Un jour il viendra frapper à ta porte
Une BD de Julien Frey et Dominique Mermoux chez Delcourt (Shampooing) - 2014
10/2014 (08 octobre 2014) 9782756054629 Format Poche 225372
En 2007, Julien part à la rencontre d'un père qu'il ne connaît pas. Ce dernier lui livre un secret de famille : alors qu'il tentait de s'échapper du ghetto de Varsovie, son propre père a dû faire un choix tragique. Suite à cette révélation, Julien décide d'en savoir plus sur le passé de ce grand-père. Une enquête qui durera six ans et l'entrainera, lui qui n'a rien d'un grand voyageur, jusqu'à Jérusalem...
J'ai été plus que séduit par cette histoire. Un garçon part à la trace de son père qu'il n'a jamais connu. Il découvre non sans mal un lourd passé qui va le conduire jusqu'à Jérusalem. On ne sait pas si c'est une histoire vraie mais cela en a l'apparence. Point de préface pour l'indiquer expressément. Bref, beaucoup de pudeur ce qui est appréciable.
La rencontre entre Julien et son père sera unique et fait référence à celle entre Robert de Niro et Al Pacino dans le film Heat. Cela ne se passera pas de la manière qu'on attendait. Cependant, le lecteur va vite se rendre compte que ce n'est pas l'aboutissement de la quête de ce jeune homme à la recherche de ses racines. Cela ne sera qu'une étape sur un chemin bien plus long et semé d'embûches pour découvrir un véritable secret de famille qui nous conduiront dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale.
On ne tombera pas dans le pathos. Il y a une certaine réserve de la part de l'auteur afin d'éviter l'écueil émotionnel. C'est assez drôle par moment. Et surtout, c'est très contemporain c'est à dire inscrit dans la réalité d'aujourd'hui. La dernière partie du récit a lieu au mois d'août 2013. Point de dialogue inutile. Et en prime, un très beau dessin sobre et efficace qui est au service de l'intrigue.
Au final, nous avons un excellent roman graphique avec une jolie histoire assez touchante et sincère. C'est un joli coup de coeur.
Une Bd intimiste et pudique dont le trait fin et minimaliste fait penser à celui de Guy Delisle, tout comme le côté autobio.
Celle-ci a l'art de nous faire vivre la petite histoire dans la grande (ou du moins sur les traces de la grande) et nous absorbe avec une émotion qui ne sombre jamais dans le pathos.
Sobre et efficace.