Un homme de joie
1. La ville monstre .1
Une BD de Régis Hautière et David François chez Casterman - 2015
03/2015 (25 mars 2015) 52 pages 9782203074170 Grand format 241892
New York, début du XXe siècle, à l’heure de la construction des premiers gratte-ciel. Le nouveau monde. L’espoir pour de nombreux immigrants qui débarquent à Ellis Island, dernier rempart avant le rêve américain.Sacha, jeune émigré d’Europe de l’Est rejoint son cousin Pavlo avec l’espoir de réussir dans ce monde effervescent, mais c’est sans compter sur la femme de son cousin qui le trouvera vite encombrant… Il trouve refuge dans l’appartement qu’une vieille excentrique a légué à sa mort…à ses chiens. À la recherche d’un travail qui rime alors... Lire la suite
Avis sur le diptyque:
Je connaissais les femmes de joie mais pas les hommes. En même temps, il ne faut plus faire de discrimination alors pourquoi pas ? Cela va rester de toute façon très soft. Cela n’aura pas forcément la signification qu’on pourrait prêter au premier degré. Il y a des joies qui peuvent cacher des peines.
J’ai été attiré incontestablement par cette couverture. J’avoue avoir beaucoup d’admiration pour les Américains car ils ont bâti des gratte-ciels très hauts au beau milieu des années 20 et 30. On constate que près d’un siècle plus tard, ils ont été suivis par la plupart des pays émergents. Ces précurseurs ont beaucoup apporté au monde. Certes, il y a la misère qui est évoquée mais si on se retrousse les manches, on peut y échapper. C’est d’ailleurs ce qui va arriver à notre héros Sasha qui n’aura pas la peur des hauteurs et qui saura s’adapter à son nouvel environnement. Le parfait bon émigrant !
J’ai bien aimé la construction de ce premier tome qui prend le temps d’installer le décor et ses personnages. On sent toute l’ambiance américaine de la période de la prohibition et des mafieux. La narration est parfaitement bien maîtrisée. Le dessin est superbe car les couleurs sont bien dosées pour nous rendre une ambiance graphique des plus plaisantes. C’est un très bon début de diptyque.
Le second tome sera celui de la désillusion pour notre héros qui s'est mis au service d'un mafieux tout en tombant amoureux des soeurs Magdalena. On plonge avec lui dans un milieu où la prohibition, le chantage et la prostitution font bon ménage. On découvre également les dessous d'une Amérique pas aussi puritaine que cela. Graphiquement, c'est toujours aussi abouti.
Certes, cela ne va pas se terminer dans la joie et la bonne humeur mais il fallait s'y attendre. Le prix à payer sera plutôt élevé. J'en retiendrais une oeuvre remarquable où la qualité est bien au rendez-vous.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Un ton unique et obscure pour cette agréable BD qui évoque l'histoire d'un immigré fraichement débarqué à New York dans les années 30.
Les dessins sont très bien servis par une colorisation dont la tonalité retranscrit parfaitement l'ambiance du New York des laissés pour compte et des travailleurs de l'ombre.
Le scénario se dévoile tranquillement et nous laisse présager des moments difficiles pour Sacha, va t-il œuvrer pour le mafieux du coin, aller vers celle qu'il ne faut pas ?
J'ai bien peur que le format du diptyque soit un peu juste pour livrer une histoire soutenu et abouti. Suite au prochain épisode.
Dans ce premier volet d’un diptyque qui s’annonce d’ores et déjà passionnant, Régis Hautière signe une fois de plus un scénario teinté d’histoire sur fond de chronique sociale qui vous happe dès les premières bulles. Sous les traits anguleux de Sacha, des centaines d’émigrés, portés par un espoir qui n’a aucune certitude d’être satisfait. Des parcours soldés d’échecs et de rencontres inoubliables.
David François quant à lui crée avec brio une ambiance absolument unique pour ce récit américain. Les pavés inondés d’une journée pluvieuse, le brouillard bleuté d’une nuit qui masque les délits, la lumière éblouissante du ciel new-yorkais taquiné par les ouvriers du bâtiment: tous les éléments fusionnent, merveilleusement orchestrés pour un tableau aussi fascinant que vertigineux. Le trait vaporeux de l’artiste (reconnaissable au premier coup d’œil), mêlé à la sombre encre de chine donne une sensualité étonnante à cette ville à l’architecture majestueuse. Le tout rehaussé ou nuancé en toute subtilité avec une palette de couleurs qui s’accordent à merveille avec chaque atmosphère. Que l’on perde pied, étourdis par un vertige sur les hauteurs de la ville, que l’on inspire à pleins poumons les volutes de fumée des bars clandestins où l’on s’encanaille volontiers avec les catins, que l’on s’égare sous les tissus de velours et les jupes retroussées, le New York de David François, pris au piège dans le carcan de la prohibition, a définitivement quelque chose d’hypnotique et de ténébreux.
La chronique complète : https://aumilieudeslivres.wordpress.com/2015/04/01/un-homme-de-joie-r-hautiere-d-francois/