, il faut lire "Les oiseaux du maitre".
Et puis il y a l'histoire...Christin raconte comme toujours un sujet politique au travers d'une histoire. Certes, l'histoire est passionnante et le propos politique est un peu candide à mon gout. Même si la dernière case de l'album (qui se clôt sur un big happy end comme toujours) propose une tonalité un tantinet inquiétante mais avant tout drôle et surtout très Pulp.
Donc Christin, ici, parle de tyrannie, d'oppression des peuples mais surtout de technique parfaites pour les opprimer. Il dit aussi que seul le fou, l'atypique, celui qui pense différemment de la masse peut être la seule solution à la libération des peuples. Il raconte que l'asservissement est d'abord une notion d'acceptation, de résiliation, de dévotion mais aussi de masochisme jouissif. Que seul ceux à la marge peuvent comprendre l'aliénisassions par le système. Et il appuie surtout l'idée que seul, on ne peut rien, mais à plusieurs on peut renverser un mythe ( et pouvoir le remplacer). Oui Christin raconte tout cela dans cet opus avec une sorte de naïveté, de candeur certes. L'histoire en effet est pleine de rebondissements, d'énergie. C'est d'abord un space opéra avant d'être un pamphlet.
Et puis c'est drôle! Le groupe de fou est savoureux de personnalités gaudriolesques. Entre Valérian et Laureline, les rapports sont plus en plus savoureux et riches. Que le regard de Laureline que porte celle-ci sur les discours de Valérian sont franchement drôle et tellement touchant!
Et puis, dans une case, on voit Laureline nue et de dos....Oui la case est totalement gratuite....Mais moi cette case là a construit mon adolescence....
Le vaisseau de Valerian et Laureline s’abime sur une planète. Et ce n’est pas le seul, il s’agit d’un véritable cimetière de vaisseaux spatiaux. Ils sont attirés par une entité : Le Maître. Celui-ci a mis en esclavage toute population qui vit sur la planète. Il est aidé par une myriade « d’oiseaux-folie ». La population n’a que deux choix, servir le maître ou sombrer dans la folie. Cet album est vraiment très bon, n’hésitez pas à vous plonger dedans.
Avec les "Oiseaux du Maître", on est pleinement dans la période faste de la saga "Valérian et Laureline" : Mézières maîtrise désormais son graphisme, et, c'est encore plus important, sa narration. Christin apporte des sujets - largement politiques, c'est le dada de Christin - qui, pour n'être pas toujours construits de manière parfaite, sont vraiment originaux et passionnants. En sus, il y a cette touche d'humour léger qui distingue cette série de toute les autres. Démarrant dans une ambiance assez classiquement Heroic-Fantasy, construit sur des dessins plus sombres et plus adultes que ceux des tomes précédents, 'les Oiseaux du Maître" se boucle en posant les grandes questions du pouvoir absolu et de son acceptation par l'être humain. Peut-être pas un livre parfait, certes, mais un livre passionnant.
Un grand classique de la SF : l'esclavage sur une planète abandonnée de tous.
Un bon tome quoique sans surprise.
6/10.
Certainement le meilleur Valerian (ce qui n'est pas peu dire, vu la qualité de la série). Le scénario de Christin est une vraie merveille (bonne approche de l'asservissement des peuples) et Mezieres atteint des sommets en matière d'illustration. On est bien loin des productions modernes mais on ne peut qu'admirer son travail. Les ambiances glauques et les décors sont extremement bien rendus, surtout sur les territoires du maitre.